On a mis Papy dans le coffre de la voiture de Louis DUBOST

On a mis Papy dans le coffre de la voiture de Louis DUBOST

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Sahkti, le 17 janvier 2010 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (22 905ème position).
Visites : 3 355 

Et si la mort s'invitait ?

"On a mis papy dans le coffre de la voiture" est le titre de la nouvelle qui a donné son nom au recueil. Un texte écrit sur un mode enfantin -mais pas trop- pour décrire la mort d'un grand-père et tout ce qui entoure un tel départ au sein d'une famille bouleversée qui apprend à faire face. Les lignes de Louis Dubost sont emplies d'une émotion juste, touchante; jamais le ton n'est forcé ou le trait caricaturé. A cela s'ajoute une touche de poésie (normal me direz-vous, l'homme est poète) qui apporte beaucoup de sensibilité au récit, ainsi que de la légèreté pour raconter l'inconnu.

Les nouvelles qui succèdent à ce texte mettent également en scène la mort présente ou à venir, un départ, des interrogations, allant crescendo dans la gravité des sentiments éprouvés. Chacune est la mise en abîme de celle qui la précède ou la poursuit, le tout formant un ensemble de "contes à mourir debout" pour reprendre la formule de l'auteur, qui sont autant d'odes à la vie. Avec un texte final qui ferme la boucle et renvoie le premier, passant de ce voyage en véhicule funéraire à travers des paysages chantants pour en revenir à ce Papy qui va être placé dans le coffre d'une voiture.

A travers ces six nouvelles, Louis Dubost évoque la fragilité de la vie, le respect qu'il convient de lui accorder et il réussit à émouvoir le lecteur tout en lui faisant peur, car la mort devient palpable, bien réelle sous ses mots, très proche. Le tout sans effets inutiles. Au deuil auquel l'auteur invite le lecteur vient se coller celui effectué par l'auteur, sa vie d'avant, quelques illusions, des espoirs qui jamais plus ne seront, un autre regard sur le monde. Réflexion profonde qui trouve sa pleine expression dans ces lignes superbes.

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Les éditions

  • On a mis papy dans le coffre de la voiture [Texte imprimé], nouvelles Louis Dubost
    de DUBOST, Louis
    le Bruit des autres
    ISBN : 9782356520364 ; 12,00 € ; 01/11/2009 ; 1 vol. (111 p.) p. ; Broché
  • On a mis Papi dans le coffre de la voiture [Texte imprimé], et autres nouvelles
    de DUBOST, Louis
    Rhubarbe
    ISBN : 9782374750699 ; 13,00 € ; 19/11/2021 ; 140 p. ; Relié
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Poète jardinier

8 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans) - 25 janvier 2022

« Je suis issu d’une longue lignée d’hommes et de femmes pas bien riches, agriculteurs et éleveurs pour la plupart ». J’aurais pu écrire la même chose. Louis Dubost est fier de ses gênes hérités des gens de la terre qu’il a façonnés par ses études jusqu’à devenir un poète du jardin, un peu comme Karel Capek. Je le savais depuis que j’ai lu deux de ses recueils : Bestiolerie potagère (Les Carnets du dessert de lune) et Diogène ou la tête entre les genoux (La Mèche lente). Dans le présent recueil de nouvelles, il évoque encore le monde de la terre en l’introduisant par un portrait émouvant du grand-père dans son jardin campé par le petit-fils qu’il était alors. Il raconte la vie et la mort de ce grand-père amoureux de la terre, du jardinage, du bien manger et de la vie saine au contact de la nature. Il conclut ce recueil par le récit de la mort de son père dont il a ramené les cendres dans son village natal, dans la terre de ses ancêtres.

Ces deux nouvelles terriennes encadrent quelques autres textes composés de phrases plutôt longues mais très fluides où le lecteur déambule comme les personnages que l’auteur accompagne dans son jardin ou dans les rues de petites villes de provinces. Il y évoque l’idée de la mort qu’il dépeint souvent non comme une fin inéluctable qui se rapproche inexorablement mais plutôt comme un aléa voire un accident de la vie. Il raconte des fins de vie improbables mais pathétiques, mourir d’amour pour sa ville, se suicider dans une forme du syndrome de Diogène, se couper le cou en se rasant, etc…, Il ne regarde pas encore la mort dans les yeux mais il sait qu’elle l’observe de plus en plus près. Il raconte aussi d’autres aventures insolites souvent fatales, lapidaires, improbables concernant l’intégration, l’humiliation des enfants, le rôle décisif d’une sourire innocent, …

Louis Dubost cultive ses textes comme il cultive encore son jardin avec les gestes lents, lourds mais précis et efficaces d’un bon paysan rompu aux tâches manuelles. Il plante ses mots comme il pante ses tubercules après les avoir choisis avec attention, comme un bon poète jardinier ou un bon jardinier poète, je ne sais. Ayant comme lui les deux pieds bien campés dans le sol qui m’a vu naître, je me sens en totale empathie avec lui quand je lis ses textes, je les ressens plus que les comprends. Je vis ses textes comme tous les paysans qui savent pertinemment que la nature ne repasse jamais les plats, une plantation ou un semis qui ne prend pas ne prendra jamais, il faut recommencer l’opération depuis son début. C’est peut-être dans ses expériences jardinières que Louis Dubost a puisé les chutes inéluctables, inexorables, définitives, fatales de ses nouvelles.

Une leçon de vie cultivée dans le carré d’un potager jardiné avec ardeur, patience et amour …

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