Concerto à la mémoire d'un ange de Éric-Emmanuel Schmitt
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Quatre occasions de rédemption
Quatre nouvelles, unies par un fond commun, celui d'un personnage qui reçoit une occasion de racheter une conduite peu honorable.
Dans le désordre, un président de la république, une empoisonneuse, un marin qui a négligé sa famille, et un jeune musicien vont chacun se voir offrir une chance de rédemption qu'ils saisiront ou non, selon leur tempérament et les circonstances de la vie. Chacune de ces histoires est traversée par la présence plus ou moins discrète de Sainte Rita, la patronne des causes désespérées, mais ce n'est qu'anecdotique. Un petit clin d'œil, sans plus.
Le thème omniprésent est celui de la liberté d'être, de se dépasser, de mourir au vieil homme pour devenir, comme disait Goethe. Sommes-nous conditionnés par notre passé et par la personnalité que nous crée la machinerie neuronale qui nous gouverne?
Pour l'auteur, la réponse est claire: nous avons un libre-arbitre, qui nous permet, si nous le désirons vraiment de nous approcher d'un certain idéal, qu'on pourrait appeler de sainteté, faute d'un mot plus approprié. Encore faut-il le vouloir et accepter toutes les conséquences qui découlent du choix éthique que l'on a posé.
Chacune de ces nouvelles est émouvante, de manière très différente. Le prix du rachat de soi-même est souvent très élevé, mais certaines âmes, qui ont gardé un fond de pureté, acceptent de le payer, quelles que soient les conséquences, aussi tragiques soient-elles pour elles-mêmes.
C'est notamment le cas dans la nouvelle qui donne le titre à ce recueil, dans laquelle un jeune salaud se transforme en un homme bien alors que sa victime, pure au départ, devient une crapule de la pire espèce.
Le style littéraire de Schmitt est brillant sans ostentation, fluide, sans fioriture ce qui rend la lecture de ce livre particulièrement agréable.
Les éditions
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Concerto à la mémoire d'un ange [Texte imprimé] Éric-Emmanuel Schmitt
de Schmitt, Éric-Emmanuel
Albin Michel
ISBN : 9782226195913 ; 18,25 € ; 03/03/2010 ; 229 p. ; Broché -
Concerto à la mémoire d'un ange [Texte imprimé] Éric-Emmanuel Schmitt
de Schmitt, Éric-Emmanuel
le Livre de poche / Le Livre de poche
ISBN : 9782253160304 ; 7,40 € ; 05/10/2011 ; 224 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (14)
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Quatre mouvements, une oeuvre unique.
Critique de Bafie (, Inscrite le 19 juillet 2004, 62 ans) - 23 janvier 2019
Concerto à la mémoire d'un ange est un recueil de quatre nouvelles, cependant, entendons-nous bien, même si elles pourraient être lues séparément, le recueil révèle une trame narrative, un élément commun à ces quatre récits, des thèmes récurrents : changement, rédemption, pardon, damnation. Il ne s'agit pas de quatre nouvelles autonomes, ce sont plutôt quatre mouvements d'une oeuvre unique.
Prélude : L'empoisonneuse vous fera certainement frisonner et sonder votre entourage du coin de l’œil ; méfiez-vous, les apparences sont trompeuses et l'esprit humain peut se révéler parfaitement retors.
Con dolore : Le retour évoque le thème du changement: un drame vous effleure et vous fait revisiter votre vie, vous devenez alors autre au grand étonnement de votre entourage.
Con fuoco : Concerto à la mémoire d'un ange, nouvelle éponyme de ce recueil en constitue le climax ; la noirceur s'oppose à la lumière dès les premières lignes jusqu'au point final. Un récit qui va certainement me hanter longuement.
Marcatissimo : Un amour à l'Elysée met en scène les travers de l'âme humaine à travers le prisme du pouvoir. Cette nouvelle évoque quelques parcours réels et m'a parfois indignée car finalement ces guignols sont amenés à gérer notre présent et l'avenir de notre belle planète. Cette réflexion m'éloigne du propos de l'auteur qui, dans cette dernière nouvelle, nous livre certaines clés : le rôle du temps, des décalages temporels, il approfondit également cette idée dans son journal d'écriture.
Bis : le journal d'écriture de l'auteur nous livre le contexte, des clés de lecture, une réflexion,c'est également un partage d'émotions.
Je lis fréquemment monsieur Schmitt et place ce recueil dans mes préférés parmi ses écrits : les thèmes sont forts, les récits denses parfois assez effarants.
Comblée d'un moment de lecture profond, je remercie l'auteur non sans un clin d’œil à la blancheur de ses chemises : rien dans ce livre n'est de ce blanc immaculé.
Se lit agréablement
Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 1 octobre 2016
- « L’empoisonneuse » : Marie raconte au jeune curé Gabriel les meurtres de ses maris et amant ( dommage, la nouvelle commence bien, très bien même, mais finit de façon un peu court).
- « Le retour » : les quatre filles de Greg, le marin et la cinquième : Rita.
- « Concerto à la mémoire d’un ange » : le destin tragique de deux amis musicien, Caïn et Abel.
- « Un amour à l’Elysée » : de l’amour à la haine et vice et versa.
Se lit très agréablement !
Extraits :
* - Votre foi n’a jamais eu de crise ?
- Dieu ne supporterait pas mes caprices. Si je n‘étais pas à sa hauteur, il m’y remettrait sur-le-champ.
- La foi est une grâce.
- Exactement ! Quand on a la croyance qui flanche, Dieu vous botte le cul pour croire à nouveau.
* Dans l’appréhension de la mort, il y a trois peurs distinctes, l’inconnu de la date où l’on mourra, l’inconnu de la manière dont on mourra, et l’inconnu de la mort elle-même.
un humanisme affiché
Critique de Seb (, Inscrit le 24 août 2010, 47 ans) - 1 avril 2013
inégal mais appréciable
Critique de Gardigor (callian, Inscrit le 27 avril 2011, 47 ans) - 24 juillet 2012
les 2 personnages principaux sont touchants et l'intrigue haletante.
J'ai apprécié la nouvelle "amour à l'élysée" par ses rebondissements et ce personnage féminin très attachant.
La nouvelle "le retour" est plutôt courte et sans grand éclat.
Par contre je n'ai pas accroché sur l"empoisonneuse" que j'ai trouvé sans grand intérêt.
L'ensemble est plutôt agréable, bien écrit et le petit plus sur le partage des réflexions de l'auteur est la bienvenue.
Quatre histoires fournies avec le décodage
Critique de AntoineBXL (Bruxelles, Inscrit le 9 août 2008, 45 ans) - 11 juillet 2012
Ce qui me pousse à monter à 4, c'est ce "journal d'écriture" (les vingt dernières pages du bouquin) dans lequel l'auteur nous fait part de réflexions, plus ou moins proches de ses nouvelles, qui le traversent durant la période d'écriture. Il prend le temps de nous expliquer entre autres le travail minutieux de création des personnages et développe les contraintes en matière de rédaction de nouvelles. J'ai trouvé cette mise à nu fascinante et passionnante.
Le contenu de ces réflexions me donne l'impression de partager certains points communs avec EE Schmitt. Par exemple, je lis à la page 210 :"Je suis sensible à une chose dont j'entends peu parler: la juste taille d'un livre. En tant que lecteur, j'estime que la plupart des livres que je parcours n'ont pas leur juste taille: celui-ci fait trois cents pages alors que le sujet en appelle cent, celui-là se limite à cent vingt tandis qu'il en commande cinq cents. Pourquoi la critique littéraire continue-t-elle à éviter ce critère? (...) En sculpture, on s'étonnera qu'un artiste cisèle un ensemble monumental dans une petite pierre ou découpe un pissenlit dans un granit de six mètres de haut; en peinture, on saisit le rapport entre le cadre, sa dimension et le sujet; en musique, on juge parfois que tel matériel musical est insuffisant pour la durée de tel ou tel morceau. En littérature, jamais...".
Je me sens proche de cette opinion d'autant plus qu'il m'est arrivé plusieurs fois de me plaindre sur ce site du non respect flagrant de ce que Schmitt appelle "la juste taille d'un livre".
Quel grand écrivain! Dire que je ne l'ai jamais rencontré alors qu'il habite à moins de cinq kilomètres de chez moi...
Inégal
Critique de Florian1981 (, Inscrit le 22 octobre 2010, 43 ans) - 28 février 2012
Par contre la présence de Sainte Rita comme fil rouge est non seulement anecdotique comme le rappelle la critique principale, mais même carrément ridicule tellement c'est téléphoné. Mais bon passons...
1) L'empoisonneuse : 3,5/5
Ou comment une empoisonneuse au caractère bien trempé qui a liquidé ses précédents maris et amants va se laisser peu à peu persuader par un jeune prêtre séduisant d'aller avouer ses crimes.
L'histoire est assez peu crédible mais j'ai bien aimé la description des sentiments exaltés et le caractère de l'empoisonneuse. La chute est originale et imprévisible, mais un peu téléphonée quand même.
2) Le retour : 2/5
Sans doute la nouvelle qui m'a le moins touché. Un marin apprend pendant une traversée la mort de l'une de ses 4 filles mais il ne sait pas laquelle. S'ensuit un long moment d’introspection sur son désir d'être un meilleur père.
La réflexion n'est pas inintéressante mais je n'ai pas adhéré à l'histoire, d'autant plus que la chute est là encore vraiment téléphonée, c'est limite si l'auteur ne se fiche pas de nous!
3) Concerto à la mémoire d'un ange : 4,5/5
2 génies de la musique sont en concurrence, l'un n'est que douceur, l'autre esprit de compétition. A la suite d'un tragique accident, leurs caractères vont s'inverser et ils vont se retrouver des années plus tard.
Si les personnages sont vraiment trop caricaturaux et les bons sentiments un peu trop dégoulinants, j'ai trouvé l'histoire touchante et le dénouement (une fois n'est pas coutume!!) très à propos.
4) Un amour à l'Elysée : 3,5/5
La femme du Président en a marre de jouer la comédie d'un amour factice avec un mari qui la délaisse et la trompe. Elle va chercher à se venger.
Cette nouvelle m'a laissé un sentiment bizarre. On passe par toutes les étapes dans cette relation tumultueuse. La fin aurait pu prendre une tournure inverse, mais j'ai aimé l'orientation qu'E-E Schmitt lui avait donnée.
En conclusion, E-E Schmitt a fait du E-E Schmitt, c'est à dire des histoires pleines de bons sentiments, matinées avec un peu de philo de bazar, et sans véritable souci de crédibilité.
Ca se lit vite et bien, ça fait réfléchir (un peu) et je suis plutôt client même si les ficelles sont grosses!
L'aléa entre rédemption et vengeance
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 14 janvier 2012
Les cartes des frontières manichéennes sont aimablement rabattues, dans un style épuré, assez bien écrit, agréable, fort accessible, ce qui le rend grand public. Angélisme et cynisme, bons et mauvais sentiments alternent : l'auteur joue avec les hasards des vies qu'il crée.
Comme souvent chez cet auteur agréable, l'écriture et la réflexion sont grand public, intéressants et pédagogiques sans transcendance. L'ensemble mérite réflexion et approfondissement, et donne de plaisants moments de lecture.
Séduit dès les premières pages
Critique de Krapouto (Angouleme Charente, Inscrit le 4 mars 2008, 79 ans) - 18 novembre 2011
La nouvelle est un art qui demande de la concision, quand on sort de Dan Brown ça nous change ! quitte à nous faire un petit déficit de crédibilité : un peu bizarre cette compétition sportive à l'issue d'un concert ou d'une audition d'artistes virtuoses ? un peu bizarre cette Marie " presque Besnard"? Un peu bizarre ce marin ? Crédible la vie à l'Elysée et l'allusion douteuse à Lady Di ? mais bon, je préfère considérer cet ensemble de nouvelles comme un conte philosophique, au diable le diplôme de crédibilité. Des destins exceptionnels et vrais, on n'en trouve que chez Pierre Bellemare voyons ! !
va pour 4 étoiles
Sainte Rita, aide-moi !
Critique de JEyre (Paris, Inscrite le 17 juillet 2010, 43 ans) - 2 novembre 2011
Au fait, pourquoi déçue ? Parce que j'ai eu la bêtise de penser qu'un prix littéraire (Goncourt de la nouvelle) pouvait être le gage de plus de créativité et d'originalité.
Un divertissement
Critique de Flo29 (, Inscrite le 7 octobre 2009, 52 ans) - 19 septembre 2011
J'ai apprécié le journal de l'écriture à la fin du recueil. Ca m'a un peu éclairée sur les choix de l'auteur, ses pensées.
Ce recueil a été pour moi un bon divertissement. Ceci dit, je préfère vraiment le livre "la rêveuse d'Ostende" ou encore "La part de l'autre".
Une réussite
Critique de Pieronnelle (Dans le nord et le sud...Belgique/France, Inscrite le 7 mai 2010, 76 ans) - 25 août 2010
si cela pouvait être vrai
Critique de Thierry13 (, Inscrit le 3 août 2010, 53 ans) - 25 août 2010
Comment notre manière d'agir, l'orientation que l'on donne à notre vie est influencée par notre passé et les évènements que l'on subit.
A lire et surtout à méditer.
Un très très très bon moment de lecture !
Critique de Mandarine (, Inscrite le 2 juillet 2010, 52 ans) - 20 août 2010
Le journal (en deuxième partie du livre) est une partie que j'adore : cela m'intéresse de savoir ce que pense un auteur sans se "cacher" derrière ses personnages : je suppose que cela n'est pas un exercice facile pour lui !
Mais voilà, il y a un bémol ! Le livre est trop "court" (!) et une seule journée en compagnie de ce livre, ce n'est pas assez !... Déception ! ...
"Les fleurs en fonction du bouquet"
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 24 juillet 2010
Tous les personnages vont être face à des choix fondamentaux dans leur existence, et devront ou non les assumer par la suite.
Un recueil philosophique qui nous renvoie à travers ses histoires si différentes à nos propres choix: "Descartes ou Spinoza?"
Plus que le côté philosophique que nous propose l'auteur dans ces notes d'écriture, c'est sa vision de la nouvelle qui m'a le plus interpellé.
Moi aussi, je considérais que la nouvelle était une genre mineur de la littérature."Réduire un récit à l'essentiel, éviter les péripéties inutiles, ramener une description à une suggestion, dégraisser l'écriture, exclure toute complaisance d'auteur, cela prend du temps, cela exige des heures d'analyse et de critique."
Vous avez changé ma vision du genre M. Schmitt.
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