La tête hors de l'eau de Dan Fante

La tête hors de l'eau de Dan Fante
( Mooch)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Jules, le 13 janvier 2002 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (15 301ème position).
Visites : 5 121  (depuis Novembre 2007)

La rage de survivre

Dan Fante nous raconte ici le parcours d’un homme profondément alcoolique qui tente de se sortir du gouffre dans lequel il est plongé.
Cet homme est mal ! Profondément mal !… Et il nous le dit à la première page : « Je détestais être de nouveau à Los Angeles. Je détestais le régime sec auquel je m'astreignais depuis des mois. Je détestais mon début de calvitie. Je détestais mon boulot. Je détestais les cigarettes à bout filtre et la musique rap et le stupide sourire Colgate de Tom Cruise. Et je détestais le foutu Bureau des contraventions. » Pas évident d’être plus mal !…
Il fréquente les AA et, par le biais d'un de leurs membres, il trouve un boulot dans la vente par téléphone. Le patron, Eddy Kammegian, est une sorte de géant qui sort lui aussi des AA.
Son bureau est rempli de photos d'anciens généraux et son mental ressemble à l’un de ceux-ci. Pour lui, il mène une armée composée de vendeurs, et ceux-ci doivent être drillés de la même façon que des soldats. Le moindre maillon faible pourrait contaminer l'ensemble. Kammegian donne sa chance à Dan, mais il l’avertit : la moindre erreur, la moindre défaillance, et c’est la porte !
Dan connaît la vente par correspondance et réussit bien son test d'acceptation. Pendant celui-ci il tombe vert amoureux d’une collègue aussi nouvelle que lui, magnifique fille, aussi AA et camée (il apprendra que tous sont d’anciens AA dans la boîte) Elle le rend littéralement fou !. A regarder son corps et ses yeux bleus, il perd ses sens, mais quand en plus elle le touche, alors là, il disjoncte totalement. Elle a beau lui rappeler qu’elle n'est « qu’une suceuse de bite pour de l’argent », rien n'y fait : il l'aime. Pour qu'elle ne soit pas renvoyée, il va tricher et mettre des ventes faites par lui à son actif à elle. Mais cela va mal tourner et Dan, comme elle, va être viré.
Aussi sec, il replonge !. Ivre mort soûl pendant des jours et des jours au point de voir des bêtes immondes parcourir le sol, grimper sur sa peau et même sortir de lui !… « Quelques fois je les entendais dans les tiroirs. Ou sur le parquet grinçant. Ils se multipliaient dans les placards, les recoins. Par centaines. Des grattements partout. Le lendemain, avec beaucoup plus d’alcool dans le corps, c’est allé un peu mieux parce que je me suis tenu éveillé en me brûlant le bras avec le bout de ma cigarette. Grattements. Grattements. Grattements. »
Il se rend compte qu'il va crever, mais il tombe de plus en plus. Un jour, n'ayant plus rien à perdre, il va appeler Eddy Kammegian au secours. Celui-ci va répondre présent et voilà Dan reparti dans la boîte et sur la voie de la guérison. Va-t-il tenir, cette fois ci ?…
Un livre à l'écriture puissante, vive, dure. Phrases courtes et percutantes. Dan connaît son sujet, se fait peu d’illusions et hait la société. De Los Angeles, il écrit : « Une douzaine de toits voisins étaient devenus des mosquées miroitantes, cruelles - des dieux du feu vengeurs dardant leur mépris sur tout ce qui n’était pas jeune et bronzé et imprégné de l’optimisme frénétique de pub télé qui règne à Los Angeles. »
De l’alcool et du sexe en veux-tu en voilà, mais rien à voir avec l'atmosphère de lente dégradation acceptée, avec le monde glauque, que l’on trouve chez Charles Bukowski. Ici, nous sommes dans la rage la plus totale contre soi-même et les autres. Une volonté acharnée de tenter de s'en sortir, mais quand on a un père et deux frères morts complètement alcooliques, la vie n’est pas facile !.
Un très bon livre de Dan Fante !

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Super Looser

10 étoiles

Critique de Poignant (Poitiers, Inscrit le 2 août 2010, 58 ans) - 19 mars 2014

Los Angeles, fin des années 90. Bruno Dante, bientôt 40 ans, est un alcoolo déjà bien secoué par la vie. Il oscille entre des périodes propres faites de réunions aux A.A, d’un job de télévendeur et de tentatives d’écriture. Puis il y a les rechutes, retour vers l’enfer des délires, du manque et de la tremblote.
Bruno tombe amoureux fou de Jimmi, superbe fille déjantée, fumeuse de crack qui oscille elle aussi entre des extrêmes. .
Les tempêtes s'abattent sur ce couple explosif à un rythme soutenu…

J’ai hésité à lire du Dan Fante. J’aime tellement l’écriture de son père, je craignais la déception. Et bien non. Mais alors vraiment non.
Dans Dan Fante il y a tout d’abord le style paternel. Un concentré de pure énergie brute. Plagiat Freudien ? Héritage génétique ? Peu importe.
Il y a de l’alcool et du sexe, à la Bukowski ; un détachement désabusé et joyeux face aux difficultés de la vie comme James Crumley.
Alors que reste-t-il d’original ? Le fait d’emprunter encore et toujours les mêmes sentiers battus de l’amour à tout prix, quand tout est foutu, avec une énergie vitale dont je ne me lasserai jamais.
Bon, en plus de la nécessité d’en finir avec l’œuvre de John Fante, il va désormais falloir que je m’intéresse sérieusement au cas de son fils. Que du bonheur…

A Darius : l'écriture l'a peut-être aidé

8 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 18 janvier 2002

Il s'est vite rendu compte que tout ce qu'il écrivait ivre mort bourré ne valait pas la moindre ligne ! Hemingway a toujours dit la même chose et c'est pourquoi il n'écrivait que de 6 h du matin à 10 ou 11 heures... Son père, John Fante est mort de l'alccol et deux de ses frères, l'un écrasé par une voiture alors qu'il était ivre mort et l'autre imbibé de whisky à ne plus en pouvoir... Ses deux livres valent vraiment la peine d'être lus, mais je pourrais comprendre que tu n'en aurais pas envie...

l'alcoolisme

6 étoiles

Critique de Darius (Bruxelles, Inscrite le 16 mars 2001, - ans) - 18 janvier 2002

le sujet de ce livre m'a intéressé, d'où la lecture de ta critique.. Ayant connu le monde des alcooliques à cause de mon père, je n'y retrouve aucune de leurs caractéristiques... Ce Dan Fante me semble encore bien lucide pour pouvoir écrire tout cela malgré un alcoolisme évident. C'est sans doute pour cela qu'il intitule son livre "la tete hors de l'eau", il faisait tout pour s'en sortir, ce qui n'est pas le lot des alcoolos que j'ai connus, qui ont baissé les bras, depuis belle lurette..

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