Les amis du crime parfait de Andrés Trapiello

Les amis du crime parfait de Andrés Trapiello
( Los amigos del crimen perfecto)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Sahkti, le 3 novembre 2009 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 49 ans)
La note : 9 étoiles
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Entre crime et coup d'Etat

Nous sommes à Madrid à la fin des années 1980. Le 23 février 1981, pour être précis, jour de coup d'Etat. Pendant que les barricades se dressent et que la panique s'empare de la population, le club des ACP (Les Amis du Crime Parfait) tient sa réunion hebdomadaire au café El Comercial. Chacun y disserte des règles du roman policier, des défauts des classiques, des travers des modernes et des ingrédients nécessaires à la réussite d'un bon livre.
Dans le groupe, il y a Paco Cortés, auteur fécond de seconde zone qui rompt brutalement avec son éditeur, car il aspire à d'autres ambitions, ouvrir une agence de détectives privés avec son ami avocat, Modesto Ortega. Cortés porte le surnom de Sam Spade; dans le club des ACP, chacun porte le nom d'un héros de roman policier, que ce soit Sherlock Holmes, Nero Wolfe, Maigret, Miss Marple ou encore Perry Mason.

Sur fond de tensions politiques, Andrés Trapiello dresse pendant les deux premiers tiers du livre le portrait des membres de ce club étrange et sympathique, dont l'objectif est d'arriver à créer le crime parfait. Une mise en oeuvre qui prendra place dans la dernière partie de l'ouvrage, avec toutes les difficultés que l'on peut imaginer.
Chacun des personnages du livre est un être que la vie a tourmenté et/ou fait encore souffrir. L'exutoire qu'ils trouvent dans les ACP est parfois de courte durée, les ennuis reprennent le dessus mais il existe une solidarité entre ces hommes et ces femmes, un conflit d'égo également, qui rend parfois les choses très délicates, en particulier lorsque la mort s'invite à leur porte. Le beau-père de Cortés, qui le détestait avec réciprocité, est assassiné; les regards vont se tourner vers les ACP, avec en toile de fond les conflits politiques, le franquisme et ses fantômes.

L'écriture de Trapiello est dense, rigoureuse et en même temps emplie de chaleur, car elle plonge dans l'âme des protagonistes avec beaucoup de sincérité et de sensibilité. J'ai aimé me promener dans les pensées des uns et des autres, tout en ressentant la tension induite par le coup d'Etat et ces tourments espagnols d'une plaie loin d'être guérie.
Le crime n'était pas parfait dans le livre, le livre l'est, lui.


Sur l'auteur:
Andrés Trapiello est né en Espagne en 1953. Figure littéraire de premier plan, chroniqueur régulier de La Vanguardia et de El País, il est l’auteur d’une importante œuvre poétique, d’un journal et de six romans dont D’un vaisseau fantôme (La Table Ronde, 1994), Les cahiers de Justo Garcia (Buchet/Chastel, 2004) et À la mort de Don Quichotte (Buchet/Chastel, 2005, réédition 10/18, 2009). En 2003, son roman Los amigos del crimen perfecto a été couronné du Prix Nadal, l’équivalent espagnol du Prix Goncourt. La Table Ronde vient de publier son essai consacré à la littérature espagnole pendant la guerre d’Espagne, Les Armes et les Lettres. (Source: La Table Ronde)

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