L'Orestie : Agamemnon - Les Choéphores - Les Euménides de Eschyle
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Très riche !!
"L'Orestie" est en fait le regroupement de trois tragédies: "Agamemnon", "Les Choéphores" et "Les Euménides". Elles racontent l'histoire d'Oreste et de sa famille.
"Agamemnon" voit le meurtre de ce personnage , de retour de Troie (qu'il a conquis), par sa femme (Clytemnestre) et l'amant de celle-ci Egisthe. Cassandre, la fille de Priam (le Troyen) que Agamemnon a ramenée de sa conquête est également assassinée. Cassandre qui, lors de son arrivée eut un délire prophétique (dans des vers lyriques) et rappela l'horrible festin de Thyeste, avant d'annoncer en termes voilés la mort d'Agamemnon et la sienne propre, et de prévoir le retour d'Oreste , fils d'Agamemnon et de Clytemnestre, pour les venger. En approchant du palais (où auront lieu les crimes) elle est saisie d'horreur "Ce palais sent le meurtre et le sang répandu".
"Les Choéphores" se déroule dix ans après Agamemnon. Oreste revient de son exil, se fait reconnaître de sa soeur Electre. Le Choeur (toujours très important dans la tragédie grecque, plus chez Eschyle que chez Sophocle) et Electre rappellent alors à Oreste son devoir de vengeance. Et, après avoir usé d'une ruse, Oreste réussit à rentrer dans le palais et à tuer sa mère et Egisthe.
Là, le choeur chante la joie de la délivrance: Oreste a servi d'instruments à la justice divine.
Mais la fin de la pièce se finit par la fuite d'Oreste qui est frappé de démence; il croit voir les Erinyes (les déesses de la vengeance) de sa mère le poursuivre. Oreste se sait souillé par ce meurtre, et, de lui-même s'exile.
"Les Euménides". Tout d'abord il faut noter que cette pièce se passe à deux lieux différents (Delphes puis Athènes), chose qui ne suit pas les règles classiques.
De plus, le Choeur est formé par les Erinyes.
A Delphes: L'ombre de Clytemnestre apparaît pour exciter les Erinyes à se réveiller pour la vengeance. Celles ci disent alors leur fureur d'avoir laisser s'éloigne leur proie et leur rage contre Apollon, qui le protège.
A Athènes: Oreste se déclare purifié , après avoir fini son errance purificatrice jusqu'à Athènes. Il compte qu'Athèna le délivrera de la vengeance. Les Erynies ne veulent pas, elle revendiquent le rôle que leur fut dévolu par le Destin, d'exercer le droit exclusif de poursuivre et châtier les parricides.
Alors Athéna décide de faire recours à un tribunal, composé d'hommes (et qui sera établi pour toujours). S'ensuit un vrai procès qui voit l'acquittement d'Oreste grâce à Athéna qui a tranché le partage égal dans les voix des juges. Oreste part pour son pays, où il peut désormais régner. Les Erynies, d'abord furieuses et intraitables se laissèrent adoucir par Athéna. Celle ci leur promit des honneurs particuliers de la part des citoyens de sa ville. Moyennant quoi elles protégeront désormais la Cité.
Voilà le résumé, certes long mais je ne pouvais faire plus court. Mais c'est qui est le plus important dans "L'Orestie" c'est le message qu'a voulu faire passer Eschyle. Selon lui, il n'y a pas de Fatalité; les dieux font respecter la Justice; les hommes ne sont frappés par eux que s'ils l'enfreignent: "Je le répète aussi, et c'est la loi suprême: vénère l'autel de Justice, ne va pas outrageusement, séduit par quelque gain, le renverser d'un pied impie". Le châtiment viendra.
Mais s'ils sont justes, ils auront le bonheur: "la saine raison au contraire a pour fils le bonheur aimé qu'appellent tous les voeux humains". C'est sur cette terre que vertus et vices trouvent leur punition, même s'il faut attendre longtemps parfois. Bien sûr, il y a des innocents qui souffrent sans l'avoir mérité. C'est le cas de Cassandre, par exemple.
Mais ce qui se rassure, c'est qu'il y a des responsables, et que ceux-ci seront punis: il n'y a, dans les malheurs de la vie, rien d'absurde, rien de révoltant. La justice est le fruit du temps. Comme Zeus, les hommes ne l'atteignent pas d'un seul coup. "Il faut souffrir pour comprendre".
Il faut vraiment lire cette tragédie, c'est court ( moins de 200 pages) mais tellement riche; fatalité, jalousie des dieux, l'homme devant la fidélité, le refus du fatalisme, la grandeur du héros,la justice face à la fatalité, le châtiment.... sont évoqués dans "L'Orestie".
Les éditions
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L'Orestie [Texte imprimé] Eschyle trad., introd., notes, bibliogr. et chronologie par Daniel Loayza
de Eschyle, Loayza, Daniel (Editeur scientifique)
Flammarion / G.F..
ISBN : 9782080711250 ; 2,98 € ; 01/08/2001 ; 409 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (2)
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un mythe fondateur
Critique de Cyclo (Bordeaux, Inscrit le 18 avril 2008, 79 ans) - 16 novembre 2017
'ce que honnit le Ciel, qui donc l'honorerait ?"
Nous, en relisant cette magnifique trilogie qui nous est parvenue un peu mutilée, mais tout de même lisible, jouable aussi. On rêve de la voir représentée.
Et on peut comparer la pièce centrale avec sur le même sujet, les pièces d'Euripide et de Sophocle consacrées à Electre. Le plus ancien dramaturge, Eschyle, n'est forcément le moins bon !
Et le mythe a perduré (voir au XXe siècle Richard Strauss, Giraudoux, O'Neill, Yourcenar, Sartre, Anouilh)... Il n'est pas exclu que Shakespeare avec "Hamlet" y ait pensé aussi...
De la vengeance à la justice
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 26 février 2017
On peut totalement faire vengeance à soi-même et l'idée archaïque de justice apparaît, suite aux crimes de sang commis dans la maison d'Agamemnon, par lui-même contre sa fille, contre lui-même par sa femme Clytemnestre et contre cette dernière par leur fils Oreste. Les Erynies, dans les Euménides, poursuivent ce dernier pour parricide, et Athéna est amenée à donner son arbitrage, avec des prémices de droits de la défense et de poursuites pénales officielles par des déesses ad hoc, gardiennes des lois antiques.
Une idée de lutte contre l'arbitraire, la justice personnelle et la vengeance aveugle, seraient-elles d'origine divine, viennent habiter cette Orestie. C'est bien ce qui les rend intemporelles et d'une grande valeur. Le ton y est solennel, quelque peu sentencieux, et théâtralise encore les scènes présentées. Cela reste un grand moment de la littérature universelle.
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