La rafale des tambours de Carol Ann Lee

La rafale des tambours de Carol Ann Lee
( The winter of the world)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Jlc, le 19 mai 2010 (Inscrit le 6 décembre 2004, 80 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (39 794ème position).
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L'ypérite des sentiments

Dans la campagne automnale anglaise, des femmes accablées, « au chagrin incontrôlable » regardent passer un train. Un train de mort, le train d’un mort « qui leur appartient à tous et à chacun », ce soldat inconnu qu’on va inhumer dans l’abbaye de Westminster, au cœur d’une « capitale haletante ». C’est par cette scène du onze novembre 1920, magnifiquement décrite, que s’ouvre « La rafale des tambours ». Dans la foule qui participe à cette cérémonie grandiose, une femme mystérieuse fuit un homme qu’elle vient d’apercevoir. Carol Ann Lee entrecroise la confusion des sentiments avec le tumulte de la guerre et joue avec le temps car quand « le passé est plus tangible que le présent, est-ce encore le passé ? »

C’est ce passé qui ne veut pas finir qui hante Alex, journaliste ancien correspondant de guerre, qui, à l’été 1920, parcourt les Flandres pour des disputes de territoires entre Belges et Anglais. Il rencontre un jardinier de cimetières et sur cette terre gorgée de sang, encore empestée de gaz moutarde, surnommée l’ypérite, où « le silence des morts est parfois assourdissant » il raconte comment « il est tombé amoureux d’un cou de femme. » Le même été, c’est ce passé qui ne veut pas mourir que combat Clare Eden assistante d’un chirurgien spécialisé dans la reconstruction faciale, autrement dit l’atelier des gueules cassées. Elle aide des jeunes gars survivants mais défigurés, émasculés, amputés comme elle l’a fait pendant les quatre années de guerre. Lee décrit ces drames sans concession au pathos ou au voyeurisme.

Ces deux là se sont connus grâce à Ted, le meilleur ami de l’un, le fiancé de l’autre. Au milieu des horreurs de la guerre, dans ces tranchées boueuses infestées de rats affamés où des hommes n’en peuvent plus et restent admirables vont surgir les affres de l’amour brutales, exigeantes, inadmissibles, douloureuses et pourtant délicieuses. Ces trois personnages vont vivre une histoire qui n’est en rien celle du traditionnel triangle amoureux dans le contexte de cette guerre qui va tout changer, les êtres et les choses, les sentiments et les actes tant tout est soudain à l’urgence de survivre. Carol Ann Lee qui s’est manifestement beaucoup documentée sait faire vivre des scènes de guerre mais aussi de l’arrière (le quatorze juillet 1917 dans un Paris joyeux et fêtard est une réussite).

Dans cette relation, « le besoin de tout savoir et de tout raconter » va être, comme toujours, dévastateur. Ces deux êtres qui savent qu’en devenant amants « il est déjà trop tard » vont être rongés par le remords qui est aux sentiments ce que l’ypérite, gaz asphyxiant qui corrode la peau et annonce la mort, est au corps.

Le style n’est pas brillant, il est efficace. Carol Ann Lee sait raconter des histoires même si parfois la dramaturgie doit trop à la romancière. Trop de rencontres improbables deviennent possibles, trop de hasards deviennent des coïncidences. Elle écrit « Au début de chaque histoire se cache sa fin, enveloppée comme une graine à l’intérieur de la peau d’une grenade ». Ce qui ne l’empêche pas de faire avancer son récit vers une fin superbement surprenante et pourtant évidente.

Ce beau roman a figuré un temps sur la liste du dernier prix Femina sans connaître un grand succès (il est cent millième dans les ventes d’Amazon). Ce serait dommage qu’il en reste là.

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Entre amour et amitié

7 étoiles

Critique de Fabert (, Inscrit le 10 octobre 2015, 70 ans) - 20 décembre 2016

Novembre 1920 Londres
Le cercueil du soldat inconnu arrive à Victoria Cross. La foule immense et recueillie est énorme.....
Un beau roman d'amour sur fond de première guerre mondiale où les sentiments amoureux et amicaux s'entremêlent dans trois vies impliquées dans ce conflit.

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