En arrière de Marcel Aymé
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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10 nouvelles
Marcel Aymé aura écrit énormément de nouvelles. « En arrière » est un des recueils de ces nouvelles, le dernier, paru en 1950. Ces nouvelles sont, quasi systématiquement, bordées, frangées de fantastique. Marcel Aymé utilise volontiers l’outrance du fantastique pour mieux mettre en évidence son propos ou la conclusion à laquelle il veut amener le lecteur. On est le plus souvent au bord du conte, et le tout dans une langue châtiée mais très agréable à lire. Pas étonnant qu’on faisait lire autrefois ( ?) Marcel Aymé – et notamment « Les contes du chat perché » dans les écoles.
Une des plus intéressantes dans ce recueil ; « Le mendiant », voit Marcel Aymé railler l’importance que prend l’automobile dans notre civilisation occidentale, d’une très belle manière et certainement assez visionnaire à l’époque ? Du reste, ça commence comme un conte :
« Il y avait à Detroit, dans l’Etat de Michigan, un homme très pauvre et très pieux, du nom de Théobald Bradley, qui avait une voiture vieille de presque huit ans. »
Et ça continue comme un conte, le plus fameux qui soit puisque pastiche de la Bible et de la naissance du Christ. Il s’agit là de la naissance du « Grand Moteur », pour laquelle un ange va venir chercher Theobald et le guider, roi mage moderne.
« Il est né ! s’écria l’ange en tombant à genoux. Il est né, le fruit du labeur de l’Homme et de la Femme ! Gloire au Grand Moteur sur la terre et dans les cieux, gloire au Grand Moteur, dispensateur de toute énergie ! Le Messie est enfin venu et il a choisi, pour vivre parmi vous, de s’incorporer au moteur d’une petite voiture toute simple, fabriquée par un couple innocent de jeunes mécaniciens ! »
Tout cela va finir en une caricature des prêcheurs nord-américains et leurs capacités à fonder des sectes et à recruter. Assez visionnaire aussi m’a-il-semblé ?
« Fiançailles » continue dans la veine fantastique avec un marquis de Valoraine contraint de révéler au monde, en l’occurrence Monseigneur d’Orviel, que son fils est un centaure. Un centaure, oui, vous savez, la créature mi-homme mi-cheval ! Mais voilà-t-y pas que la nièce de Monseigneur d’Orviel, que Marcel Aymé s’emploie à nous décrire en des termes qui ne dépareraient une jument, n’est pas insensible aux charmes dudit centaure. Contre toute attente on se dirige droit vers des fiançailles puis le mariage quand une jument, une vraie celle-là, passe par là. Vanités, vanités …
Dans « Avenue Junot », curiosité, Marcel Aymé fait carrément intervenir un Ferdinand Céline, dans un petit rôle un peu cruel.
« Conte du milieu » nous raconte bizarrement l’ambiance délétère du jour de fermeture d’une maison close, au cours duquel des histoires s’échangent. Des histoires de maison close. Très daté ça aussi !
« Josse » qui m’a paru sensiblement plus moderne dans son inspiration, raconte la difficulté de l’adjudant Josse qui doit partir en retraite après des années et des années de bons et loyaux services. Il rejoint sa sœur, célibataire aigrie de son état et chacun n’aura de cesse de prendre barre sur l’autre. Le retour à la vie civile n’est pas simple quand on a passé des années à encadrer et à être encadré ! Et la fin prouve que ça peut finir mal !
Des nouvelles extrêmement variées extrêmement agréables à lire. Une plongée dans une certaine mentalité des années de l’après-guerre.
Les éditions
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En arrière [Texte imprimé], nouvelles Marcel Aymé
de Aymé, Marcel
Gallimard
ISBN : 9782070204045 ; 10,18 € ; 22/11/1950 ; 264 p. p. ; Broché
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