Le Nazi et le Barbier de Edgar Hilsenrath
(Der Nazi & der Friseur)
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone
Moyenne des notes : (basée sur 9 avis)
Cote pondérée : (817ème position).
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Roman burlesque sur un sujet qui ne l'est pas
Max Schulz est un vrai fils de pute. "Aryen pure souche" il se traine une tête de juif façon caricature des années 30 alors que son ami juif a, lui, une vraie tête d'aryen. Mais Max va prendre sa revanche avec d'opportunisme et devenir un vrai SS exterminateur de juif. A l'occasion il assassine toute la famille de son ami d'enfance ainsi que l'ami lui-même. Devenu criminel de guerre, il est poursuivi après la guerre. Pour se planquer, il prendra l'identité de son ami et se réfugiera en Israël avant de devenir un sioniste convaincu.
Le Nazi et le barbier c'est évidemment une farce pas du tout politiquement correcte. Mais au delà du choc et de l'esprit de provocation c'est un livre brillant sur un sujet pas facile.
Le Nazi et le barbier démonte les mécanismes de l'horreur nazie, essaie d'expliquer comment une population entière a pu être complice d'un tel crime. La narration qui mélange première et troisième personne se fait sur un ton très badin, voire cru et l'on et passe de scènes loufoques à des scènes à forte intensité dramatique très rapidement.
Un roman à la liberté de ton étonnante, qui relève autant de la farce que de la poésie, et qui nous parle du monstre qui sommeille en chacun de nous.
A lire d'urgence.
Les éditions
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Le nazi et le barbier [Texte imprimé] Edgar Hilsenrath traduit par Jörg Stickan & Sacha Zilberfarb
de Hilsenrath, Edgar Stickan, Jörg (Traducteur) Zilberfarb, Sacha (Traducteur)
le Tripode
ISBN : 9782917084175 ; 4,29 € ; 31/03/2012 ; 510 p. ; Broché -
Le nazi et le barbier [Texte imprimé] Edgar Hilsenrath traduit par Jörg Stickan & Sacha Zilberfarb
de Hilsenrath, Edgar Stickan, Jörg (Traducteur) Zilberfarb, Sacha (Traducteur)
Points / Points (Paris)
ISBN : 9782757828533 ; 2,80 € ; 08/03/2012 ; 504 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (8)
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Bizarre
Critique de Ravenbac (Reims, Inscrit le 12 novembre 2010, 59 ans) - 15 janvier 2022
Le nazi et le barbier est une comédie bizarre et burlesque.
Dérision et schizophrénie
Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 26 mai 2016
L’histoire d’un personnage schizophrène n’est pas un concept particulièrement innovateur, mais le cas particulier peu mettre mal à l’aise d’autant que le ton est froid et détaché lorsqu’on évoque le crime abominable commis par Max Schultz, alias Itzig Finkelstein. Le remord final du héros, comme lassé de ne pas avoir été démasqué à la fin de sa vie, ne fait qu’atténuer légèrement ce goût amer qui traîne au fond de la gorge.
Ce roman ne pouvait sans doute être écrit que par un juif au dessus de tout soupçon, au risque d’être jugé de nature antisémite voire révisionniste. En effet, les propos tenus par ce rescapé de la Shoah sont parfois tangents.
On peut en sortir plus ou moins bouleversé, mais pour moi la dérision et le caractère irréaliste d’un tel récit restent dérangeants. Des répétitions volontairement agaçantes veulent laisser croire que le héros a une araignée dans le plafond (sic), mais c’est surtout la froideur dominante que j’ai retenu plus que l’humour typique de l’auteur.
Ce bouquin iconoclaste a été écrit il y plus de quarante ans et il ne pourrait sans doute plus rencontrer de nos jours l’accueil de l’époque aux Etats-unis où il a été un best-seller.
En deux mots, si ce roman m’est apparu atypique et intéressant, il est avant tout dérangeant et ne doit certainement pas être mis dans les mains de lecteurs qui risqueraient de ne pas percevoir son second degré.
Le nazi tient salon
Critique de Ndeprez (, Inscrit le 22 décembre 2011, 48 ans) - 28 janvier 2015
Existant désormais en poche , ne le laissez pas passer , ne serait-ce que pour la correspondance que Schulz entretient à la toute fin du livre avec des hauts dignitaires de l'état Israélien.
L’ASSIMILATION COMME RÉDEMPTION
Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 27 novembre 2014
Il me faut avouer que certains épisodes du livre sont d’une facture, d’une drôlerie et d’une beauté tragique absolument incroyables, comme p. ex. l’épisode (voir l’extrait ci-dessous), où le génocidaire en cavale, traqué par les partisans polonais et les troupes russes est obligé de passer l’hiver dans la forêt polonaise à se cacher dans la petite cabane de celle qu'il nomme la « vieille sorcière », Véronia. Complétement à sa merci, celle-ci lui fera subir les pires sévices…
Comme pour « Fuck America », ici aussi, on aime ou on n'aime pas du tout l’écriture et le style à couper au couteau d’Edgar HILSENRATH, mais cela ne laisse personne indifférent et c’est peut-être au fond le but recherché par l’auteur. Parler de l’innommable de façon normale, dans un langage courant, parfois même avec des pointes d’humour au deuxième ou troisième degré… Mais en parler quand même !...
Un extrait :
(…) « Restez devant le fourneau, je vais vous préparer quelque chose à manger. Vous avez faim ? Combien de temps êtes-vous resté dans la forêt ? Combien de temps sans manger ? »
« Depuis hier midi, dis-je. Vingt-quatre heures. »
« Mais c’est rien ça, dit la vieille. Et vous avez l’air de crever de faim ! Alors quoi, les gars de votre espèce sont pas plus résistants que les sous-hommes ? »
« J’en sais rien, dis-je. J’ai jamais été un sous-homme. »
« Si, dit la vieille, maintenant vous en êtes un. »
La métamorphose du cloporte
Critique de Radetsky (, Inscrit le 13 août 2009, 81 ans) - 26 août 2014
On ne peut donc s'attendre à trouver un langage fleuri, cousu de métaphores élégantes... nous ne sommes pas dans le salon de Goethe ! Mais tout de même à l'angle des rues Goethe et Schiller... D'autant que l'élégance n'entre pas dans le bagage courant des Allemands ordinaires, quoiqu'ils veuillent afficher le contraire : grattez le (très) mince vernis, la brute apparaît immédiatement. Deux ou trois bières suffisent : essayez...
Hilsenrath met en scène deux protagonistes, l'un allemand "aryen" (ici sa caricature ô combien réaliste), l'autre allemand juif.
Le moteur initial, chez le premier, de leur progressive osmose, car incroyable osmose il y aura, est l'envie ; visant de prime abord les apparences et les objets, puis l'essence rêvée de la "cible". Toute la pesanteur, la permanence, l'énergie cinétique de masse dans l'habitus allemand vont y contribuer de manière éclatante. Schultz est tellement conscient des qualités de son copain juif, parfait négatif de lui-même (laid et médiocre), qu'il commence par imiter, adopter ensuite, cultiver maniaquement, tout ce qui vient de cet être fascinant (qui a par ailleurs un comportement absolument normal et sans ostentation) pourvu en outre d'une vraie famille aimante et unie, avec tout ce que la chose peut comporter en charge symbolique.
L'envie sera le carburant initial, ensuite intériorisé en intime conviction (!) d'avoir été et être devenu cet "autre" qu'on aura tout fait pour éradiquer du monde et de la mémoire, par tous les moyens que la barbarie, devenue licite enfin et non plus tapie au fond de chacun, aura permis d'utiliser.
De l'envie à la cupidité de celui qui se ment à soi-même (et se convainc) afin de justifier ses forfaits, puis de la cupidité à l'aveuglement mécanique via l'assomption de l'idéologie et des atroces comportements nazis, on finit par obtenir, de glissements sémantiques en déformations morales, le personnage improbable à qui échoit de clore le cycle : le soldat d'Israël sioniste sans tache et sans reproche !
Ce n'est plus Dr Jekyll et Mr Hyde, non, puisque à la fin du processus le premier aura réussi la gageure improbable de rendre le second inexistant !
On suit, pas à pas, les mécanismes successifs de l'intime métamorphose de la mauvaise conscience allemande et de sa capacité à tout transformer et digérer avec un résultat a priori impossible, à savoir intervertir le rôle et l'essence du bourreau et de la victime.
Pour la bonne bouche, notre auteur ne se satisfait pas de dresser le constat d'un mensonge historique (les Allemands "trompés" par Hitler), mais, filant la métaphore, d'adresser une admonestation d'ordre général : attention ! en tout temps, en tout lieu, personne n'étant immunisé (Israël n'est pas exclu...), les racines de la monstruosité peuvent s'infiltrer et se développer... Sans oublier, au passage, de remettre "Dieu" à sa vraie place : inexistante.
La force du roman
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 4 janvier 2014
Dans le roman de Hilsenrath, on retrouve les mêmes scènes de viols par les officiers russes lors de la chute du troisième Reich, dans des villes fantômes. Mais cette fois c'est traité sur le mode burlesque, au fil d'un récit échevelé. Au final le résultat est le même, les deux modes de narration permettent d'imaginer ce qui s'est passé et suscitent la même interrogation et réflexion sur comment cela fut possible.
Comme Clubber, je trouve que le style de l'auteur est incroyablement puissant, il a la faculté de nous surprendre constamment, de nous faire passer du rire au frisson d'horreur, de nous fasciner avec une galerie inépuisable de personnages et d'anecdotes parfois farfelues et grotesques.
Derrière cette apparence grotesque, on parvient à imaginer ce que fut cette période. L'auteur fait preuve d'un humour énorme et parfois féroce, le meilleur moyen de mettre à nu ce qu'il y a eu de pire dans l'humain au siècle passé.
Humour noir pour bottes noires
Critique de Clubber14 (Paris, Inscrit le 1 janvier 2010, 44 ans) - 26 mars 2013
L'auteur ne fut publié que très tardivement dans son pays natal (l'Allemagne), en 77 pour être précis soit plus de 10 ans après sa parution et son immense succès commercial aux Etats-Unis.... Mais nous comprenons bien, à la lecture, pourquoi l'Allemagne fut si lente et si réticente à sa publication. Les allemands passent (et à juste titre) pour des lâches, des suiveurs, des moutons du führer. Des êtres abjects qui n'ont pas su dire non à la dictature montante. Ici, l'auteur leur donne un ridicule incroyable, et le personnage principal, sous forme de la narration, n'est lui-même qu'un lâche incapable d'assumer la réalité de ses actes. Au contraire il va se faire passer pour un juif miraculé des camps, il va faire disparaitre son passé de meurtrier de masse, va se fonder une nouvelle vie en Israël et même devenir l'un des leaders du peuple juif dans la construction de son Etat puis de la défense de celui-ci....
Outre l'histoire complètement farfelue, le style d'écriture est incroyable : des dialogues à marcher sur la tête, des personnages hauts en couleur et complètement déboussolés, des comiques de situation abracadabrants et au final un grand moment de rigolade sur fond de tragédie.
Hilsenrath fait décidément partie des grands auteurs, disons le un peu méconnu mais dont les quelques romans publiés font de lui un auteur à part dans un style à part.... je comparerais un peu ce roman à "La conjuration des imbéciles" de Toole, dont le style et le rocambolesque de situation sont assez similaires.
Ca décoiffe!
Critique de Petiteka (, Inscrite le 5 novembre 2009, 47 ans) - 28 juin 2012
CptNemo l'a très bien résumé, ce bouquin est un choc! Il captive, secoue, fait rire (souvent jaune), choque, bouleverse...bref, un petit bijou dont on ne ressort pas indemne... Courez y!
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