L'infante maure de Mohammed Dib

L'infante maure de Mohammed Dib

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Tistou, le 15 juin 2010 (Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans)
La note : 6 étoiles
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Identité perdue, identité multiple.

Lyyli Belle est la petite fille d’une maman … nordique, et d’un papa maghrébin. Elle vit en … pays nordique, au bord d’une forêt, et se sent écartelée entre deux cultures qu’elle constate différentes. Ses problèmes de repérage sont d’autant plus difficiles à résoudre que son papa présente la fâcheuse habitude de partir – pour son pays ? pourquoi ?, ce n’est pas dit dans la chanson – et de revenir. Mais de partir, surtout. Surtout, aux yeux de Lyyli.
Lyyli Belle grimpe donc dans les arbres où elle trouve refuge et semble attirée par la danse, comme sa maman. On n’en saura pas beaucoup sur un plan concret. Se mêle après beaucoup d’onirisme à tout ceci, qui n’éclaire pas vraiment. Mohamed Dib parvient tout de même à nous faire toucher du doigt le malaise de Lyyli Belle, à cheval sur ces deux cultures : la culture de la neige du Nord de l’Europe et celle du sable du désert infini (encore que le désert, ce soit plutôt le reg ; des cailloux et encore des cailloux …).
Le style est agréable. Mohamed peut raconter une histoire et certainement nous emmener très loin. Il préfère entamer l’histoire et la lâcher pour donner libre cours à du fantasme, de l’onirique, qui me paraissent à moi un peu philosophie facile, du genre à n’engager que ceux qui lui apporte leur foi. Dommage ! J’aurais préféré en savoir davantage sur Lyyli Belle et ce père qui, tout perclus d’amour qu’il semble être pour sa fille – et sa femme – quitte tout ce beau monde.

« Les visages : des lampes qu’on allume d’un simple regard jeté sur eux. Sinon ils s’éteignent. Celui de maman brille de tout son éclat pour l’instant.
Tu as assez roucoulé, assez brillé, maman. N’exagère pas. Je dis du coup :
- Papa, si tu pars chaque fois comme tu le fais, alors pars une bonne fois pour toutes ou reste une bonne fois pour toutes.
Le visage de maman cesse d’éclairer. Il n’est qu’un point d’interrogation qui nous interroge.
Papa m’observe en pleins yeux, en plein moi. Je l’observe pareil. A ce qu’il semble, il n’est pas mal de sa personne. Mais comment il est, de grâce ne me le demandez pas, je ne saurai pas le dire. Maman reporte sur moi sa faculté d’attention retrouvée, puis sur papa, puis sur moi, puis de nouveau sur papa.
Elle n’a toujours pas l’air de comprendre. Elle doit penser : ce qui se montre cache toujours quelque chose, ce qui se dit aussi.
Et papa déclare, lui :
- Le moment où je ne peux plus rester quelque part, je le vois arriver, et je ne réponds plus de moi.
Son regard déjà se fixe là où il ira. Il ne me voit plus. »
Plutôt pessimiste dans l’ensemble, et semblant condamner par avance les situations de double culture.

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