Excellente ambiance anglaise... et policière !

Lire un roman de Patricia Wentworth, c’est accepter de plonger dans une ambiance vieillotte, de lire un roman policier sans action à outrance, de sortir des thrillers contemporains où la vitesse du déroulement des faits est supersonique. Oui, ici, tout va à la vitesse du tricot, des gens qui marchent sur le trottoir sous la pluie, des vieux qui se souviennent du passé, des amoureux qui envisagent, un jour, de se marier…

Maud Silver, l’enquêtrice préférée de Patricia Wentworth, est parfois comparée à une certaine Miss Marple née sous la plume d’Agatha Christie, mais je préfère de loin Maud qui est plus humaine, plus ouverte à la vie extérieure… Maud est plus proche de nous, elle voyage plus, accepte de sortir de chez elle, fréquente plus la police où elle compte des amis dont son ancien élève, Frank Abbott que nous allons retrouver dans cette enquête…

Tout commence chez les Graham, une famille bien ordinaire où une femme tyrannise sa fille depuis que le papa est mort. Althea, la fille, n’est pas un bébé, puisqu’elle a déjà une trentaine confirmée. Elle reste chez elle car sa mère exerce un chantage cruel : si tu pars, je meurs ! Elle ne rigole pas ! Quand Althea voulut épouser son fiancé, Nicholas Carey, elle fit une crise cardiaque. Althea est donc restée à la maison et elle a tiré un trait sur son avenir…

Jusqu’au jour où Nicholas, parti au loin sans donner de nouvelles revient, jusqu’au jour où les propositions de vente de la maison familiale feraient rêver plus d’une personne intéressée, jusqu’au jour où madame Winifred Graham, la mère, est retrouvée assassinée dans son jardin, plus exactement dans son petit belvédère…

Maud Silver, rencontrée par hasard lors d’un cocktail mondain dans le quartier, accepte de venir soutenir Althea… et elle va donc se mêler de l’enquête qui est confiée à Frank. Ce dernier est à la fois content de retrouver Maud mais il sent bien que tout va devenir plus compliqué… Il a un suspect, des preuves accablantes… mais Maud ne croit nullement à sa culpabilité.

Je ne souhaite pas vous en dire plus sur le fond du scénario qui comme à chaque fois est parfaitement construit et se déroule de telle façon que le lecteur est pris au piège. Il se fait des idées, suspecte bien quelques méchants mais manque d’éléments concrets… On sait que tout viendra en son temps, le temps de la romancière qui souhaite avant nous faire profiter de cette vie quotidienne qui fait de ses romans policiers des romans, tout simplement !

Psychologie, tricot, meurtres plongeant leurs racines au fond de l’histoire ou presque, amours contrariées, retardées, en fin de vie ou pleines d’espérance, truands innocents, agents immobiliers peu précautionneux … tout est réuni pour le plaisir du lecteur !

J’ai passé un excellent moment de lecture et je pense qu’il s’agit là d’un des très bons romans de Patricia Wentworth, peut-être le meilleur !

Je sais que certains amis lecteurs se plaignent que parfois ces romans ne se trouvent plus facilement en librairie. C’est bien vrai, mais d’une part il n’est pas inutile de chercher un peu, un livre ça se mérite et il existe un gros marché de polars d’occasion où on peut trouver ce très bon roman à bas prix. D’autre part, comme je l’ai déjà dit, un bon roman ne devient pas mauvais quand il n’est plus en nouveauté. Si tel était le cas, nous ne lirions plus Sophocle, Pascal, Tolstoï ou Gide… Non ?

Très bonne lecture à tous !

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  Le belvédère [Texte imprimé], inédit par Patricia Wentworth trad. de l'anglais par Corinne Derblum

  de Wentworth, Patricia Derblum, Corine (Traducteur)
  10-18 / 10-18
  ISBN : 9782264025531 ; 2,50 € ; 22/10/1997 ; 320 p. ; Poche

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