BW de Lydie Salvayre

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Alma, le 5 juillet 2010 (Inscrite le 22 novembre 2006, - ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (39 865ème position).
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Le goût des choses verticales

" Le 15 mai 2008, BW perd brutalement l’usage de son œil droit . L’inquiétude est immense. D’autant que la vision de son œil gauche est très diminuée .......Un décollement de rétine est diagnostiqué puis opéré. Mais des complications surviennent et , pendant une quinzaine de jours, BW se demande s’il ne va pas devenir définitivement aveugle . C’est dans ce laps que naît ce livre . En attendant une nouvelle intervention chirurgicale sur l’œil aveugle, BW, qui ne peut se déplacer, ni lire, ni regarder la télé, me raconte dans une sorte d’urgence la somme des départs qui ont marqué sa vie . Je note ce qu’il me dit"

C’est ainsi que Lydie Salvayre présente à la page 10 les circonstances qui ont présidé à la rédaction de cet ouvrage:récit de ce qui apparaît parfois comme l’épopée de son compagnon BW ( initiales dans lesquelles on reconnaît Bernard Wallet, directeur des éditions Verticales) . Un homme "toujours à vif, ardent, impétueux, feu et flamme" , constant arpenteur du monde, de l’Europe à l’Asie, toujours sur le départ, amateur de trekkings dans l’Himalaya, champion d’athlétisme , participant aux actions des interventionnistes de Guy Debord et directeur des éditions Verticales .

Cette fonction qu’il a occupée pendant une dizaine d’années et qu’il observe avec recul et lucidité lui donne l’occasion de déverser dans un portrait caustique et savoureux son mépris à l’égard du "gendelettre", et surtout de traduire sa rage face à l’univers actuel de l’édition, plus soucieuse de placer sur les étalages des libraires des produits de consommation rentables que de contribuer à la découverte de nouveaux et vrais talents .

Lydie Salvayre traduit avec brio le caractère oral de ces confidences. Elle sait restituer le rythme de la langue parlée, avec ses jaillissements, ses répétitions, ses accumulations , ses hyperboles , ses ruptures . L’écriture est rythmée, dense , parfois torrentielle . On sent toujours l’interaction entre celle qui écoute, qui relance, et celui qui raconte , qui parle dans un état d’exaltation rendue plus forte peut-être par son immobilité forcée, et qui évoque ce qu’il fut sans souci de chronologie , glissant au milieu des souvenirs récents des allusions à son enfance ou à son adolescence .

Le parcours d’un homme "né coléreux" et qui a traversé la seconde moitié du 20e siècle avec le "goût des choses verticales, des himalayas", observateur désenchanté du microcosme littéraire .

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Les éditions

  • BW [Texte imprimé] Lydie Salvayre
    de Salvayre, Lydie
    Seuil / Fiction & Cie
    ISBN : 9782020997119 ; 11,00 € ; 20/08/2009 ; 205 p. ; Broché
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Un "hommage" touchant, mais mal rédigé

6 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 23 août 2013

Lydie Salvayre rend hommage avec sensibilité, comme de manière quelque peu écorchée, à un ami de l'édition, menacé de perdre la vue, de façon imminente. Elle relate son passé aussi énergique que chaotique, fait de voyages, de ruptures, de rejets, d'envies et de désirs. Elle décrit un homme entier, qui ne transige pas avec ce qu'il a envie de vivre.
Cette lecture est vive et amère, le style ordinaire, voire oral, assez souvent familier, ne me paraît pas totalement opportun, voire presque irritant pour un "hommage", malgré l'aspect éminemment naturel et instinctif du protagoniste. L'ensemble me paraît donc contrasté. L'idée est bonne, le contenu et la forme m'ont souvent mis mal à l'aise. L'auteure veut toucher, mais de manière un peu bâclée. C'est dommage : le projet me paraissait assez porteur.

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