Jocaste reine de Nancy Huston
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Une version pour le moins moderne !
La couverture du livre m’a interpellé. Par le nom de Jocaste d’abord, par celui de Nancy Huston ensuite. Quant à la première, la raison en est que j’adore tout ce qui touche à la Grèce antique et pour la seconde j’ai beaucoup aimé certains de ses livres et surtout « Cantique des plaines ».
Voici donc l’histoire de Jocaste et d’Œdipe revisitée une fois de plus. Bien sûr, nous la connaissons tous mais Nancy Huston va tout de même arriver à nous bousculer. Je ne vais pas répéter l’histoire l’ayant déjà racontée pour Anouilh, Bauchau et Sophocle.
Qu’apporte-t-elle de neuf ? Tout d’abord une écriture totalement différente des trois autres. Ici nous sommes très loin de celle des trois cités ci-dessus. Plus question d’un style classique ! Un exemple parmi beaucoup d’autres : « … Mais, bon, c’est pas tout ça. Marions-nous, beau gosse, j’ai hâte qu’on se retrouve ensemble au plumard. »
Ici nous voyons Œdipe jouer aux devinettes avec ses deux filles. On chante et on danse, on parle de clitoris et des premières règles d’Ismène…Jocaste évoque même un auteur qui n’existera que dans les vingt-trois siècles à venir soit Tolstoï et « ses romans fleuves ».
Mais elle ira encore plus loin en nous avouant avoir détesté Laïos, son premier époux, qui n’aimait que les beaux éphèbes et en nous apprenant qu’il était complètement stérile. Voilà que d’un coup sec Œdipe devient un enfant bâtard qu’elle aurait conçu avec un domestique. Cela change beaucoup de choses puisque cela fait mentir la prédiction suivant laquelle il devait tuer son père, en l’occurrence, Laïos. Par contre, il aura bien couché avec sa mère qui lui donnera quatre enfants. C’est aussi par elle seule qu’il est roi puisqu’elle est reine, son père n’étant rien.
Petite pèche chez Sartre quand Jocaste dit : « Mon amour, nous sommes ce que nous faisons »
Même le Coryphée va contester la prédiction de la Pythie de Delphes et on accusera Apollon d’avoir, au travers de celle-ci, exprimé ses propres désirs, rêvant lui-même de mettre fin aux jours de son père.
A la scène 7, en chantant, Jocaste décrète que chacun « doit une vie à la vie » et que donc le meurtre de Laïos n’a vraiment rien de grave. « Sans la mort, quels terribles combats entre ceux qui ne meurent plus et ceux qui grandissent, avide de terres et de liberté. »
Voilà donc une version particulière de la légende d’Œdipe et Jocaste. Mais il n’empêche que j’ai bien aimé ce livre.
Cette version plaira peut-être davantage à ceux que le classicisme rebute.
Les éditions
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Jocaste reine [Texte imprimé], théâtre Nancy Huston
de Huston, Nancy
Actes Sud / Un Endroit où aller
ISBN : 9782742785988 ; 12,20 € ; 31/08/2009 ; 83 p. ; Broché
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