Sans frigo de Renaud Ambite
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Au nom du fils...
Ambite. Un nom lourd à porter. ou dur. c’est selon. Qu’est-ce qu’il a dû en baver dans les cours de récré, Renaud, à l’âge où l'aristocratie est de muscle et de gueule, à l’heure où les connards triomphent.
Capable d'autodérision, Ambite : « Je suis né en érection L'accouchement fut difficile, j'étais accroché comme un hameçon. » Aujourd’hui, Renaud publie son deuxième livre, Sans frigo, qui succède à un premier roman, Thérèse m'agaçait (éditions de l’Aube). Et les connards la bouclent. Le narrateur n'est pas nommé. Si, peut-être. Encore que… Si oui, le lecteur oublie aussitôt son prénom, comme celui de « l'étranger » de Camus. En tout cas, le narrateur personnage, le « héros » (mais pas dans le sens héroïque, faut-il le préciser ? Je songe à certain notaire reprochant au protagoniste de certain roman son manque d’héroïsme.), le « JE » (qui est un autre, comme chacun sait), le gars, le mec en clair se débat entre deux époques de sa vie : passé et présent. Les chapitres qui narrent les événements passés et ceux qui évoquent les faits présents (ou moins passés.) alternent régulièrement : les impairs pour le présent, les pairs pour le passé. Vingt-trois chapitres, donc retour final au présent. L’incipit ? « Ce soir je mangerai des pois chiches, un morceau de fromage et peut-être une pomme. » La coda ? « Ce soir je mangerai des pois chiches, un morceau de fromage. Et peut-être une pomme. » On l’a compris : rond comme une pomme, cyclique et anodin comme un pois chiche, l'itinéraire du JE. En tout cas, à première vue. Car le personnage est coincé dans sa vie, entre ses parents, ses beaux-parents et sa femme, Hélène. Enfant désemparé dans le monde des adultes ; adulte considéré comme le grand enfant qui n’a jamais mûri, il subit poliment les remarques de son entourage, et particulièrement de cette belle Hélène qui ne supporte plus… sa légèreté ? sa naïveté ? sa maladresse ? « J’avais 21 ans et je me trouvais vieux. Hélène deux ans de moins, et elle l’était. C'était une fille du genre à assortir le liquide vaisselle au carrelage de la cuisine, mais je ne le savais pas encore. » Et puis bien sûr, ils auront un enfant, Bruno. Et puis, bien sûr, ils se sépareront et JE se retrouvera seul, mais avec un fils. Et puis, et surtout, Bruno partira à son tour. Et JE sera vraiment seul. Et JE cherchera son enfant (ses enfants ?), à travers tout le pays, avec une carte de France et un Stabilo jaune pour cocher les chemins déjà parcourus. Et c'est là qu'il parviendra à nous émouvoir, avec son orteil amoché et ses enquêtes de comptoir. Seul. sans même l’amitié de ce personnage extraordinaire qui lui aura un temps renvoyé la balle comme Didi à Gogo : Alco, Alcofribas, le boutiquier immigré qui connaît le français mieux que les Français (son surnom ne vous rappelle rien ?), qui compose des odes fromagères et des poèmes d'amour à la gloire de la femme éternelle : « - Je viens de rencontrer une femme épatante. é-pa-tante. Elle est belle, mais elle est belle… D'un certain point de vue, elle me rappelle un tableau de Courbet. - Quel tableau ? Je t’assure, c’est une merveille. Une gentillesse à fendre l’âme. Un peu folle, juste ce qu'il faut. La femme idéale. Celle que j'attends depuis l’origine du monde. » Les connaisseurs apprécieront tout ce qui est suggéré dans cet extrait et ne laisseront pas moisir ce petit livre… Sans frigo, à consommer sans attendre !
Les éditions
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Sans frigo [Texte imprimé] Renaud Ambite
de Ambite, Renaud
le Castor astral / Litt&ratures.
ISBN : 9782859204570 ; 10,82 € ; 28/08/2001 ; 220 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (9)
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Solitaire
Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 30 janvier 2006
Très sympatique!! :)
Critique de Niddle (Le Raincy, Inscrit le 13 janvier 2004, 45 ans) - 14 janvier 2004
Sans souffle...
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 20 juillet 2003
Et pourtant, je ne pourrais faire autrement à propos de ce livre.
Peut-être suis-je passée à côté, peut-être l’insolation a-t-elle altéré mes perceptions, mais voilà.
je n’ai pas aimé « Sans frigo ».
Pas aimé, c'est un peu fort, disons que je le trouve vide.
L'auteur ne m'a pas semblé faire aboutir les deux-trois bonnes idées narratives.
Traitées comme elles le sont, on ne décolle pas de l’anecdote.
C'est de la littérature contemporo-contemporaine, comme je l’appelle.
On ne peut pas dire qu'Ambite écrive mal, non, mais j’ai trouvé son style banal.
Quant à son héros, il ne m'a pas émue…
Ambite enfin en poche
Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 14 juin 2003
Fantaisie et émotions
Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 4 mai 2003
Un personnage qui regarde la vie dans le flou de son regard myope, pas toujours certain d'apprécier le port des lunettes. Il est seul, avec son amertume teintée d’ironie, avec sa douceur d’un père en quête d'enfants, avec sa candeur face aux choses et aux autres. On s’attache à lui, sincèrement, naïvement. Un homme qui perd tout, petit à petit, mais reste pareil à lui-même, capable de s'étonner, se fasciner, de regarder le monde comme si c'était la première fois.
Il y aura toujours de l’humour, de la fantaisie ou de la tendresse dans sa vision des autres.
Dans son amitié indéfectible avec Alco, l'épicier « sympa ». Personnage clef, toujours à l’affût du bon mot, dont la relation avec cette femme si belle, son « litchi », symbolisera aussi le départ du « héros » à la recherche de son fils. Une oreille attentive, diplomate, sincère.
Et puis dans ces situations cocasses vécues chez les beaux-parents, dans cette vie de couple caricaturale, artificielle.
Jamais une vie triste comme celle du personnage n'aura été si peu larmoyante. Jamais on n'aura vu tant de malice dans le récit d’un homme sans femme, sans fils. Sans frigo.
Et ne parlons même pas de tous ces clins d’yeux complices de l’auteur au lecteur, glissés en toute discrétion dans son roman… Vraiment, un livre délicieux comme du gâteau aux framboises !!
Renaud en Belgique...
Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 12 avril 2003
libre lecteur
Critique de Zoom (Bruxelles, Inscrite le 18 juillet 2001, 70 ans) - 10 février 2002
L'humour pour ne pas tomber
Critique de Miller (STREPY, Inscrit le 15 mars 2001, 68 ans) - 2 février 2002
Un portraitiste de son entourage hors pair.
Une ironie à l'acidité dosée.
Le mariage, le déménagement, la grossesse de sa femme, le dimanche en famille, la belle-famille. La disparition du fils, la séparation,
la visite annuelle chez sa mère. L'épicier arabe Alco qui a appris la langue dans le dictionnaire en un temps record et qui rédige des poèmes. Et Alco va agir comme un pivot dans la narration. Car le personnage de Renaud Ambite ne s'inscrit dans aucun cadre social, ses échanges qui font de l'humain un humain, se limitent presque à ce point pivot, à l'épicier-philosophe. Et puis et surtout, dans ce roman, il y a l'errance, le thème de l’errance, cette quête de paternité, la panne du frigo comme un signe, un symbole, un malaise au bord de la falaise et juste l'humour qu'il faut pour ne pas tomber.
Les devinettes
Critique de Bolcho (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 76 ans) - 2 février 2002
Forums: Sans frigo
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