Sous le signe de la rose de Alma Lazarevska

Sous le signe de la rose de Alma Lazarevska
(U Znaku Ruže)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Sahkti, le 11 novembre 2009 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans)
La note : 9 étoiles
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Destins yougoslaves

Alma Lazarevska a écrit ce roman, tout comme "La mort au Musée d'Art moderne", un recueil de nouvelles, pendant le siège de Sarajevo, où elle réside.
Une situation qui explique peut-être, outre son talent d'écriture, la beauté et la force de ses lignes, cette rage dans cette manière de croquer la vie par une facette nostalgique qui étreint le lecteur dès les premières pages.
Divers personnages, deux en particulier, occupent la place centrale du récit, avec des destins qui se racontent et s'entrecroisent.
La première phrase résume à elle seule toute la charge émotionnelle des pages qui vont suivre: "Ce récit est écrit au verso de feuilles déjà remplies".

Il y a Aleksa S, figurant obscur d'un film qui ne marqua pas les pages des encyclopédies, descendu à Berlin en 1926 puis rentré, taiseux, dans son chez lui yougoslave.
Il y a Otto, jardinier aux connaissances étendues, quittant la région de Mostar pour celle de Zemun où il devient apprenti peintre en bâtiment avant de partir vers Belgrade et de s'y essayer comme ouvrier sur un chantier de construction, séjournant à Berlin au moment où Aleksa y débarque.
Des vies marquées par un destin cruel, bousculé, profondément humain surtout. Les repères sont vacillants, les hommes se cherchent, tout comme le monde qui les entoure. Avec ces ingrédients en toile de fond naissent des histoires d'amitié et de souffrance, d'absurdité aussi. Un domaine qu'Alma Lazarevska restitue avec beaucoup d'ironie et de tendresse.

J'ai particulièrement apprécié l'attachement qu'elle porte à ses personnages et qui déteint sur le lecteur au fil des pages; on aime ses bonhommes et leurs tragédies, tout comme on suit avec ferveur les présences imposantes du "Métropolis" de Fritz Lang ou le destin déchiré de celle qui vécut sous "le signe de la rose", Rosa Luxembourg dont l'empreinte marque cette histoire.
Un texte difficile à résumer sous peine d'en atténuer la richesse. L'ouvrage est composé de fragments qui se succèdent, d'histoires qui s'assemblent pour former un grand tout, une tranche de vie retraçant le parcours de la Yougoslavie avant son tragique déclin auquel beaucoup ont assisté, impuissants.

La plume d'Alma Lazarevska est superbe de douceur et de subtilité. Elle fait preuve d'un recul dans la narration qui pour paradoxe d'en rendre ses protagonistes encore plus proches de nous.

Diplômée en littérature et théâtrologie, journaliste, Alma Lazarevska est restée à Sarajevo durant tout le siège. Elle y vit encore aujourd'hui.
Elle est un des écrivains les plus en vue de la littérature bosnienne.
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