Saveur du temps : Chroniques de Jean d' Ormesson

Saveur du temps : Chroniques de Jean d' Ormesson

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Béatrice, le 9 mai 2010 (Paris, Inscrite le 7 décembre 2002, - ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (40 525ème position).
Visites : 4 428 

Quand un chef d’état écrit à un philosophe

Un recueil d’articles parus dans la presse entre 61 et 09. « Certains textes sont plus faibles que d’autres ». D’Ormesson le reconnaît lui-même dans l’avant-propos. Parmi les déceptions, je note un article navrant de platitude intitulé « Ivresse du ski ».

Pour changer de registre, voilà une perle sous le titre Missiles et philosophie. C’était en 1962, « N. Khrouchtchev [ ] a trouvé le temps, entre un montage et un démontage de missiles atomiques, de griffonner quelques lignes à un vieux lord anglais, philosophe et nonagénaire, qui a des idées, dans son château du pays de Galles, sur le mariage et sur l’histoire de la philosophie occidentale. Cette lettre du successeur de Lénine à Bertrand Russell [ ] a fait grimper de 19,68 la bourse de New York, que je n’imaginais pas si sensible à la correspondance philosophique. »

On dirait un poisson d’avril ! C’est un extrait d’un article paru en octobre 62 dans Arts.
Et d’Ormesson continue :

« Tout me paraît plaisant dans cet apologue interprété par un communiste rond et jovial, par un vieillard britannique, par un vilain barbu qui fait peur au mari d’une des jeunes femmes le mieux habillées du monde, et par quelques individus besogneux, appelés, je crois, brokers, et dont le métier bizarre consiste à acheter de l’argent et à le revendre plus cher. Tout, jusqu’à la précision des chiffres, poussés jusqu’à la deuxième décimale, m’a paru révéler d’un univers fantastique où la distinction des genres n’est pas très bien observée entre le comique et le tragique.»

J’ai presque envie de dire : 1962 c’était le bon vieux temps, malgré les missiles. Un chef d’état écrivait à un philosophe… C’est ça le danger avec d’Ormesson. En le lisant on se prend à soupirer « c’était le bon vieux temps »...

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Plaisir de lecture plus mitigé

8 étoiles

Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 12 janvier 2019

Un recueil d’une centaine de chroniques écrites pour la presse entre 1948 et le début du XX ième. J’avoue humblement que beaucoup d’entre elles me sont passées au-dessus de la tête que ce soit à cause des sujets abordés (aristocratie, noblesse, voyages,…) ou du côté un peu trop intello (Chateaubriand et ses Mémoires d’Outretombe, écrivains qui me sont inconnus et/ou inaccessibles , …).
Le plaisir de cette lecture de Jean d’O. fut donc, pour une fois, un peu plus mitigée.

Extraits :

- Il me proposa pour 30000 lires un vase grec manifestement faux. Je lui en offris 500 lires qu’il accepta avec empressement.

- Le temps a deux grandes propriétés qui se confondent et s’opposent : il dure et il passe.

- Dès 1917, dans « une difficulté de la psychanalyse, Freud se vante « d’avoir infligé à l’amour-propre humain sa troisième grande humiliation depuis Copernic et Darwin ».

- Je cherche depuis longtemps déjà le texte exact d’une citation. Je serais bien reconnaissant à qui pourrait me la rappeler. Mais je ne me souviens même plus si elle est de Julien Green ou de Graham Green. Elle dit à peu près qu’il n’y a pas de littérature sans scandale et que la vocation de l’art est d’être essentiellement scandaleux.

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