Le Club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
Moyenne des notes : (basée sur 39 avis)
Cote pondérée : (54ème position).
Visites : 20 783
Un vrai petit chef d'oeuvre de premier roman
1959 : Michel Marini, élève au lycée Henri IV a douze ans. C'est l'époque du rock n' roll et de la Guerre d'Algérie qui va servir de cadre à un drame vécu par son frère Franck. Lui se passionne pour la photo amateur, le cinéma, la lecture et les parties de baby-foot au café restaurant Le Balto de Denfert-Rochereau. Dans l'arrière-salle, se réunissent des réfugiés politiques d'URSS ou des pays de l'Est. Pour échapper aux persécutions staliniennes et sauver leur peau, ils ont tout quitté, amour, famille, patrie, métier et même trahis leurs idéaux et tout ce qu'ils étaient avant. Pour supporter mieux l'exil, ils se retrouvent tous les jours dans ce lieu pour y jouer aux échecs. Quelquefois Sartre et Kessel honorent le lieu de leur présence. Mais les blessures restent ouvertes, le drame couve et personne n'échappera à son destin...
Un premier roman surprenant par sa maîtrise et son efficacité. Un portrait de génération où il est facile de se reconnaître tellement tout est décrit avec justesse, intelligence et authenticité. La chronique douce-amère d'une adolescence relativement aisée mais confrontée aux tristes réalités de la vie. Une description pleine d'humanité de la sinistre réalité de ce qu'ont vécu les dissidents et toutes les victimes du communisme. Un style très agréable à lire. Des destins à la fois hors du commun et en même temps qu'une totale humilité. Tous les personnages sont attachants, même les crapules car elles ont de bonnes raisons de l'être tant le système était pervers. Un vrai petit chef d'oeuvre très justement récompensé cette année par le « Goncourt des Lycéens ».
Les éditions
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Le Club des incorrigibles optimistes [Texte imprimé], roman Jean-Michel Guenassia
de Guenassia, Jean-Michel
Albin Michel
ISBN : 9782226193926 ; 25,00 € ; 19/08/2009 ; 768 p. ; Format Kindle -
Le Club des incorrigibles optimistes
de Guenassia, Jean-Michel
le Livre de poche
ISBN : 9782253159643 ; 9,90 € ; 24/08/2011 ; 729 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (38)
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L'optimisme en cautère
Critique de Elko (Niort, Inscrit le 23 mars 2010, 48 ans) - 11 avril 2021
Dans ce roman initiatique le lecteur suit deux trajectoires parallèles, celle d’un ado en construction dans un monde en transition, et celle de ces déracinés qui ont tout abandonné pour sauver leur vie. Les « évènements » d’Algérie, le communisme d’après guerre, la jeunesse présoixante-huitarde, l’alya, sont autant de toiles de fond de ces trajectoires. Mais ce qui domine ce sont les secrets qui écrasent leurs détenteurs.
Dommage, c'est trop long !
Critique de Thorpedo (, Inscrit le 22 octobre 2009, 45 ans) - 18 mai 2020
Mais que c'est loooooooooooong....
Je l'avoue, j'ai jeté l'éponge. Pourtant, du temps, j'en avais !
Il m'a manqué une intrigue, quelque chose de plus que la description d'une enfance, même bien rédigée, pour aller plus loin.
Globalement, je trouve les critiques très élogieuses et au final un "classement dans le top 100" vraiment très flatteur...le temps sera le meilleur juge.
En refermant le bouquin, je me suis souvenu que je l'avais récupéré à côté d'une benne de tri sélectif ; le marque-page était coincé à la 300ème page. Le précédent lecteur a été plus patient que moi...
Une véritable leçon d'optimisme
Critique de Psychééé (, Inscrite le 16 avril 2012, 36 ans) - 12 décembre 2016
Epoustouflant
Critique de EugénieA (, Inscrite le 10 août 2014, 27 ans) - 10 août 2014
Une belle surprise
Critique de Florian1981 (, Inscrit le 22 octobre 2010, 43 ans) - 26 mars 2014
En général, quand j'aime un livre je le dévore très vite même si c'est un gros pavé. Celui-ci fait exception à la règle et j'ai pris plaisir à le déguster petit à petit, jusqu'au dénouement qui m'a bien remué.
Le livre est foisonnant et traite - sans exhaustivité - d'amitié, de relations familiales difficiles, de trahison, du contexte politique et bien sûr des premiers émois amoureux du jeune héros idéaliste, le tout avec beaucoup de fluidité si bien qu'on passe allègrement d'épisodes assez légers à d'autres beaucoup plus tragiques et la transition s'opère naturellement.
La période des années 60 que je ne connais pas me semble bien retranscrite et documentée, avec des références au contexte politique, sociétal et culturel de l'époque.
Le personnage principal est très attachant, les personnages secondaires sont très fouillés et donnent beaucoup de vie au roman, même si j'avoue que jusqu'à la fin du livre je me suis mélangé les pinceaux avec les différents prénoms russes.
Enfin, ce qui ne gâche rien, le style est très agréable, une belle réussite donc, pas 5 mais vraiment pas loin.
Méprise ou mépris ?
Critique de Bolcho (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 76 ans) - 19 septembre 2013
Impossible de ne pas se dire que l'histoire se répète. En 1956, "Radio Free Europe", « qui émettait en Hongrois de l'Autriche, n'avait cessé de pousser les Hongrois à la rébellion, en jurant que l'Occident viendrait à leur secours ». Vous avez dit Syrie ?
Nostalgie...
Critique de Nathafi (SAINT-SOUPLET, Inscrite le 20 avril 2011, 57 ans) - 14 septembre 2013
Oui, ce livre m'a plu, beaucoup, même les parties d'échec m'ont captivée, et pourtant, j'avoue n'y rien comprendre !
Un "pavé" à découvrir avec nostalgie ou curiosité, je remercie les Cliens qui me l'ont conseillé !
Belles histoires
Critique de GiLau (Annecy, Inscrite le 18 septembre 2010, 61 ans) - 21 juillet 2013
L'histoire décrivant l'époque des années 60 est tout à fait intéressante avec ses tensions et la société de consommation qui explose. Quant à l'écriture, elle est très fluide et le livre se laisse apprivoiser très facilement.
J'ai particulièrement aimé la fin du livre.
Pourtant, je ne retiendrai que Sacha et la pression stalinienne de cette période.
Pour moi, le Club des IO, c'est un peu comme un Gavalda, le livre est bien écrit, il se lit vite mais je n'ai aucune émotion en le fermant. La dernière page est tournée et je passe à autre chose. Ce n'est déjà pas si mal me direz-vous !
Mais il me manque une émotion, une ambiance, vous savez cette sensation qui perdure au fond de vous quand le livre retrouve la bibliothèque... cette difficulté à débuter une autre aventure de lectrice...
Orgasme littéraire
Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 25 mars 2013
Jean-Michel Guenassia est incontestablement un très grand romancier qui fait véritablement jouir le lecteur au point que j’ai volontairement lambiné pour pouvoir profiter le plus longtemps possible de la formidable atmosphère du livre qui envoute le lecteur.
Si ce roman comportait 3000 pages il serait plus que parfait, malheureusement, il n’en contient que 750. Je conseille donc de le déguster, chapitre par chapitre, sans se presser et se délecter de cette merveilleuse histoire.
Habituellement avare de superlatifs, je crois avoir gravi un véritable Himalaya littéraire. Tous les ingrédients y sont : un personnage principal très attachant, un livre qui tourne sur des thèmes comme l’écriture et la lecture, un style efficace et une histoire farcie d'excellents mots, certes assez simple, mais qui véritablement interpelle sur de nombreux sujets.
Tout y est. A lire absolument !
passionnant
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 23 mars 2013
Mon avis sur le livre : superbe, délicat et passionnant.
Toutefois je désire confirmer les propos de fleur 783 et vous inviter à lire l'émouvante critique reprise sur le lien suivant :
http://petiteslecturesentreamis.wordpress.com/2009…
Touchant et si attachant
Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 20 décembre 2012
Je ne vais pas mentir, les personnages, Michel, Cécile, Sacha en tête me manquent. On a envie de les suivre bien au delà de la fin du livre qui compte tout de même 700 pages. Cela peut paraître beaucoup mais ce livre se lit avec une telle facilité!
Il est plaisant, touchant et terriblement attachant. Je l'ai littéralement dévoré. Michel, ses tribulations d'ado: sécher les cours pour aller jouer au baby-foot, ses premiers émois amoureux, sa très belle amitié pour Cécile, sa famille, sa vie, difficile de ne pas s'identifier au travers de ce jeune homme.
Et comment oublier les exilés, Igor, Leonid... leurs histoires si bien racontées...
Un très grand coup de coeur .
Une tranche de vie
Critique de Voleur_de_poule (, Inscrit le 10 décembre 2012, 29 ans) - 10 décembre 2012
Très attachant, dans un style simple et vivant.
D'autant plus si vous vivez à Paris, il est très amusant de suivre les aventures des différents personnages au gré des différents quartiers et artères de la capitale.
Un peu beaucoup longuet !
Critique de Pierraf (Paimpol, Inscrit le 14 août 2012, 67 ans) - 9 décembre 2012
Qu'il est dur de quitter les personnages de ce roman !
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 30 septembre 2012
Michel Marini est le personnage principal de ce roman, un ado de 12 ans en 1959 qui grandit à l'époque où le rock'n'roll ne séduit pas les parents et où l'on s'amuse au baby-foot après les cours. L'argent, Michel n'en manque pas. La famille du côté de Maman connaît une franche réussite professionnelle, du côté de Papa et de sa famille italienne les priorités sont ailleurs. C'est au sein de cette famille française que Michel va évoluer tout en côtoyant l'univers de son grand frère Franck. Au Balto, derrière la pièce où Michel excelle au baby-foot se situe une pièce où jouent aux échecs des hommes avec des accents divers. On y croise aussi Kessel. Sartre. On parle de Noureev, de pays communistes, d'exil ...
Ce roman est d'une richesse incroyable et touche un peu à tous les genres ( reconstitution historique d'une époque, la vie d'un adolescent dans les années 60, suspense parfois, petites réflexions sur l'existence ... ). Chacun y trouve son compte. De plus, les personnages sont vraiment attachants et très différents les uns des autres. L'histoire est bouleversante, de nombreux lecteurs ont insisté sur l'humour, pour ma part j'y ai trouvé de la mélancolie et de la compassion. Bien sûr qu'il y a de la bonne humeur et un peu d'optimisme, mais le texte est touchant par le vécu et les réactions de Michel qui rappellent ce qu'a pu vivre tout adolescent.
Jean-Michel Guenassia possède véritablement un talent pour insuffler du rythme à son roman de 730 pages. On ne s'y ennuie pas, les dialogues sont vifs et l'on se plaît à connaître les membres de ce club. L'écriture reste simple, mais le contenu d'une grande richesse.
super !
Critique de Emmarmelade (, Inscrite le 10 septembre 2012, 47 ans) - 16 septembre 2012
J'adore ce genre de bonnes surprises. Je ne l'ai pas encore terminé mais je me régale.
Merci pour ce bouquin, drôle et sensible.
Ce livre est comme un ami pour moi, je n'ai donc aucune envie de le critiquer.
A dévorer .
Critique de Napu (, Inscrit le 24 août 2012, 33 ans) - 24 août 2012
A lire des critiques trop positives, je suis souvent déçue...
Critique de Prouprette (Lyon, Inscrite le 5 février 2006, 40 ans) - 9 juillet 2012
Une pointe de déception qui n'en amoindrira pas pour autant l'intérêt que j'ai porté à cette lecture. J'ai beaucoup aimé suivre la vie de Michel, ses amours, ses déceptions... un mini roman d'apprentissage où le contexte politique apporte un sacré grain de sel!
Alors déçue car je m'attendais à THE livre, mais toutefois emballée par cette lecture facile et qui m'a appris quelques éléments sur la période des années 60.
Passionnant
Critique de Valadon (Paris, Inscrite le 6 août 2010, 43 ans) - 28 mai 2012
Roman qui vous prend à bras-le-corps et vous propulse au coeur de l'Histoire, la grande, et surtout au coeur des histoires de ceux qui l'ont traversée.
Et elles sont passionnantes les histoires de ces adolescents qui rêvent leur vie dans un Paris des années 60, tandis qu'au loin gronde la guerre d’Algérie, de ces réfugiés des pays de l'est qui jouent leurs éternelles parties d’échecs dans l’arrière-salle d'un bistrot où Kessel et Sartre pointent le bout de leurs nez.
Moi, lectrice, je me suis imaginée près d'eux. Les images naissaient au fil de ma lecture, j'ai arpenté les rues au côté du héros, j'ai écouté les récits des joueurs d’échecs. Ce n'est peut-être pas un roman qui vous marquera à jamais ou vous accompagnera comme un ami le restant de votre existence. Mais c'est à coup sûr un roman qui vous embarque dans son monde, un roman qui vous laisse la sensation d’être parti quelque part en vacances, dans une autre époque, et d'y avoir fait des rencontres qu'on n'oubliera jamais tout à fait.
Le signe du rideau
Critique de Isis (Chaville, Inscrite le 7 novembre 2010, 79 ans) - 21 avril 2012
L’essentiel de l’intrigue -ou plutôt des intrigues, tant l’ouvrage est dense en rebondissements et les personnages multiples- porte sur le parcours initiatique de Michel Marini, ce jeune adolescent des années 60, soudainement confronté aux réalités du monde adulte sur fond de guerre froide et conflit algérien.
Ainsi, va-t-il découvrir dans l’arrière salle du Balto où il va jouer innocemment au baby foot, un rideau derrière lequel se cachent les membres du «club des incorrigibles optimistes», partageant la passion des échecs et leurs convictions de communiste repenti, converti ou endurci, selon le cas.
Certains célèbres, comme Sartre ou Kessel, d’autres, anonymes, qui étaient passés clandestinement du Rideau de Fer à l’Ouest où, après avoir rompu toutes leurs racines nationales et familiales, s’étaient refait une nouvelle identité.
Par ailleurs, la longueur du roman, reprochée ici par certains, ne m’a, pour ma part, gênée en aucune façon, grâce précisément au rythme imposé par l’auteur ; ainsi, les épisodes de la vie familiale de notre jeune héros alternent-ils avec de nombreux flash back sur le passé douloureux d’Igor, Sacha, Léonid Imré et autres, leurs difficultés présentes d’intégration ou, sur fond historique, le vécu en direct des événements marquants de cette période, tels la disparition prématurée de Camus, le premier vol dans l’espace de Gagarine ou l’édification du mur de Berlin.
Cette alternance continue de fiction et réalité, rires et larmes, scènes privées et publiques permet, à mon avis, d’éviter au lecteur toute lassitude ; de même, lors d’une représentation théâtrale chaque «tombé de rideau» autorise-t-il le spectateur à reprendre souffle, avant d’aborder les tableaux suivants !
Enfin, ce roman dont le thème récurrent est le drame du mensonge, individuel ou collectif, des secrets de famille ou d’Etat, reste empreint d’un indéfectible optimisme, comme son titre le suggère, même s’il commence et finit par un enterrement…
C’est pourquoi, en tournant la dernière page, j’ai soudain pensé au mot de la fin prononcé par Rabelais sur son lit de mort «tirez le rideau, la farce est jouée»…
Une plongée intéressante dans les années 60
Critique de Koolasuchus (Laon, Inscrit le 10 décembre 2011, 35 ans) - 4 mars 2012
Cependant même si je ne me suis pas ennuyé en lisant ce livre je n'ai pas été non plus totalement emballé, ce n'est pas que ce roman soit mal écrit, bien au contraire mais c'est juste que je n'y ai pas été sensible et c'est bien dommage.
Tous au Balto !
Critique de Fleur783 (, Inscrite le 8 décembre 2005, 72 ans) - 27 novembre 2011
Tendre, émouvant et souvent jubilatoire…j’ai vainement tenté d’en ralentir la lecture du dernier chapitre afin de prolonger cette douce intimité avec les truculents protagonistes.
Avec talent, l’auteur dresse une intelligente peinture politique des années 60. Le jeune Michel , la politique, il s’en fout. Ce qui l’intéresse, c’est la littérature, le rock’n roll, la photographie et le baby foot. En poussant la porte interdite, il va découvrir sa seconde famille . Mais derrière les sourires et l’optimisme, il y a toujours des fêlures…
Extraits :
Pages 48 à 51
J’avais horreur de perdre mon temps. La seule chose qui me paraissait utile, c’était de lire. Chez nous, personne ne lisait vraiment. Ma mère mettait une année à lire le Livre de l’année, ce qui lui permettait d’en parler et de passer pour une grande lectrice. Mon père ne lisait pas et s’en vantait.
Franck avait des livres politiques dans sa chambre. Grand-père Philippe n’avait d’estime que pour Paul Bourget dont il avait adoré les romans dans sa jeunesse.
- On dira ce qu’on voudra, la littérature, avant-guerre, c’était autre chose.
Il achetait des livres de collection dans les boutiques de la rue de l’Odéon. Il ne les lisait pas et se faisait une bibliothèque. Moi, j’étais un lecteur compulsif. Ça compensait le reste de la famille. Le matin, quand j’allumais la lumière, j’attrapais mon livre et il ne me quittait plus. Ça énervait ma mère de me voir le nez fourré dans un bouquin.
- Tu n’as rien d’autre à faire ?
Elle ne supportait pas de me parler et que je ne l’écoute pas. A plusieurs reprises, elle m’avait arraché le livre des mains pour m’obliger à lui répondre. Elle avait renoncé à m’appeler pour le dîner et avait trouvé une solution efficace. Depuis la cuisine, elle coupait l’électricité dans ma chambre. J’étais obligé de les rejoindre. Je lisais à table, ce qui horripilait mon père. Je lisais en marchant. Il me fallait quinze minutes pour aller au lycée. C’était un quart d’heure de lecture qui s’étirait en une demi-heure ou plus. J’intégrais ce supplément et partais plus tôt. J’arrivais souvent en retard et me ramassais des colles à la pelle pour trois retards sans motif valable. J’avais renoncé à expliquer aux abrutis censés nous éduquer que ces retards étaient justifiés et inévitables. Mon ange gardien me protégeait et me dirigeait. Je ne me suis jamais cogné à un poteau, ni fait écraser par une voiture en traversant les rues, le nez plongé dans mon bouquin.
J’ai évité les merdes de chien qui maculaient les trottoirs parisiens. Je n’entendais rien. Je ne voyais rien. J’avançais au radar et atteignais le bahut sain et sauf. Pendant la plupart des cours, je poursuivais ma lecture, le livre calé sur mes cuisses. Aucun professeur ne m’a attrapé. J’arrivais en retard quand quelques pages passionnantes m’immobilisaient sur le trottoir durant un temps indéterminé. Le pire, c’étaient les passages cloutés. J’y manquais plusieurs fois mon tour et, souvent, un klaxon me rappelait à la réalité.
J’ai fini par classer les écrivains en deux catégories : ceux qui vous laissaient arriver à temps et ceux qui vous mettaient en retard. Les auteurs russes m’ont valu une ribambelle de colles. Quand il commençait à pleuvoir, je me rangeais sous un porche pour poursuivre tranquille. La période Tolstoï a été un mois noir. La bataille de Borodino a entraîné trois heures de colle. Quand, quelques jours plus tard, j’ai expliqué à l’appariteur, un pion thésard, que mon retard était dû au suicide d’Anna Karénine, il a cru que je me foutais de lui. J’ai aggravé mon cas en avouant que je n’avais pas compris pourquoi elle se suicidait. J’avais été obligé de revenir en arrière par peur d’en avoir manqué la raison. Il m’a collé pour deux jeudis : un pour cet énième retard, l’autre parce que c’était une emmerdeuse qui ne méritait pas autant d’attention. Je ne lui en ai pas voulu. Ça m’a permis de venir à bout de Madame Bovary.
Extrait : page 563
Le Club était le dernier endroit où un secret était gardé. Ce que l’un savait, les autres l’apprenaient. Les confidences chuchotées à l’oreille, à ne révéler sous aucune prétexte, étaient transmises avec la promesse de les conserver à jamais : « Tu me connais. Je suis une tombe. » Elles étaient dévoilées sous la même condition et ils juraient tous qu’ils ne le répèteraient à personne. « Ou alors, on ne peut plus avoir confiance en un ami. »
Citations :
« La vie, c’est comme les montagnes russes. Tu descends très vite, tu restes longtemps en bas et tu remontes avec peine. »
« On redoute toujours de perdre la mémoire. C’est elle la source de nos maux. On ne vit bien que dans l’oubli. La mémoire est le pire ennemi du bonheur. Les gens heureux oublient. »
« Il y a dans la lecture quelque chose qui relève de l’irrationnel. Avant d’avoir lu, on devine tout de suite si on va aimer ou pas. On hume, on flaire le livre, on se demande si ça vaut la peine de passer du temps en sa compagnie. C’est l’alchimie invisible des signes tracés sur une feuille qui s’impriment dans notre cerveau. Un livre, c’est un être vivant. »
Lors de sa sortie en 2009 ,ce roman a bénéficié d’une bien jolie critique de la part d’une lycéenne, membre du Goncourt des Lycéens, critique pour laquelle elle a été récompensée et que je vous invite à découvrir (il est réconfortant de constater que « nos jeunes » lisent et lisent bien !)
http://petiteslecturesentreamis.wordpress.com/2009…
J'ai beaucoup aimé !
Critique de Shelton (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans) - 13 novembre 2011
Pavel et Michel se retrouvent, un jour de 1980, à Paris et c’est le passé qui s’ouvre pour nous avec une tranche de vie d’un peu plus de quatre ans ayant pour cadre Paris mais aussi le monde entier à travers des échos de presse, de lettres…Nous sommes entre 1960 et 1964, et il faut dire que ces années sont marquées très fortement par les évènements d’Algérie, puisque l’on n’ose pas encore parler de guerre, par une musique de sauvage qui fait son entrée dans nos oreilles françaises après avoir déferlé sur les Etats-Unis, le Rock’n’roll… C’est aussi une nouvelle ère qui s’ouvre et que l’on appellera la société de consommation…
Nous, on va traverser cette période en compagnie du jeune Michel et on va avoir la chance de rencontrer des personnages vraiment hors normes avec ces réfugiés politiques qui ont tout quitté pour survivre. Ils s’appellent Léonid, Imré, Igor, Sacha, ils sont de l’Est et sont devenus projectionniste, chauffeur de taxi, brancardier, chauffeur de salle et autres petits métiers qui ont le mérite de faire manger… Ils se retrouvent au fond d’un bar, dans une salle où l’on joue aux échecs. Michel qui venait de découvrir une activité de bistrot typiquement de son âge, le baby-foot, se voit confronté à une autre occupation, avec un autre public, à un autre rythme… Lui qui est un lecteur assidu dévoreur de pages par centaines et milliers fréquente une salle que Joseph Kessel et Jean-Paul Sartre connaissent aussi…
Mais les lieux magiques comme celui-ci ont aussi leurs secrets, leurs souffrances et leurs drames… Michel à travers cela deviendra un homme, un adulte qui gardera au fond de lui un incorrigible optimisme, bien sûr !
Le club des incorrigibles optimistes
Critique de Carine.carine (, Inscrite le 26 octobre 2011, 40 ans) - 26 octobre 2011
un livre qui ne ressemble à aucun autre
Critique de Flo29 (, Inscrite le 7 octobre 2009, 52 ans) - 18 octobre 2011
Un excellent ouvrage, que je vais de ce pas conseiller à mes amis.
une époque formidable ?
Critique de Hervé28 (Chartres, Inscrit(e) le 4 septembre 2011, 55 ans) - 10 septembre 2011
Il fourmille d'une multitude de personnages, de portraits d'exilés des pays de l'Est mais l'auteur réussit à rendre la lecture fluide et passionnante.
Sur fond de guerre d'Algérie, nous suivons la chronique de Michel Marini, qui aura la chance de croiser des personnes extraordinaires.
Acheté il y a 8 jours, j'ai dévoré ce roman où l'atmosphère du Paris des années 60 est parfaitement retranscrite.
Au fil des pages, je me trouvais au Balto avec Michel, ou encore dans le quartier de la Montagne Sainte Geneviève; j'ai tremblé lors de la fameuse partie d'échecs reconstituée, et j'ai été littéralement happé par l'histoire de Léonid.
Contrairement à certains,je n'ai trouvé aucune longueur dans cette histoire, au contraire, je redoutais le moment fatal où il fallait quitter définitivement cette tribu du Club des incorrigibles optimistes.
Un très beau roman que je conseille vivement (d'ailleurs comment ai-je pu passer à côté de ce livre dès sa parution?)
Bonheur au carré
Critique de Deashelle (Tervuren, Inscrite le 22 décembre 2009, 15 ans) - 8 août 2011
Comme le temps a dissipé ces souvenirs épars ! Et voici que Jean-Michel Guenassia saisit sa plume autobiographique et nous livre son trésor. Il peint tantôt en couleurs sépia, tantôt en 3D un monde disparu avec la minutie artistique d’une broderie généreuse. Il peint cette fresque historique de déchirements avec les yeux de ce jeune garçon de 12 ans qui découvre peu à peu le monde complexe et inaccessible des adultes, l’univers à la fois libre et contraignant d’un lycée mythique, les chemins du cœur, ceux de la révolte qui gronde.
Un vrai bonheur aussi, on le comprend, pour nos adolescents qui peuvent plonger dans ce monde qui a accouché du leur et qu’ils ont sans doute idéalisé par nostalgie générationnelle.
Cette arrière-salle du bistrot parisien de Denfert-Rochereau, Le Balto, hanté par Kessel et Sartre et qui abrite les réfugiés politiques du bloc de l’Est est fascinante. S’y est installée une clandestinité, un microcosme humble, joyeux et solidaire qui a tout pour plaire au jeune Michel qui, percevant toutes les trahisons familiales s’y et réfugié pour faire l’apprentissage de la vie, loin du cocon étouffant. C’est le lieu où l’on peut épancher son cœur, enfin ! Il y a aussi ce lieu magique du mystérieux magasin de photos, où sont exposés les premiers pas de photographie du jeune Michel. Son côté clandestin.
Tels des fils de couleurs éclatantes se mêlent l’histoire de Cécile, cette égérie lumineuse, et celle de son frère Pierre engagé dans la guerre d’Algérie, le sombre destin de son frère Frank, et une histoire d’amour impossible avec une Sépharade… En contrepoint il y a tous ces destins fascinants réunis dans la salle où on joue aux échecs du matin au soir, qui recousent leurs vies déchirées par le stalinisme.
Seules les parties d’échecs, refuge ultime de la dignité humaine, m’ont parues un peu longues, mais elles faisaient partie de ce très beau roman initiatique qui pourfend l’absurdité de la guerre et des conflits.
Sympa mais un peu lent parfois
Critique de Olivier1180 (Bruxelles, Inscrit le 21 octobre 2007, 53 ans) - 12 juin 2011
En le commençant, je pensais me rapprocher de l'univers de Jonathan Coe et son "Bienvenue au Club" et puis non, on s'en éloigne assez vite.
Ceci dit, l'histoire brosse une bonne part de vie du héros et il faut reconnaître que c'est bien écrit même si la révélation finale n'a pas été une surprise pour moi...
La France des années 60
Critique de Clara33 (, Inscrite le 29 septembre 2008, 77 ans) - 16 octobre 2010
Dans ces années-là, il existe des petits troquets qui ont une âme, tel le Balto qui sans souci de rentabilité peut consacrer son arrière-salle à des joueurs d’échecs.
Dans ces années-là vivent de nombreux ados comme Michel le narrateur qui rêvent de recevoir un "cicruit 24 heures du Mans" ou un appareil photo Leica ; un certain nombre devait être comme lui, réfractaire aux Maths (un vrai blocage) ou aimer le Baby foot, mais peu d’entre eux ont un vrai talent pour la photo ou l’art de lire en marchant ou en classe, un livre sur les genoux.
D’emblée, on se sent bien en compagnie de Michel. Ses interrogations sur la vie nous touchent. Plus ou moins difficilement, il va passer de l’adolescence à l’âge adulte sous la houlette de ses amis les exilés des pays de l’Est.
Ce roman évoque de nombreux personnages, mais j’ai eu un vrai coup de cœur pour ces Igor, Léonid, Pavel, Sacha... Ce sont eux les joueurs d’échecs, des hommes au destin brisé, les victimes des purges staliniennes qui pour sauver leur peau ont fuit leur pays « où on ne pouvait rien dire, on avait peur, ceux qui s’étonnaient, disparaissaient aussitôt ». Ces hommes qui là bas, exerçaient des professions enviables sont désormais voués aux petits boulot. Isolés, sans famille, ils vont être de véritables guides pour Michel. Ils forment un petit monde que l'on a rarement évoqué dans notre littérature.
Dans ce roman très riche, de nombreux thèmes sont abordés. Je retiendrai aussi l'évocation de la France des années 60, une France aux couleur sépia où la guerre d'Algérie occupe les esprits et divise les familles. Comme dit Guenassia, il n'y a pas une lecture linéaire, "il y a plusieurs romans dans le roman". Le lecteur s'en réjouit et dévore avec un plaisir fou les 750 pages de ce livre qui premier roman est aussi un petit chef d'oeuvre.
interéssant mais certaines longueurs
Critique de Laure 11 (, Inscrite le 15 août 2008, 50 ans) - 17 août 2010
Chronique des années 60
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 6 juillet 2010
Tous les ingrédients d'un bon roman sont réunis dans ce livre:
un héros sympathique pendant ses années entre l'adolescence et l'âge adulte;
une réalité historique: la guerre d'Algérie, le totalitarisme communisme;
une galerie de personnages attachants, aux histoires individuelles passionnantes (particulièrement celle de Sacha qui ne s'éclairera qu'aux dernières pages);
une écriture aérée, variée et très agréable.
Pourtant, j'avoue que les 756 pages m'ont paru quelquefois un peu longues.
Trop long
Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans) - 8 juin 2010
Une leçon d'Histoire passionnante.
Critique de Kézako (, Inscrit le 2 mai 2010, 60 ans) - 2 mai 2010
L'auteur mêle habilement l'histoire de Michel et ses amis réfugiés politiques avec l'Histoire : de la révolution Russe aux Soviets en passant par la décolonisation Algérienne.
Les professeurs d'Histoire pourraient proposer la lecture de ce livre tant il est documenté et précis.
Apprendre l'Histoire contemporaine avec un tel roman devient un véritable plaisir.
Michel Guenassia, même s'il n'obtient pas de prix littéraire a déjà la reconnaissance des lecteurs de plus en plus nombreux.
Excellente découverte
Critique de Nana31 (toulouse, Inscrite le 29 janvier 2006, 55 ans) - 16 mars 2010
Très plaisant
Critique de Jaki (, Inscrit le 7 juin 2009, 31 ans) - 18 février 2010
Un livre à lire et à relire, un vrai condensé de vie qui mérite une place autant sur nos étagères que dans nos souvenirs .
Salut les copains !
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 8 février 2010
Un roman tonique, qui croisant le domaine de l’intime et de l’histoire collective, nous fait côtoyer des personnages attachants et variés , qu’on quitte à regret après 750 pages qui nous ont menés de la France des années soixante meurtrie par la guerre d’Algérie mais où le modernisme entre dans les foyers , à L’URSS et ses pays satellites marqués par le poids du communisme .
Un roman d’apprentissage où le narrateur Michel, enfant puis adolescent fait son éducation intellectuelle, politique et amoureuse entre lycée et café, entre profs et joueurs d’échecs, entre littérature et baby-foot, maths et photo, dans le microcosme des exilés d’Europe de l’Est - « les coupés » ou « les découpés » selon la cause de leur départ,- et qui survivent grâce à l’aide discrète mais régulière des figures tutélaires que sont Sartre et Kessel .
Un roman au contenu généreux, foisonnant mais jamais lourd ni démonstratif, rédigé sans effets de style, d’une plume simple et efficace faite de phrases courtes, juxtaposées, essentiellement narratives . Pas de passages d’analyse psychologique ; les sentiments, les émotions s’y manifestent par des regards, des gestes, des attitudes .
Un roman qui mêle humour et émotion, ironie et tendresse, sur l’amitié, la solidarité, mais aussi la rancune et la trahison, que justifie la phrase de Dante mise en exergue « Combien est amer le pain de l’étranger »
Un roman à la construction habile dans lequel, malgré la multiplicité des personnages et la variété des destins, on n’est jamais perdu . On a plaisir, après avoir abandonné un personnage, à le retrouver quelques chapitres plus loin . Le mystère qui entoure le personnage de Sacha et l’ostracisme dont il est victime est éclairci au dernier chapitre, sans doute le plus émouvant .
Un roman qui, évoquant « un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître » , prend tout son relief chez le lecteur né après la guerre , mais dont pourtant les jeunes jurés du prix Goncourt des Lycéens ont su dégager la puissance romanesque en le primant .
Du très grand roman
Critique de Laurent63 (AMBERT, Inscrit le 15 avril 2005, 50 ans) - 15 janvier 2010
Gros coup de coeur
Critique de Valy_ti (Verviers, Inscrite le 29 décembre 2004, 40 ans) - 8 janvier 2010
Formidable!
Critique de Bréhec (paris, Inscrit le 21 novembre 2004, 66 ans) - 2 janvier 2010
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