Un soir au club de Christian Gailly

Un soir au club de Christian Gailly

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Miller, le 26 janvier 2002 (STREPY, Inscrit le 15 mars 2001, 68 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 14 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 691ème position).
Visites : 7 310  (depuis Novembre 2007)

Le dernier Gailly est arrrivé !

Un soir au club, le onzième roman de Christian Gailly . Sait-il, vraiment, Simon Nardis, qu'il rate son train pour ne pas laisser passer sa chance ?
Une chance double, celle de retrouver la musique qu’il avait perdue et la femme qu'il n’espérait plus. Seulement voilà, qui dit train dit horaire, qui dit horaire dit morale, qui dit morale dit vie conjugale. Simon Nardis était déjà marié. Nardis a abandonné le jazz (et l'alcool) depuis dix ans.
Son boulot actuel c’est de vérifier le chauffage de salles industrielles ou commerciales.
Et puis le hasard lui plaque le pif sur un clavier de piano dans une cave - club à jazz. Le personnage Nardis marié comme Gailly avec le Jazz, avec Coltrane et Mile Davis. Gailly et la musique. Gailly écrivain.
Gailly est l’homme de la lisière, de l’entre deux . Entre la terre et le vide. Gailly du bord du bord de la falaise. Le vertige. Entre douceur et dureté. Tendresse et cruauté. Sobriété et maîtrise. Gailly et ses phrases courtes. Son style millimétrique. Gailly et le moindre détail. Gailly à tout. Nardis ce musicien marié qui abandonne sa femme et l’amour sincère de sa femme pour Debbie une chanteuse de jazz ?
Allez voir par vous-mêmes.
Depuis 1987, depuis Dit-il, son premier roman et surtout depuis K622, son second, (une évocation d'un concerto de Mozart) , Un soir au club, renoue avec la meilleur fibre de l’auteur. Pur plaisir.

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Jazz et littérature

9 étoiles

Critique de Flo29 (, Inscrite le 7 octobre 2009, 52 ans) - 16 mars 2011

Je ne connaissais pas du tout cet auteur, et n'avait aucune idée de qui il était, je l'ai appris en lisant les autres critiques. J'aime le jazz et forcément le roman m'a beaucoup plu, puisque cette musique est sans arrêt présente. Mais j'ai plutôt retenu la soif de liberté du personnage de Simon, son envie de redevenir lui-même à un âge où l'on se pose toutes les questions essentielles: où vais-je, qui suis-je?
Et même si c'est complètement immoral de se réjouir de la mort de sa femme car on a rencontré quelqu'un d'autre, c'est tellement bien écrit que cela devient presque acceptable.
Le récit est court, facile à lire, mais il nous déroute un peu à cause du style de l'auteur. C'est du jazz devenu littérature. Je vais en lire d'autres du même auteur.

À 22h58 Debbie dans le cétacé au néon vert; JAZZ

8 étoiles

Critique de Matthias1992 (, Inscrit le 27 août 2007, 32 ans) - 8 décembre 2009

"Le piano n'était pas le violon d'Ingres de Simon Nardis. C'était bien plus qu'un violon d'Ingres. Le piano était pour lui ce que la peinture était pour Ingres. Il cessa de jouer comme Ingres aurait pu cesser de peindre. C'eût été dommage, dans le cas d'Ingres. Ce fut dommage dans le cas de Simon Nardis."

Saxophoniste pendant vingt ans avant de s'atteler à l'écriture de romans, Gailly déploie son écriture délicieusement syncopée, millimétrée, qui transpire la pulsation du jazz, exhale le rythme d'une rengaine voluptueusement rallongée, exalte les petites choses de la vie, s'attarde avec délice sur un train à 22h58, sur l'enseigne d'une boîte de jazz figurant un dauphin accroché à un fil de néon vert, sur un chat qui s'appelle Dingo.

Gailly dit avec tact, doigté et une indéniable grâce les concours de circonstances inopinés, les juxtapositions imprévisibles de faits, d'événements et d'avatars de tout acabit, les mille et un soubresauts du destin capricieux qui, comme au jazz, improvise. Coltrane, Charlie Parker, Miles Davis sont là-haut quelque part, accompagnent de loin le récit, qui bat son aile, et son écriture qui, pour notre plus grand bonheur, n'en fait qu'à sa tête.

Effet papillon

6 étoiles

Critique de El grillo (val d'oise, Inscrit le 4 mai 2008, 50 ans) - 20 avril 2009

Une simple décision, aller dans un pub un soir de boulot, et la vie bascule, celles des autres avec. Certains parlent de hasard, d'autres de destin, qu'importe, c'est la vie.
Une histoire banale donc mais contée de façon légère et sombre à la fois.
La première partie, envoutante, permet de sonder l'âme de Simon et d'en explorer toute sa mélancolie. On suit ses pensées, ses ratés, ses actes manqués, ses regrets à travers un désir de "jazzer" enfoui au fond de lui. Le jazz, sa vie. Il a failli passer à côté mais maintenant c'est fini, il se lance et change de vie. Tout bascule en cette nuit de cuite, et la suite, la partie amourette, que j'ai trouvé moins prenante, évapore l'effet immersif réussi du début. On vibre moins, plus de musique, plus de son, moins d'image...

Je comprends que l'on puisse détester ce livre, après tout, l'écriture peut paraitre plate par moment, et l'histoire banale. Mais je comprends tout autant qu'on le porte en estime pour ce qu'il a de fort: la mélancolie, l'introspection, s'ouvrir à soi, se lâcher, c'est jazzy ça...
Quant à moi, j'ai aimé, passé un bon moment, mais dans le genre roman court avec ce qu'il faut de personnages dépressifs qui s'ignorent, je lorgne plus vers Pascal Garnier qui me séduit un tantinet plus.

"Round about Midnight"

8 étoiles

Critique de Fee carabine (, Inscrite le 5 juin 2004, 50 ans) - 15 mars 2005

Voici un livre qui m'a laissée mi-séduite, mi-partagée... Séduite aux trois-quarts en somme. Une petite histoire de rien du tout. Une écriture dont on pourrait croire tout d'abord qu'elle est réduite au degré zéro du style. Des phrases courtes, très courtes même... Des répétitions ("renonça", trois fois dans un seul paragraphe...) sur lesquelles l'oeil accroche, et puis ces phrases qui se terminent comme en suspends ("Ils étaient trois, donc.", "(...) j'ai cru que je pourrais encore et puis.") et celles qui commencent comme à contretemps... Répétitions, ruptures, syncopes et anacrouses, c'est déstabilisant, c'est dérangeant. Et pourtant, il émane de ces phrases un charme bizarre, qui fait qu'on en redemande malgré un soupçon d'agacement, la même impression que celle que j'ai éprouvée en écoutant pour la première fois des enregistrements de Michel Petrucciani, une musique que j'ai finalement appris à aimer.

Me voici donc séduite aux trois-quarts par ce "soir au club", mais une chose est sûre, je lirai d'autres livres de Christian Gailly. Et j'apprivoiserai peut-être - ou peut-être pas - sa petite musique

Un placébo

2 étoiles

Critique de Léonce_laplanche (Périgueux, Inscrit le 22 octobre 2004, 88 ans) - 3 février 2005

Une histoire centrée sur un personnage : Simon Nardis ( petit appel du pied aux amateurs de Bill Evans), ex- célèbre pianiste de jazz. Dix ans plus tôt il a laissé tomber musique, alcool, et pétards probablement, pour une vie bien rangée avec sa petite famille.
Le hasard lui redonne un siège occasionnel dans un club de jazz…et les vieux démons de ressurgir…
Histoire convenue, personnages simplistes, situations factices et invraisemblables…tout est étriqué et pas mal racoleur !
Un placebo ! Incolore inodore et sans saveur.
Quant à l’écriture, musicale est-il dit au dos du livre…. Admettons ! Mais je ne suis pas convaincu, je n’ai jamais compris ce que cela voulait dire une écriture musicale !

Ai attendu avant de lire, aurais dû m'abstenir

1 étoiles

Critique de Lamanus (Bergerac, Inscrit le 27 janvier 2005, 65 ans) - 3 février 2005

Rien moins qu'un livre barbant — une qualité que les éditions de Minuit semblent cultiver. Outre l'écriture qui se veut faussement jazzy, le thème franchement léger et le traitement ouvertement racoleur, Un soir au club est le comble du snobisme tendance larmoyant. On s'y ennuie de bout en bout avec des bâillements au milieu.
Bref, je ne voulais pas le lire et j'aurais dû m'y tenir.

Et le reste de la vie.

10 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 30 décembre 2004

Christian GAILLY a reçu le prix LIVRE INTER en 2002 pour Un soir au Club. Belle récompense pour un bien beau livre. L'envie de vivre, de vivre enfin sa vie même passée la bonne quarantaine, quitte à tout bouleverser. Et retrouver le même soir et la musique qu'on aime et la femme qu'on ne pourra plus quitter. Incandescent. Et cette fois ci l'écriture de GAILLY est adaptée, et au point. Pas comme dans "Dernier amour" où il m'avait fait peur! Phrases courtes, toujours, mais taillées comme il faut. C'est comme les fruitiers, si l'on veut des bourgeons il ne faut pas tailler n'importe où!
"Son sac, dieu sait pourquoi, elle ne pouvait pas l'atteindre. Un sac comme ça se faisait dans le temps pour aller à la piscine. Fermé en haut par une ficelle passant dans des oeillets dorés.
Debbie fouilla, trouva, ce qu'elle avait noté, et aussi ses lunettes grâce à quoi Simon lui supposa un âge qu'elle ne faisait pas.
Son maillot lui allait à merveille. Mieux que ça. Semblait fait pour elle. Mieux que ça. Avoir été fait, non pas pour elle mais sur elle. Peut être même avec sa peau. Mais comme c'est impossible elle avait dû naître comme ça, en maillot noir une pièce.
Dans le mouvement qu'elle fit pour reposer son sac de piscine, son foutoir à ficelle, Simon put voir que la peau se fripait au pli intérieur de la cuisse et au pli intérieur de l'épaule. Debbie avait bien l'âge qu'elle ne faisait pas.
..."
Et vous savez à qui ça m'a fait penser cette écriture? A qui ça devrait plaire? A Yali.

un livre fantastique dans un style très réaliste......

9 étoiles

Critique de Cocoline (Lyon, Inscrite le 20 avril 2003, 37 ans) - 9 avril 2003

nul besoin d'être passionné de jazz pour se laisser entrainer dans l'histoire d'un homme qui va retrouver sa passion grâce à un fabuleux concours de circonstances à une vitesse époustouflante. Comme un observateur invisible,Gailly rapporte évènements et dialogues dans un style simple et original. Pensées, gestes et comportement semblent empruntés au quotidien, ce qui donne à toute l'histoire et aux personnages ce caractères si vivant et si vrai. Simon Nardis devient le temps d'un livre: voisin, ami, personnage rencontré dans la rue. Un soir au club nous emporte dans un tourbillon infiniment réaliste d'où l'on ne sort qu'après avoir tourné la dernière page. Un vrai bol d'oxygène !!!!

le quotidien transformé en aventure

10 étoiles

Critique de Darius (Bruxelles, Inscrite le 16 mars 2001, - ans) - 5 septembre 2002

Après “Nuage rouge" qui ne m’avait pas laissé insensible, j'ai découvert "Un soir au club" du même auteur. Qu'ajouter de plus aux critiques déjà parues, sinon que ce roman est du même tonneau, le quotidien transformé en aventure. Je reprendrais une phrase de Proust pour désigner cet auteur qui fabrique du rêve avec la grisaille quotidienne "le véritable voyage ne consiste pas à découvrir de nouveaux paysages, mais à adopter un autre regard sur les choses"

Dans les méandres de la note bleue

9 étoiles

Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 3 septembre 2002

Simon Nardis ou l'éternelle question: la vie est-elle finie après cinquante ans? Ce roman commence dans l'atmosphère moite et enfumée d'une boîte de jazz, dont la description ici fait que l'on a constamment l'impression d'accompagner les héros, d'écouter religieusement les mêmes mélodies qu'eux
Et puis c'est le basculement, irréversible, irrémédiable. Et le final de ce roman triste et cruel à la fois. Je ne connaissais pas cet auteur et la lecture de ce roman m'a donné tour à tour le sourire, la pitié, l'incompréhension, et la larme à l'oeil. Un roman qui ne vous lâchera pas. Voila, je tenais à faire partager cette agréable surprise pour moi d'avoir découvert pareil roman.

Le rêve de toute une vie

9 étoiles

Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 8 août 2002

Christian Gailly nous décrit un instant de grâce. Le rêve de toute une vie d’un homme, Simon Nardis, qui pensait que ça ne lui arriverait plus: l'amour, la musique. Et tout s’y mêle, jusqu’au décès presque bienvenu de son épouse, mais qu'on ne s'y trompe pas, cet homme qui perd sa concubine dans un accident l’aimait très fort.
Il y a la façon de rendre compte de l'histoire, avec des sauts dans le temps et l'espace, des avancées rapides et des retours en arrière, par un narrateur qui est peintre et a connu tous les protagonistes de ce récit.
Il y a aussi le style qu'on pourrait qualifier de savant débraillé. En effet, Gailly se joue de la ponctuation comme personne. Il "passe" des virgules, multiplie dans plusieurs phrases les deux-points (jusqu’à quatre) et va parfois à la ligne avec une majuscule après deux-points. Sans nul doute que Gailly se sert de sa technique d'ex-jazzman pour nous ensorceler comme cela, nous travailler à ce point la corde sensible, et sur tous les tons.
Du grand art !

Prix du Livre Inter 2002

8 étoiles

Critique de Stéphanie (Chevreuse, Inscrite le 12 juillet 2001, 53 ans) - 4 juin 2002

Pour info, Christian Gailly vient d'obtenir le prix du 28ème Livre Inter pour "Un soir au club". Le jury était cette année présidé par Philippe Djian.
Félicitations !!!

Ce jazz qui jase dans le noir...

8 étoiles

Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 10 février 2002

C'est d'abord l'omniprésence du jazz. Les grands saxophonistes sont convoqués – Parker, Coltrane, Coleman. Point de saxo, pourtant, au club, ce soir-là. Non, sur l'estrade, un trio de jeunes : piano, batterie, contrebasse. Et dans la salle, un homme, Simon Nardis. Simon Nardis qui ne sait pas encore qu'il sera demain, qu’il est déjà sans le savoir un élément dans un autre trio, un angle (aigu) dans le triangle « un homme, deux femmes » qui reste l'un des ressorts de base de tout drame. Simon l’ingénieur a oublié le jazz grâce à son nouveau boulot. Il n’écoute plus de jazz : que du classique. Simon, dont le jazz était toute la vie, il y a dix ans et dix minutes. Simon l'homme a oublié les femmes grâce à sa femme, Suzanne, Suzie. Il a oublié ce mélange mortel : « nuit, jazz, alcool, drogue, femme, jazz, nuit ». Et puis, il suffit de dix minutes. Il suffit de se laisser tenter, de balader dix minutes ses mains sur le clavier pour que tout bascule. Pour que Debbie, la tenancière du club, reconnaisse le swing de Simon. Pour que Simon rate son train, puis le suivant. Pour qu'il téléphone à Suzie : j’ai « encore » raté mon train. Pour que Suzie s'inquiète. Pour que… « Le train de l'oubli roulait vers Paris ». « Suzanne roulait vers Simon. » Soit un train de l’oubli qui roule vers Paris. Soit une femme en train d’être oubliée qui roule vers son homme. Soit cet homme, en bord de mer, en train de se dire : « Au fond, je n'avais pas envie de jazz, encore moins de musique, j'avais juste envie de vivre, une minable petite envie de vivre ». A quel moment les trains se rencontreront-ils ? Unité de temps : vingt-quatre heures dans la vie de Simon Nardis. Les vingt-quatre heures décisives.
Unité de lieu : le club, la ville, le bord de mer. Et cette route vers Paris, ce double chemin – de fer, de bitume. Unité d’action : est-on un homme mort quand on a des poils blancs sur la poitrine ? « Un soir au club », de Christian Gailly : beaucoup plus qu’un trio de jazz.

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