L'enfant à l'endroit, l'enfant à l'envers de Nicole Versailles
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Un récit autobiographique émouvant
Ce récit autobiographique de Nicole Versailles est une longue lettre à sa grand-mère Eugénie qu'elle n'a pas connue. Huit mois après son décès, son mari Cyrille se remarie, range tout souvenir de sa première épouse et oblige ses deux enfants à appeler "maman" leur nouvelle belle-mère. Suzanne (la fille d'Eugénie) en souffre et cela aura des conséquences sur ses relations avec sa propre fille Nicole : "Au plus profond de mes révoltes d'adolescente, je n'avais pas compris (mais comment l'aurais-je pu?) que son agressivité, son mal-être permanent n'étaient que l'expression de ses propres souffrances si anciennes et si fondamentales. Où aurait-elle pu apprendre à câliner ses enfants, à les prendre sur ses genoux, à les couvrir de baisers et de tendresses, quand elle-même bien trop tôt, avait dû assumer dans l'angoisse une responsabilité qui n'était pas de son âge?".
Cet extrait résume le coeur de ce livre : Nicole a souffert de ne pas être comprise par ses parents (sa maman en particulier), de vivre une enfance bridée par les corsets de la religion, et dénuée de toute fantaisie, liberté et joie de vivre. Elle décide de se retrancher dans le silence et dans ses rêves : "Ne rien dire, faire semblant de rien, encaisser sans broncher, se tisser une carapace d'indifférence... Il s'agissait de survivre. Quant à vivre, elle se disait que ce serait pour plus tard. Quand elle serait grande. Quand elle serait libre". Et le décès de son cousin à l'âge de 16 ans n'arrange rien...
Notre enfance a une influence considérable sur le reste de notre vie. Cela se ressent très fort dans ce livre émouvant et bien écrit. L'auteur n'a plus envie de se taire et de cacher son journal intime. Afin de tourner définitivement la page sur cette période triste de sa vie, elle a voulu comprendre les causes qui remontent au décès de sa grand-mère Eugénie, et raconter à ses enfants et petits-enfants ce qu'elle a vécu et ressenti. J'espère que cet exercice délicat lui aura permis de faire la paix avec son passé, et de se sentir plus libre, plus légère et plus heureuse.
Les éditions
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L'enfant à l'endroit, l'enfant à l'envers
de Versailles, Nicole
Traces de Vie
ISBN : 2930452099 ; 01/04/2008 ; 120 p.
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La lueur tout au loin ...
Critique de Paia (, Inscrite le 26 février 2009, 76 ans) - 8 mai 2010
Un dialogue à une voix. Une voix tour à tour enthousiaste, agacée, triste ou enjouée. De douloureux « pourquoi ? ». Une courageuse plongée dans les eaux troubles du passé.
Des destins qui frappent fort comme des bâtons de bambou.
Une belle et jeune pythie qui réalise sa prédiction ; une seconde épouse qui veut que le passé n’ait pas eu lieu et en efface les pas ; une fillette qui couve, dans le secret de son cœur, l’existence de cette mère dont elle était devenue la vestale ; une jeune fille à la beauté de déesse dont le rire s’éteint sous le poids de ce dont on ne parle pas, ne parle plus… Et puis Elle, Elle qui veut comprendre le jacquard au point compliqué qui forme le tissu de sa vie à Elle.
Ces passions sombres et lourdes, Nicole Versailles en déroule le fil pour nous, tantôt mince comme un cheveu d’ange, ou large comme un ruban de paquet cadeau. La volute d’une cigarette, haleine argentée à la subtile mais persistante odeur. Elle s’interrompt, repart à zéro, avec d’autres mots, dans une autre direction, à la recherche du moment où Suzanne n’a plus su donner que des silences entrecoupés de non et de plaintes. Lorsque Suzanne, vaincue, a été effacée de la vie comme Eugénie des souvenirs.
Et au cours de ce surprenant « dialogue », Eugénie, cette belle dame enfin dépoussiérée, ressuscitée, garde son expression attentive au bord du sourire, encourageant Elle à parler, parler encore. Et à bien écouter les détails. Oui, mais encore ? demande son regard ferme. Et enfin, posant les yeux sur l’indice où Eugénie l’a laissée se diriger, Elle sent son cœur s’envoler. Car comme la flamme d’une bougie tremblant dans la nuit, l’amour vibre d’une lueur timide mais gourmande. J’étais là, j’étais là, si humble et silencieux que … Mais j’étais là.
L’émotion a accompagné ma lecture je l’avoue, ayant parcouru autrement les mêmes dédales menant au cœur maternel pour y trouver cette braise rouge qui respirait dans le noir.
Qu’ajouter ? Que je l’ai lu d’une traite. Et que je me réjouis à l’idée de le relire, d’y revenir, de le garder, de le prêter en demandant qu’on me le rende. L’écriture en est si belle qu’on le relirait aussi rien que pour le bruit qu’elle fait…
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