Un homme louche de François Beaune

Un homme louche de François Beaune

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Ddh, le 16 février 2010 (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 83 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 977ème position).
Visites : 3 737 

un homme (qui) louche

Un homme louche que ce Jean-Daniel Dugommier ? Plutôt, Jean-Daniel louche sur le monde qui l’entoure et son strabisme le mène dans un kaléidoscope de ceux qu’il côtoie ; il les guette et les transpose dans sa sous-réalité comme il l’affirme.
Ce roman fait partie de la présélection du 23ème Festival du premier roman de Chambéry et de la sélection du Prix Première RTBF radio 2010. François Beaune habite Lyon où le lecteur suit les pérégrinations du « héros » du roman. L’auteur flirte aussi avec le cinéma, il a fondé la revue Louche et écrit une pièce de théâtre Victoria qui a été jouée à Lyon.
Ce journal intime recouvre deux courtes périodes : l’une, un moment de la jeunesse de Jean-Daniel Dugommier et l’autre 26 ans plus tard.
Dans son premier cahier, le narrateur évoque son époque « le glaviot », surnom que son entourage lui avait attribué. Durant celle-ci, il exprime ses problèmes, ses échecs avec ses parents, sa sœur Emma et sa scolarité catastrophique. Et pourtant, il analyse son entourage et, rejeté, il se sent capable de tout faire imploser autour de lui. Ce délire le mène chez les psys… et l’hôpital.
Dans la deuxième partie, on retrouve le Glaviot redevenu Jean-Daniel, adulte dans la force de l’âge mais toujours aussi antihéros, notamment par son penchant pour la boisson qui l’entraîne dans des cafés où il rencontre ses amis d’infortune. Il n’arrive pas non plus à nouer une relation durable et constructive avec sa femme Céline, mais il en souffre, de même de l’absence de son fils Marjory.
Dans cette deuxième partie, il dépeint avec beaucoup d’acuité les personnes qu’il croise dans les rues. Cela nous vaut autant de réflexions sur la condition humaine.
Ce journal intime ne manque pas d’humour souvent noir mais qui « désafflige » le lecteur. François Beaune a le sens de jeux de mots, de formules qui entreraient bien dans un recueil d’aphorismes.

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humour noir ?

8 étoiles

Critique de Lectio (, Inscrit le 16 juin 2011, 75 ans) - 2 août 2012

Ce premier roman remarquable est un journal en deux parties. La première comporte les notes d'un adolescent, surnommé Glaviot depuis son enfance. Renfermé, sans amis, plus que cancre, il partage son temps entre l'observation de ces parents, petits commerçants, et sa soeur Emma son ainée. Plus que sale, limite autiste, il sera interné... Vingt cinq ans plus tard, l'adolescent est devenu Jean Daniel Dugommier. Marié à vingt ans, père de famille, homme de petits boulots et alcoolique, son fils Amory se suicide à l'âge de 15 ans. Incapable de vivre sa vie, Dugommier s'incarne dans celle des autres. Voyeur, fin observateur, Dugommier s'intéresse aux détails. "L'homme louche est celui qui sait arrêter son regard sur l'essentiel, qui s'intéresse plus à la merde qu'au chien". L'homme terminera sa vie précocement.. à l’hôpital. On peut rire beaucoup avec ce livre à condition d'apprécier sarcasme et humour noir. Pas de "mélo", pas de grandes théories. Simplement une fiction, bien enlevée, sur les détails, les incohérences nombreux dans notre vie quotidienne.

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