La lune n'aura pas de chandelier de Daniel Leblanc-Poirier

La lune n'aura pas de chandelier de Daniel Leblanc-Poirier

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par Jonjon21, le 9 juin 2010 (Inscrit le 30 août 2005, 40 ans)
La note : 8 étoiles
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Poésie du quotidien

"Cette suite poétique est le témoignage d'un égarement. Pris d'une frénésie inflexible, seul dans son appartement, le poète renomme tout ce qui lui tombe sous la main. Tentative de remodeler les images et de trouver une fuite à l'ordre, La lune n'aura pas de chandelier est la chronique d'un univers décadent marqué par le vertige du vide."

"Daniel Leblanc-Poirier nous convie à un voyage aux horizons multiples et à un réel souvent dérangeant. Un réel, soit un hyperréalisme urbain d’appartement délabré, où n’existe point de compromis, c’est-à-dire que les images de la lune n’aura pas de chandelier paraissent souvent dures dans leurs trouvailles : « les rats boivent du rêve / à même la bouche des vieillards // dans le quartier chinois / les arbres ont l’air de sac de chips au ketchup » ou « Je connais même un endroit / où poussent des squelettes sur les trottoirs / là les seringues / ressemblent à des lampadaires / qui refusent de s’éteindre ». Elles portent parfois une déchéance, par exemple Montréal qui « vomit une lumière aussi cassante / que les coudes des chanteurs cocaïnomanes », et souvent une déconfiture humaine : « j’ai l’impression que mon corps est une valise / bourrée de médicaments », « mes veines se désaccordent / comme des cordes de banjo / qui laissent couler le sang de ma race ».

Mais Daniel Leblanc-Poirier amène surtout le lecteur dans une voix personnelle aux tons changeants, ce qui crée une avancée sans lassitude. On rencontre une voix décapante, ironique, absurde, blasée, triste, tendre, nostalgique, amoureuse... ayant « un escalier en colimaçon dans la bouche » pour « boire la soupe que la vie [nous] sert ».

Oui, cette poésie offre un monde à prendre à la petite cuillère parce qu’il est trop pesant pour une cuillère à soupe et parce que même Jésus-Christ se prend « pour un chevreuil sur un capot de camions ». Heureusement, quelques êtres parviennent à amoindrir l’angoisse comme Aquin, Cohen, Chopin, Schubert et surtout Jerry Lee Lewis, ils ponctuent le recueil d’une émotion ou respiration plus sereine."

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