La vie des insectes de Viktor Pelevine

La vie des insectes de Viktor Pelevine
( Jizn ́nasekomyh)

Catégorie(s) : Littérature => Russe

Critiqué par Dirlandaise, le 10 avril 2010 (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 68 ans)
La note : 7 étoiles
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Histoires étranges et surréalistes

Viktor Pelevine est qualifié de figure de proue de la littérature russe actuelle. Ce livre est un des plus étranges qu’il m’ait été donné de lire. Il s’agit de quinze nouvelles ou chapitres mettant en scène des personnages qui souvent sont décrits comme des humains mais peu à peu deviennent des insectes capables de voler et aussi de creuser des tunnels afin de se mettre à l’abri du monde extérieur. Nous retrouvons des cafards, des fourmis, des mouches, des phalènes et des scarabées bousiers. Ils vivent tous des aventures étranges, surréalistes, fantastiques qui semblent absurdes à priori mais qui renferment une symbolique et constituent une critique de la société russe actuelle.

Je n’ai pas aimé au début et j’ai failli abandonner très vite tellement ces histoires me laissaient une étrange impression de malaise et comme je n’aime pas trop les insectes, j’étais dégoûtée par les descriptions de corps et de pattes griffues qui s’accrochent et qui creusent. Toute l’atmosphère du livre me répugnait mais je me suis dit qu’il fallait persévérer jusqu’à la fin juste pour voir où l’auteur voulait en venir. Ai-je tout compris ? Je dois avouer que non. Peut-être faut-il être russe pour bien saisir les messages de monsieur Pelevine ? Certains chapitres sont assez facilement compréhensibles alors que d’autres sont tout à fait obscurs. Les personnages sont des êtres qui se débattent pour leur survie et les femmes jouent de séduction afin de s’attirer les faveurs des mâles qui bien souvent ne savent pas bien les aimer et les protéger. Les différents personnages reviennent d’une histoire à l’autre et certains connaissent un destin tragique.

Je n’ai pu m’empêcher de penser à Kafka en lisant cela. Les récits que j’ai préférés sont « Le cavalier noir », « Paradise » et « Trois sentiments de la jeune mère » malgré quelques passages absolument dégoûtants. Les thèmes récurrents sont la recherche de la lumière et l’absurdité de la vie. C’est à lire pour le côté étrangement absurde et fantastique à la fois.

« La nuit de Crimée est étonnamment belle. Lorsqu’il s’obscurcit, le ciel semble s’élever plus haut que partout ailleurs, et des milliers d’étoiles deviennent visibles. De lieu de villégiature pan-soviétique, la péninsule se transforme imperceptiblement en province romaine. Le visiteur ressent au fond de son âme les sentiments ineffablement compréhensibles de tous ceux qui voyageaient jadis la nuit sur des routes anciennes en écoutant la stridulation des cigales et regardaient le ciel sans arrière-pensées. Les cyprès étroits et élancés ressemblent aux colonnes de ruines très anciennes, la mer bruit comme au bon vieux temps (quelque vieux qu’il soit), et, avant de pousser sa boule de fumier devant soi, on parvient à comprendre, l’espace d’un instant, à quel point la vie est mystérieuse et surprenante et combien minuscule en regard de ce qu’elle pourrait être. »

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