Prodigieuses créatures de Tracy Chevalier
( Remarkable creatures)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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La découverte du siècle
Révélée par La jeune fille à la perle, l'Américaine Tracy Chevalier renoue ici avec le roman basé sur une histoire vraie : au début du 19e siècle, Elizabeth et Mary découvrent un squelette gigantesque sur une plage du Dorset.
Vivant dans un village anglais hyper conservateur, les deux femmes se rendent compte que ce témoin d'un passé lointain ne peut pas être un crocodile, comme elles le croyaient d'abord. Elles se renseignent et ce qu'elles apprennent laisse supposer que la théorie créationniste de la Bible ne tient plus la route face à cette créature monstrueuse, née il y a des millions d'années.
L'auteur restitue magnifiquement l'ambiance oppressante de la société anglaise à une époque où la femme n'avait aucun droit à l'émancipation. Elizabeth est issue de la bonne société londonienne ; restée célibataire, elle doit vivre à Lyme Regis (où Jane Austen situe d'ailleurs son roman "Persuasion") car son frère s'est marié et a récupéré la maison familiale pour y installer son cabinet d'avocat. Mary, elle, est la fille d'un menuisier très pauvre; elle déniche des fossiles sur la plage et les vend aux touristes de passage dans la région.
Quand il s'avère que le "crocodile" est en fait un ichtyosaure, la communauté scientifique anglaise (mais aussi française avec Cuvier) s'approprie le bénéfice de la découverte, laissant dans l'ombre Elizabeth et Mary. Toutes deux vont se battre pour ne pas laisser moisir le squelette dans un cabinet de curiosités privé; elles vont aussi défendre le droit des femmes à mener une existence libre, loin de toute tutelle masculine.
Authentique plaidoyer pour l'indépendance d'esprit, ce roman plaira à tous ceux et celles qui ne supportent plus les confessions nombrilistes, les récits déprimants, voire les romans où il ne se passe jamais rien. Le récit à deux voix - chacune raconte à tour de rôle le destin de la trouvaille d'un chapitre à l'autre - confère à l'intrigue une profondeur et une ambiance qui font les romans attachants et inoubliables.
Les éditions
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Prodigieuses créatures [Texte imprimé], roman Tracy Chevalier traduit de l'anglais par Anouk Neuhoff
de Chevalier, Tracy Neuhoff, Anouk (Traducteur)
Quai Voltaire
ISBN : 9782710331643 ; 3,13 € ; 07/05/2010 ; 384 p. ; Broché -
Prodigieuses créatures [Texte imprimé] Tracy Chevalier traduit de l'anglais par Anouk Neuhoff
de Chevalier, Tracy Neuhoff, Anouk (Traducteur)
Gallimard / Folio
ISBN : 9782070442546 ; 9,90 € ; 06/06/2011 ; 432 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (12)
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Plaisant
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 10 novembre 2017
Les trois autres sont insuffisamment dotées pour espérer un bon parti, aussi elles quittent Londres pour Lyme, une petite ville d'Angleterre où la vie est moins chère et où elles pourront vivre ensemble leur vie de "vieilles filles".
Elisabeth rencontrera Mary Anning, une fillette issue d'une famille pauvre. Cette très jeune fille est obsédée par les "curios" (à savoir les fossiles) qui peuplent les sous-sols sablonneux de la plage.
Entre cette femme et cet enfant que les conditions sociales opposent, une amitié réelle se créera et leurs recherches mèneront à des découvertes surprenantes.
Le personnage de Mary Anning est bien réel et Tracy Chevalier a brodé toute son histoire autour de faits réels.
Une lecture reposante, sans surprise mais on est loin de la qualité d'écriture de la "jeune fille à la perle".
Prodigieux destin
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 15 août 2014
Cette saga passionnante nous est racontée par la voix d’Elizabeth Philpot, fille de bonne famille ruinée venue s’installer dans la petite ville de Lyme Regis et auxiliaire de Marie Anning dans sa recherche.
L’écriture est agréable, les portraits fouillés, la lecture de cette biographie romancée est plaisante et instructive sur la vie scientifique et les débats du XIXème.
Une Jane Eyre archéologue
Critique de Fabrice (, Inscrit le 22 novembre 2009, 39 ans) - 9 mai 2012
Il y a un peu des soeurs Brontë dans la description de la campagne et du littoral anglais, comme dans les manières et la pudibonderie d'Elizabeth, et dans l'accession à une certaine notoriété qui s'offre à la jeune archéologue Mary Annig. C'est aussi une oeuvre profondément féministe et qui retrace les débats historiques, biologiques et théologiques qui déchirent déjà les créationnistes obscurantistes, qui pensent que la Terre a été créée par Dieu il y a quelques milliers d'années, et ceux qui doutent de cette théorie, du fait de l'accumulation de contre-exemple, et qui préfigurent le darwinisme.
Tout cela dans un roman bien écrit, et où l'on se prend à espérer regagner le douillet cottage des vieilles demoiselles pour y boire un thé brûlant après une promenade sur des plages de galets de Dorset balayées par les vents et la pluie.
C'est enfin une histoire vraie, et l'on trouve notamment des fossiles découverts par l'héroïne au musée d'histoire naturelle de Londres mais aussi, plus près de nous à Nantes.
Une belle et passionnante lecture
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 11 septembre 2011
Je ne connaissais rien aux fossiles mais en lisant ce livre je me suis pris de sympathie pour ces passionnés chasseurs de fossiles et j'ai découvert le charme de la science naturelle ainsi que les questionnements de l'époque quant à l'évolution. Mais en fait j'ai tout aimé dans ce roman : l'histoire d'amitié entre Elizabeth et Mary, la société anglaise victorienne très bien évoquée, les images de la campagne anglaise et de la côte, et j'ai passé un très bon moment de lecture.
Charme anglais
Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 11 septembre 2011
Basé sur des faits réels, "Prodigieuses créatures" dévoile les beautés de la Jurassic Coast, région de l’Angleterre s’étendant du sud-ouest du Dorset à l’est du Devon. Cette côte, qui s’effrite avec le temps, le vent et les marées, est une mine d’or géologique, toute fertile qu’elle est en fossiles de tous genres.
"Prodigieuses créatures" aborde le thème de la place de la femme dans le monde scientifique mais aussi les questions théologiques que suscitèrent la mise à jour de ces premiers spécimens de dinosaures marins, à une époque où l’humanité n’avait que 6000 ans dans les esprits… car c’était là l’interprétation de la Bible.
On pourrait croire Tracy Chevalier britannique tant elle décrit avec justesse les contrastes et la beauté de la campagne anglaise, l’impact de la foi, du qu’en dira-t-on et des traditions dans la culture de l’époque. Beaucoup de retenue et de délicatesse dans ce roman, au charme un peu désuet, mais qui touchera tout lecteur sensible au thème et cadre qu’elle lui prête.
Pour moi qui ai goûté au plaisir de la chasse au fossile, un matin ensoleillé d’avril, sur la plage de Seatown, je n’aurais pu mieux m’y retrouver !
Une belle et passionnante lecture.
Encore une dent contre la gent masculine
Critique de Anicroche88 (, Inscrite le 1 juin 2011, 56 ans) - 1 juin 2011
Basée sur des faits authentiques et des personnages réels et forts, l'auteur réussit un excellent roman aussi bien historique qu'engagé...
Néanmoins ce n'est pas mon oeuvre préférée, j'avais mieux aimé La Vierge en bleu...
la paléontologie au féminin
Critique de Alud (, Inscrite le 19 janvier 2009, 48 ans) - 31 mai 2011
Tracy Chevalier nous raconte les débuts de la paléontologie à travers la vie romancée de deux femmes bien réelles mais un peu oubliées par l’histoire, Mary Anning et Elisabeth Philpot qui ont découvert les premiers fossiles des ichtyosaures et plésiosaures en creusant les falaises de Lyme. Ce roman d’une écriture élégante, mêlant astucieusement des éléments romanesques (l’amour , l’amitié, la jalousie) à un contexte historique et philosophique précis qui voyait émerger la théorie de Darwin sur l’évolution des espèces, est parfaitement maitrisé. La construction du récit à deux voix, l’évocation des paysages et de la vie anglaise du XIXème et la personnalité des héroïnes donnent un vrai bonheur de lecture! Un bonheur complet puisqu’en plus vous apprendrez à orthographier ichtyosaure et vous pourrez briller dans les salons en dissertant sur le nombre de vertèbres du plésiosaure.
paléontologie de la condition féminine
Critique de Deashelle (Tervuren, Inscrite le 22 décembre 2009, 15 ans) - 9 mars 2011
Cette étude de mœurs minutieuse du 19e siècle se développe de façon sensible, fine et délicate, comme si Tracy Chevalier elle aussi travaillait au burin de chasseur de fossiles et au pinceau. Et même, dans le ton de la narration, Jane Austen, elle aussi un précurseur d’évolution de la condition féminine, semble bien errer, fantomatique sur les plages iodées et les falaises vivantes et mortes de Lyme Regis entre Mary Anning et Elizabeth Philpot, excentriques créatures historiques qui firent avancer le monde.
Le thème de la fossilité nous montre combien notre monde est en perpétuelle évolution, un thème très porteur… qui permet de laisser les espèces disparues dans l’arbre généalogique de la terre et met en lumière notre monde vivant. Une réflexion qui nous délivre totalement de la destinée de l’ancienne femme occidentale : êtres inférieurs, incapables de réflexion approfondie, ne pouvant trouver leur salut qu’au sein du mariage.
Et si, en plus, soi-même on a chassé le fossile sur les côtes normandes il y a quelques décennies, le bonheur est complet.
Récits croisés de deux femmes bien différentes
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 5 octobre 2010
Seul , le nom de l’auteur, dont j’avais aimé 4 des précédents ouvrages m’a attirée . Dès les premières pages , je me suis sentie entraînée dans cette histoire dont l’intrigue est menée sans aucun temps mort et s’ouvre progressivement sur des personnages autres que Mary Annig et Elisabeth . J’ai aimé les deux récits croisés de ces deux femmes unies par une même passion et pourtant que tout oppose : âge, éducation, classe sociale et qui se déroule dans l’Angleterre puritaine peu tendre à l’égard des femmes et méfiante à l’égard des pionnières dans un domaine auparavant réservé aux hommes .
L’intrigue s’enrichit par le jeu des deux récits croisés, qui s’éclairent mutuellement , présentent souvent le discours intérieur des deux personnages et ce qu’elles pensent en secret l’une de l’autre . Elle s'enrichit également des prolongements que le récit entretient avec les théories de l’évolution de l’espèce de Darwin , de la présence de Cuvier comme personnage et de la place faite à la mentalité de la population de Lyme « aucune curiosité des gens De Lyme à l’égard des phénomènes naturels extraordinaires…… » « ils préféraient s’accrocher à des superstitions et laisser les questions non élucidées à la volonté de Dieu, plutôt que d’y trouver une explication raisonnable risquant de remettre en cause une conviction antérieure «
Un roman , comme souvent chez cette auteure, qui fait la place belle aux femmes . La gamme en est ici riche et variée avec non seulement les deux héroïnes mais avec des personnages comme la mère de Mary Annig, les sœurs d’Elisabeth, sa belle sœur ….. Les femmes y sont le plus souvent fortes, attachantes, les hommes plus lâches ou plus conventionnels .
Sous les coquillages, la plage
Critique de BMR & MAM (Paris, Inscrit le 27 avril 2007, 64 ans) - 21 septembre 2010
Nous voilà donc transportés vers 1810 (au temps des guerres napoléoniennes), au pied des falaises anglaises. Après un revers de fortune, trois jeunes femmes qui savent qu'elles finiront vieilles filles se retrouvent exilées dans une bourgade du bord de mer, loin des mondanités londoniennes auxquelles elles étaient habituées.
L'une d'elles, Elizabeth, se promène le long des plages et aime à « chasser » le fossile mis à nu par les éboulements de falaises.
[...] Nous étions à peine installées à Morley Cottage qu'il devint évident que les fossiles allaient devenir ma passion. Je devais en effet m'en trouver une : j'avais vingt-cinq ans, peu de chances de me marier un jour, et besoin d'un passe-temps pour occuper mes journées. Il est parfois extrêmement assommant d'être une dame.
[...] Je me mis à hanter les plages de plus en plus fréquemment, même si, à l'époque, rares étaient les femmes qui s'intéressaient aux fossiles.
[...] On ne saurait nier que les fossiles constituent un plaisir insolite. Tout le monde ne les apprécie pas car ce sont des restes de créatures défuntes.
Le long des plages, elle rencontre Mary, une jeunette de basse extraction, habile à repérer les plus beaux et les plus rares spécimens d'ammonites ou de bélemnites ... et à les revendre aux touristes pour faire bouillir la marmite.
On pourrait se demander, au début, ce qu'on est venu faire dans cette Angleterre compassée en compagnie de ces vieilles filles échouées dans une petite ville balnéaire.
Mais on reste accroché quelques pages par la très belle écriture de Tracy Chevalier. Et puis très vite, au fil des premiers chapitres, on découvre avec bonheur qu'il y a plusieurs niveaux de lecture dans ce roman, finement et habilement entremêlés.
L'histoire mouvementée de l'amitié entre les deux jeunes femmes : deux âges différents, deux milieux différents, la rencontre est riche d'enseignements.
[...] Comment une femme de vingt-cinq ans appartenant à la bourgeoisie pouvait-elle envisager une amitié avec une gamine de la classe ouvrière ?
L'histoire de ces deux jeunes femmes trop en avance sur leur temps, trop indépendantes pour la société pré-victorienne britannique confite dans ses préjugés. Ce roman est aussi l'histoire de leur émancipation progressive et relative.
[...] À certains égards, je jouissais de plus de liberté que les filles de bonne famille qui avaient trouvé à se marier.
Et enfin l'Histoire tout court de la découverte de ces fossiles, de ces animaux disparus : ichtyosaure (i.e. poisson-reptile), plésiosaure (i.e. presque-reptile), ... qui, en remontant à la surface, venaient doucement mais sûrement bouleverser l'ordre établi des choses.
[...] C'était une idée trop radicale pour la plupart des gens. Même moi, qui m'estimais large d'esprit, j'étais un peu choquée de la prendre en considération, car elle sous-entendait que Dieu n'avait pas réellement réfléchi à ce qu'Il allait faire de tous les animaux qu'Il avait créés. S'Il était disposé à laisser des créatures disparaître sans sourciller, qu'est-ce qu'une telle indifférence impliquait pour nous ?
Et bientôt Darwin succèdera à Cuvier ...
Ces trois clés de lecture (l'amitié entre les deux femmes, la condition des femmes de l'époque, les doutes scientifiques de l'époque) sont passionnants. On retrouve ici le parfum qu'on avait déjà respiré avec la québécoise Dominique Fortier et son traité du Bon usage des étoiles qui se situait à peine quelques années plus tard.
Et d'ailleurs, tout comme Dominique Fortier, l'américaine Tracy Chevalier s'est inspirée de personnages et de faits bien réels.
Un roman plein d'intelligence et d'humanité. Une écriture pleine de lumière et de douceur.
De la théorie de l'évolution...
Critique de Papyrus (Montperreux, Inscrite le 13 octobre 2006, 64 ans) - 12 août 2010
Deux femmes, deux anglaises, de condition sociale différente vont partager la passion des fossiles et grâce à leur persévérance, combattre le conservatisme ambiant qu'il soit religieux, scientifique ou misogyne...
Une belle histoire d'amitié
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 12 juillet 2010
Ces deux femmes auront en commun, outre la passion des fossiles, le fait de dépasser le rôle réducteur attribué à la femme de leur époque.
L'ambiance très anglaise de ce livre m'a rappelé celle des romans de Rosamunde Pilcher, mais la douceur du ton , la qualité de l'écriture restent la marque de Tracy Chevalier.
L'alternance des chapitres entre Elizabeth et Mary est signalée par deux dessins de fossiles, ce qui aide à la lecture. Petit bémol cependant, retranscrire les paroles de Mary en omettant les formes négatives pour rappeler son origine, m'a paru plus déplaisant que judicieux.
Il n'en reste pas moins que ce livre est une parenthèse de douceur, de tendresse dans une autre époque et presque un autre monde.
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