Cher Stendhal: Un pari sur la gloire de Paul Desalmand
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
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« Il faut secouer sa vie, autrement elle nous ronge ».
« Il faut secouer sa vie, autrement elle nous ronge ». Cette phrase de Stendhal ne rend qu’en partie l’extrême mouvement qui, toute une vie, poussa vers le bonheur
l’homme aux trois cent cinquante pseudonymes. Il était né grenoblois, il était né Beyle & Henri, fils de Chérubin. Il rejeta d'abord et Grenoble et son père, voués à une même haine. A cette haine du médiocre qui devait rester une constante de sa morale : « La vanité est le signe le plus certain de la petitesse. » « Une mouche éphémère naît à neuf heures du matin dans les grands jours d'été, pour mourir à cinq heures du soir ; comment comprendrait-elle le mot nuit ? » Stendhal, balise indispensable dans la lignée des grands « égotistes » : Montaigne, Rousseau, Gide. Stendhal, l’antidote au poison romantique, le remède absolu à l’emphase, à l'enflure : « Il ne faut écrire que lorsqu’on a des choses grandes ou profondément senties à dire, mais alors il faut les dire avec le plus de simplicité possible. Comme si l’on prenait à tâche de les empêcher d'être remarquées ».
Stendhal, écrivain « secondaire », par opposition à Balzac, écrivain « primaire » : si les « primaires » vivent au premier degré, adhérant complètement à ce qu'ils sont ou font, les « secondaires » vivent et se regardent vivre, créent en se regardant créer. « A la seule existence s’ajoute la conscience d'exister ». Stendhal le généreux, qui donne à ses confrères romanciers le conseil capital : ne pas dire les choses mais les incarner. Ecoutons-le sur ce point : « Ne jamais dire : "La passion brûlante d'Olivier pour Hélène." Le pauvre romancier doit faire croire à la "passion brûlante", mais sans jamais la nommer. Si vous dites : "la passion qui le dévorait", vous tombez dans le roman pour femmes de chambre. » Stendhal qui, si la mort avait voulu de lui en 1829, lorsque sa voiture versa dans une rivière, aurait sans doute été oublié par l'histoire littéraire, n’ayant alors écrit (à quarante-six ans !) que quelques études mineures. Stendhal qui, à près de cinquante-six ans, dictait en cinquante-deux jours, en un seul jet torrentiel, le manuscrit de « la Chartreuse »… Tout cela, et bien autre chose encore, nous le trouvons dans le livre de Paul Désalmand. Un livre qui vise avant tout à nous faire aimer Stendhal comme l'auteur l’aime : « J'aime Stendhal parce qu’il m'aide à comprendre que, tomber pour tomber, autant tomber vers le haut. Et parce qu’il donne le meilleur des conseils : "Adieu, ami lecteur ; songez à ne pas passer votre vie à haïr et à avoir peur." » Un livre qui réussit à faire aimer Stendhal car il présente l’homme derrière le génie, l'homme inséparable du génie, avec des côtés parfois surprenants : la pornographie des lettres ou des journaux intimes, la fabrication de préservatifs à base d'intestins de mouton. Un livre qui réussit aussi à faire aimer son auteur, l'homme qui pointe le bout du nez derrière l’universitaire, l'homme inséparable de l’universitaire, par exemple dans cette réflexion sur le monde de l’édition : « L’édition, pour 95 %, est gérée par des épiciers incultes ayant pour seul rêve que les livres aient sur les rayons une rotation aussi rapide que celle des yaourts. » Merci pour ce Stendhal, cher et désarmant Paul Désalmand.
Les éditions
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Cher Stendhal [Texte imprimé], un pari sur la gloire Paul Désalmand
de Desalmand, Paul
Presses de Valmy
ISBN : 9782910733438 ; 10,22 € ; 01/01/2000 ; 288 p. ; Relié
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Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 3 avril 2002
captivante. Ici, pas de chronologie monotone mais bien un vaste voyage à travers le temps et les idées forces de l'auteur. Après la lecture de ce livre, Stendhal sera bien plus pour vous que l'auteur mythique du "Rouge et le Noir" ou de "La Chartreuse de Parme". Il sera un être de chair et de sang, avec ses humeurs et ses passions, ses travers et ses obsessions, son génie et ses faiblesses, ses contradictions... Un livre qui m'a vraiment passionné du début à la fin !
Pour les curieux
Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 11 février 2002
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