La révolution commence en chacun de nous...

La première édition de cette bande dessinée paraît en Argentine en 1968 mais, en 1973, le livre est interdit. Les planches originales sont brûlées et les militaires argentins font disparaître le scénariste Hector Oesterheld. Quarante ans plus tard, voici la première édition française de « Che » aux Éditions Delcourt. Je tire ces renseignements de la quatrième de couverture.

Je suis toujours très émue lorsque je lis l’histoire du Che. Il était habité par de si belles valeurs et il était pleinement conscient de la misère qu’engendraient la pauvreté et le manque d’éducation des paysans d’Amérique du Sud. L’album retrace de façon saisissante sa vie et son parcours qui l’a conduit à rejoindre les révolutionnaires castristes et à combattre pour la libération de Cuba des griffes de Batista. Les premières planches nous plongent en plein cœur de la jungle bolivienne alors qu’Ernesto Guevara est embourbé dans un combat sans espoir dont la seule issue sera la mort. Il le sait fort bien mais continue à lutter car pour lui, l’important est de combattre pour la cause et lorsqu’on meurt pour elle, on n’est nullement perdant et cela en vaut la peine. Ensuite, retour en arrière. Ernestito est un jeune garçon qui commence à prendre conscience des injustices et de la corruption du monde qui l’entoure. Il fait des études de médecine mais ne les achève pas. Il part plutôt en voyage en compagnie d’un ami. Il reviendra plus déterminé que jamais à devenir médecin afin de pouvoir soulager la misère des pauvres et des affligés. Ensuite ce sera la rencontre avec Castro et tout ce qui s’ensuit.

J’ai eu du mal à me faire aux dessins de monsieur Breccia. Le fait que ce soit en noir et blanc ne me dérange pas du tout au contraire, j’aime bien surtout que cela me rappelle le style Chabouté. Par contre, contrairement à Chabouté, il est souvent très difficile de décrypter les images et de bien voir ce dont il s’agit. J’ai parfois regardé longtemps certains dessins avant de bien voir ce qu’ils représentaient. Par contre, le rythme est excellent et je dois dire que l’atmosphère qui se dégage des illustrations sert bien le propos surtout à la fin où le noir contribue à faire ressortir tout le drame et la présence de la mort. Je regrette cependant que les dessins soient si laids et si peu esthétiques. Pour les textes, ils sont aussi un peu difficiles d’accès car souvent, ils se résument à une suite d’impressions, de mots, sans vraiment de phrases complètes ce qui les rend parfois obscurs, excluant les dialogues bien entendu.

Pour le scénario, rien à redire. C’est une excellente synthèse de la vie du révolutionnaire argentin. Une œuvre forte, lourde de signification et toujours d’actualité malgré le temps qui a passé depuis les événements tragiques qu’elle nous dépeint. De belles valeurs de courage, de détermination et de soif de justice que j’espère ne jamais voir disparaître du patrimoine de l’humanité. Oui, je recommande sa lecture mais pour bien apprécier cet album, je crois qu’il est important de connaître déjà un peu la vie du Che.

« La vraie révolution se fait à l’intérieur de chaque homme, loin de l’homme-loup, de l’homme qui dévore son prochain. C’est l’homme nouveau qui doit naître, l’homme qui travaille et qui doit être jugé par l’aiguillon moral. Oui la révolution commence en chacun de nous. Si tout le monde balaie sa propre porte, la rue entière sera propre. »

« Les camarades. Chacun d’eux a tout mis en jeu. Tout le monde a tout perdu. Mais ont-ils vraiment perdu ? De toute façon, s’ils n’étaient pas venus, ils auraient été perdus aussi. N’est-elle pas pire que la guérilla cette vie longue mais pleine de vide et qui ne sert à rien ? »

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  Che [Texte imprimé] scénario, Hector Oesterheld dessin, Alberto Breccia & Enrique Breccia

  de Breccia, Alberto (Illustrateur) Breccia, Enrique (Illustrateur) Oesterheld, Hector (Scénariste)
  Delcourt
  ISBN : 9782756018553 ; 21,99 € ; 09/09/2009 ; 77 p. ; Album

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