La Palladienne de Elizabeth Taylor
( Palladian)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
ombre et lumière
Cassandra Daswood vient de perdre son père. Mrs Turner, directrice d’une école catholique qu’a fréquentée autrefois Cassandra lui propose une place de gouvernante à la campagne chez les Vanbrugh. Quand elle arrive un jour pluvieux dans cette vaste propriété c’est une famille somme toute plutôt insolite qui l’attend : il y a Sophie, enfant plutôt solitaire dont elle a la charge. Il y a Marion, le père qui a hérité de la propriété qui vit dans l’ombre de sa femme Violet disparue. Il y a Margaret la cousine médecin, enceinte et qui a laissé son mari Ben à la ville. Il y a le frère de celle là Tom, alcoolique et qui ne travaille pas, leur mère Tinty. Il y a aussi la nourrice Nanny, les Adams et leur bébé chargés de l’entretien de la maison. Chacun entretient des relations étranges et dissonantes ; Marion efféminé qui vit de poésie grecque dans le souvenir idéalisé de sa femme, Margaret sévère et en proie à des accès de boulimie, Tom qui vit une relation trouble avec la gérante d’un pub , qui pose un regard critique sur l’éducation de sa nièce, Tinty femme anxieuse et angoissée, Nanny mauvaise langue, habile à monter les uns contre les autres, Sophy cherchant sa place et enfin Cassandra plutôt effacée, peureuse voire qualifiée d’insipide. Tout se petit monde gravite autour d’un lieu en proie à l’ombre et à la lumière, socle mouvant de passions et de haines avec à la fin un drame et une révélation qui éclaire d’un jour nouveau cette terre à ciel ouvert et fait tournoyer les choses autour d’un axe nouveau .
Ce livre est remarquable. C’est une peinture de mœurs de la bourgeoisie anglaise du XXe siècle. Les caractères des personnages sont étudiés délicatement et sont tout en profondeur. A l’image de ce salon bourgeois avec piano et bougeoirs, de cette propriété aux statues délabrées et à la serre qui menace ruine, le faste, l’éclat extérieur des personnages côtoient ce qu'il y a de plus altéré et compromis en eux. On a affaire d’un côté à l’idéal paré des atours de la beauté et du spirituel et de l’autre à la bassesse du réel et au vil des instincts. On a d’un côté Marion qui se raccroche à l’idéal de sa femme disparue, qui vit sa vie à travers les livres, refuse d’envoyer à l’école son enfant qu’il imagine trop sensible. Cassandra qui veut vivre un conte de fées et projette sur Marion un amour irréel qui donnera prise sur une réalité qui n’aurait peut-être pu voir le jour sans cet ornement. Elle est en effet déjà amoureuse de son patron avant même de l’avoir rencontré. Son union avec Marion ne viendra que s’inscrire dans un plan préétabli. On a de l’autre Margaret assez volontaire et pragmatique, Thomas relativement morbide qui passe son temps à boire et à dessiner des squelettes et des cadavres, la vieille Nanny qui aime à faire s’épanouir les rancœurs et les malveillances des uns et des autres, Sophie qui ne trouvant pas vraiment sa place s’est construit son propre roman familial, et que l'on a bercée d’illusions et de mensonges. C’est un roman où la psychologie domine. C’est un roman intimiste, l’italique est souvent utilisé pour évoquer les réflexions intérieures des sujets ce qui donne une impression d’arrêt du temps et où l’esprit empli de spirituel et d’idéal peut contempler à loisir ces réflexions philosophiques. De plus comme les autres romans d’Elisabeth Taylor l’humour n’est pas en reste. Ici dans ce premier roman elle ne déroge pas à la règle. En observatrice avisée elle pose un regard à la fois amusé, sarcastique, ironique, bienveillant ou dénonciateur sur ses contemporains.
Les éditions
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La Palladienne [Texte imprimé] Elizabeth Taylor traduit de l'anglais par Jacqueline Odin
de Taylor, Elizabeth Odin, Jacqueline (Traducteur)
Payot & Rivages
ISBN : 9782743618339 ; 18,00 € ; 13/03/2008 ; 222 p. ; Broché
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Elizabeth Taylor | 5 | Aria | 10 juillet 2010 @ 15:21 |