Quelle Clémence !!!

Yves Josso, commençons par parler de l’auteur de ce très bon roman policier, est un véritable touche à tout. Donc comme tous ceux qui appartiennent à cette noble catégorie humaine, on le connaît sans le connaître, on le croise dans des génériques ou sur des couvertures sans savoir réellement qui il est. Pensez donc il a été successivement et concomitamment parolier, comédien, scénariste, romancier, nègre, rewriter d’articles pour les uns ou les autres, intervieweur ou auteur de textes pour la radio, bref il est là à chaque fois qu’il faut raconter une histoire, des histoires… Est-ce d’ailleurs une histoire, mais le bruit circule qu’il aurait même été directeur d’une usine frigorifique… de quoi nous faire froid dans le dos, ce qui n’est pas si mal pour un homme qui va devenir auteur de romans policiers !

Après avoir touché à tout – il a même fait du carnet de voyage, on espère après avoir voyagé mais allez savoir – il crée le personnage de Clémence de Rosmadec dont il a, pour le moment, écrit trois histoires. J’espère honnêtement que cela ne prendra pas fin tout de suite car le plaisir des lecteurs est tel que cela mériterait bien d’être prolongé jusqu’au trente-troisième roman…

Clémence est une charmante jeune femme, la vingtaine, rousse, artiste et étudiante aux Beaux-arts. Elle habite tout près de Paris, dans une famille aisée ce qui va lui permettre de se consacrer à la peinture sans se poser trop de question pour son avenir. Sa grand-mère, une charmante femme de classe, possède une demeure – un château diraient certains – à Pont-Aven, une ville de peinture, d’autant plus que nous y sommes au moment où un certain Gauguin vient y chercher du calme et de l’inspiration. Clémence à chaque vacances y fréquente ainsi les peintres connus et inconnus qui travaillent jour et nuit… Enfin, la nuit, ils boivent un peu plus qu’ils ne travaillent…

Nous sommes donc bien en présence d’un roman policier historique, remarquablement bien documenté et Yves Josso a choisi de souvent faire parler les artistes de cette époque avec leurs propres mots pris dans des lettres et documents en nous précisant les sources. Il est donc à la fois romancier – Clémence est bien un personnage de fiction – et historien de l’art. Cette partie baignée dans la peinture de la fin du dix-neuvième siècle sera un véritable bonheur pour tous ceux qui aiment ces artistes omniprésents…

Mais nous sommes aussi dans un roman policier, bien ficelé, crédible et terrible. Il y a donc bien un mort, enfin une morte pour être précis, et c’est cette chère Clémence qui le découvre en prenant son petit bain de mer. Le corps est là dans une barque… C’est ainsi que Clémence d’ailleurs va devenir, progressivement, à cause de – ou grâce à – l’incompétence de la gendarmerie, du juge d’instruction, de la police… Il faut dire que le premier accusé est son amoureux Gildas. Elle doit donc le sauver des accusations multiples qui l’assaillent…

Clémence n’a pas qu’un seul courtisan car cette rousse artiste et dynamique semble faire tourner les têtes. Les artistes, eux-mêmes, la prendraient bien comme modèle et maîtresse… Même Gauguin y songe un peu !

Un des personnages clefs de cette histoire est la mer. On sent qu’Yves Josso est un passionné de cette grande étendue bleue et cette passion se retrouve, du coup, chez Clémence, Gildas, Gauguin… c’est d’ailleurs en prenant son bain nue que… Enfin, vous verrez bien !

Il y a dans ce roman de bien belles choses, des sentiments atypiques et des situations cocasses. Le personnage d’André, policier célèbre à Paris et quelque peu méprisé en Bretagne, apporte une touche d’humour et de romantisme. En effet, c’est l’amoureux transi et platonique de la mère de Clémence, une pianiste virtuose. Du coup, il se fait inviter régulièrement pour l’écouter durant des heures sans rien dire… Enfin, l’oncle prêtre de Clémence, alcoolique et gardé du mal par sa sœur, vieille demoiselle aigrie, est à se tordre de rire même quand il se lance dans une théologie morale très discutable… Enfin, que voulez-vous, comment ne pas prendre un verre de vin quand on est chrétien et prêtre… Non ?

Nous sommes donc en présence d’un très bon roman policier, historique, artistique, plein d’humour et de tendresse, un poil marin et donc qui vous offrira, je l’espère, un très bon moment de lecture !

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  Été meurtrier à Pont-Aven [Texte imprimé] Yves Josso

  de Josso, Yves
  10-18 / 10-18. Série Grands détectives
  ISBN : 9782264042842 ; 0,89 € ; 05/09/2007 ; 411 p. ; Poche

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