Les poneys sauvages de Michel Déon
Catégorie(s) : Littérature => Romans historiques
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Une vaste fresque historico-politique
En 1937, quelques jeunes étudiants, Georges Saval, le Français, Barry, le passionné de boxe, Horace, l'aristocrate impénétrable, Cyril, le poète fantasque et l'auteur achèvent leurs études à Cambridge avant d'être happés par le tourbillon de la guerre. Dans la débâcle de Dunkerque, Cyril y perdra la vie de manière assez louche et Georges sera sauvé par Barry avant de rejoindre Horace dans les services secrets. Le lecteur suit ensuite sur une trentaine d'années le destin mouvementé de tous les protagonistes un peu partout dans le monde, au fil des errances ou des missions secrètes, en Italie, en Grèce, à Aden, Paris ou Madère, en Pologne comme en Irlande. Il croisera plusieurs femmes exceptionnelles, cruelle et ivre de vengeance comme Delia, la soeur du poète assassiné, étrange et infidèle comme Sarah, la compagne de Georges ou plus fragiles comme Claire, la Française ou Anna la Russe.
On aura compris à ce résumé succinct que ce gros pavé représente une vaste fresque historico-politique menée magistralement autour de personnages attachants quoique totalement hors normes qui traversent avec plus ou moins de bonheur toutes sortes d'évènements aussi calamiteux que l'affaire Si-Salah pendant la guerre d'Algérie (loin d'être à la gloire du grand homme de Colombey) que la révélation de la vérité sur les massacres de Katyn ou l'opération ratée du canal de Suez. Déon parvient à reconstituer toute une époque et tout un monde avec la pleine conscience d'être à un tournant décisif pour le monde occidental. Relire ce livre publié en 1970 permet de mieux apprécier encore la clairvoyance et même les dons de visionnaire de son auteur récemment « canonisé » de son vivant avec son entrée dans les Cahiers de l'Herne...
Extraits :
« On allait assister à une chose inouïe : un gouvernement dont l'armée était victorieuse allait faire cadeau de cette victoire à l'adversaire. Cela ne s'était pas produit en France depuis la rétrocession gratuite par Louis IX à l'Angleterre de l'Aunis, du Poitou et de la Saintonge. » (Affaire Si Salah)
« Quelqu'un a-t-il jamais pu écrire noir sur blanc qu'en Algérie, la rébellion était ravitaillée en armes, en munitions, en matériel de radio, par les camions des entreprises pétrolières, ces géants qui traversaient le désert ? Et pourquoi le train du pétrole n'était-il jamais saboté ? »
« Voilà dix ans que la presse occidentale brouille toutes les cartes du monde politique. Aux yeux du public, elle paraît indépendante, courageuse, frondeuse. En réalité, c'est une presse trop lâche pour mon goût. Au nom des principes sacrés, les petits gouvernements qui luttent pour la vie tremblent devant elle qui ment effrontément, par peur ou combine. Elle est noyautée par les deux internationales qui s'entendent comme larrons en foire. »
« Si j'étais Moscou, j'élèverais une statue en or à Algier Hiss, conseiller privé de Roosevelt et membre clandestin du P.C. L'influence qu'il a eue sur le Président pendant la dernière guerre, les décisions qu'il a été amené à lui faire prendre, l'abandon à Yalta des deux tiers de l'Europe aux Russes, sont des victoires qui sur le champ de bataille, auraient coûté des centaines de milliers d'hommes, peut-être des millions. J'appelle cela du bon travail. » (Les dessous de la guerre)
Les éditions
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Les poneys sauvages de Michel Déon
de Déon, Michel
Gallimard
ISBN : 9782070360710 ; 9,70 € ; 07/04/1972 ; 513 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (2)
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A travers un monde tourmenté
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 10 février 2019
Bien construit (avec une alternance originale entre la voix du narrateur et des lettres des protagonistes) et bien écrit, mais très années 70 avec ces personnages qui semblent vivre de rien et avoir plein de temps pour leurs états d’âmes, leurs voyages et une coucherie de temps à l’autre
Relativement ardu, malgré un style limpide
Critique de Eric B. (Bruxelles, Inscrit(e) le 15 février 2001, 57 ans) - 7 février 2016
Donc, au final, je ne sais pas trop qu'en penser, si ce n'est que ce roman n'a pas réussi à me passionner de bout en bout, loin s'en faut. Je l'avais même abandonné après 150 pages, puis repris presque par "devoir".
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