Chroniques imaginaires de la mort vive de Philippe Annocque
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Un plaisir de lecture
Des mois, et même des années qu’il m’attendait, ce livre…
Des chapitres (peut-on vraiment les appeler des chapitres ?) de 2 pages, parfois 3.
Une écriture telle qu’on n’a pas envie de le quitter, ce livre. Mais il n’est pas long, et j’ai eu beau me limiter, ma lecture n’a duré que quelques jours. Et je n’ai pas assez de mots pour en parler…
Un livre sur l’identité.
Qui est le tueur de Vauvert ? et d’ailleurs qui est le narrateur ? qui est le personnage principal ? qui sont-ils tous ?
« quelque chose qui te paraissait bien un peu étrange, presque inconvenant ;
mais tu n’osais rien dire,
trop certain de ne pas être dans le ton,
d’apparaître discordant. On aurait dit sans doute que tu ne voyais pas les choses comme les gens d’ici, on aurait fait allusion à ton séjour en des lieux supposés lointains, on t’aurait regardé comme un étranger – tu serais un étranger. »
« Alors tu t’es tu, bien sûr ; à ton tour, toi aussi, peut-être même qu’à un moment tu t’en es rendu compte, que toi aussi tu te taisais. Pourtant ils n’attendaient que ça, eux, d’une certaine manière : mettre un nom encore sur la chose. « La bête de Vauvert », pourquoi pas ? A qui cela ne plairait-il pas ?
La journée cependant a passé sans que tu trouves les mots pour le dire. Le dire n’a jamais été votre fort, à vous tous »
Les éditions
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Chroniques imaginaires de la mort vive [Texte imprimé] Philippe Annocque
de Annocque, Philippe
Melville
ISBN : 9782915341287 ; 19,00 € ; 13/05/2005 ; 108 p. ; Broché
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Irruption du légendaire dans la campagne de Vauvert
Critique de Eric Eliès (, Inscrit le 22 décembre 2011, 50 ans) - 23 février 2016
Cet homme, qui a connu l’expérience absurde et horrible de la guerre et semble revenir des tranchées, est hanté par le souvenir de la mort omniprésente qui rôdait autour des soldats ; c'est également un enfant du pays, que la guerre a transformé et rendu méconnaissable à ses anciens voisins. Il participe aux battues et à la traque du meurtrier, dont les traces animales évoquent la présence du diable, mais il semble irrémédiablement distant et reste étranger aux commérages. Guidé par une intuition qui l'obsède comme un pressentiment ou un souvenir, il découvrira celle qui se cache derrière les meurtres et semblait l’attendre depuis des années.
Ce roman, court mais d’une grande densité, exige une lecture attentive. On sent chez l’auteur la volonté d’expérimenter de nouvelles formes de narration pour échapper aux conventions du genre romanesque ou les renouveler par une approche originale, en jouant sur les non-dits et les points de vue, un peu comme Lionel Edouard Martin dans " Nativité cinquante et quelques" (qui a fait l'objet d'un commentaire de lecture sur le site). L’écriture, aux longues phrases enveloppantes, parvient à être la fois extrêmement précise et allusive, avec une grande attention portée à la nature et à l’intimité des êtres, à leurs fragilités, à leurs hésitations, à leurs incertitudes et à leurs secrets...
Un peu comme...
Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 26 février 2013
Roman écrit dans la bruine et le bois, dans le silence et les cris. Ces Chroniques imaginaires de la mort vive sont la voix fantomatique de la mort, de la culpabilité, de l’identité.
Récit narré à la deuxième personne, c’est un jeune homme qu’on y interpelle, dans les crépitements du jour et les sentiers boueux de la nuit. Lui qui suit la trace de meurtres étranges, œuvres de bêtes féroces ou du diable, qui glacent le sang et les voix des habitants de Vauvert. La Guerre est finie mais a laissé sur son passage un enfant devenu un homme meurtri, alourdi d’images et de sang. C’est lui, ce jeune homme sans nom, qui cherche dans les profondeurs de la forêt ce monstre mystérieux qui terrorise le paysage de son enfance. Et dans ces profondeurs, que trouvera-t-il ?
Ecrit en courts chapitres dont chaque titre est comme la sensation même de son contenu, ce livre ne s’embarrasse d’aucune fioriture, d’aucune lourdeur. Il trace son sillon, énonce, observe, analyse. Ressent beaucoup. L’odeur du brouillard et les sons de la forêt. Le parfum de la peur et l’étendue des silences pourtant si parlants entre les hommes.
Pourquoi pas, j’y ai trouvé comme un retour au Roi sans divertissement de Giono, où l’homme et la violence faisaient route commune jusqu’au plus intime de l’âme. Où la rudesse des terres reculées mettaient en exergue la presque pureté du crime.
Un peu comme un roman, un peu comme un conte, un peu comme un sentier initiatique escarpé et dangereux…
Viva la muerte
Critique de Farfalone (Annecy, Inscrit le 13 octobre 2009, 56 ans) - 1 novembre 2009
Chroniques imaginaires de la mort vive.
Philippe Annocque est un auteur qui invente sa langue de livre en livre. Nous le suivons ici dans le "langage -ici polyphonique- d'une aventure -ici un suspense- confiée à l'aventure du langage" comme aurait dit Doubrovski.
Ce n'est pas de l'autofiction, comme pourrait le faire penser ma référence à Serge Doubrovski, mais une histoire racontée en petits chapitres, narration très fragmentaire dont il semblerait que le narrateur soit la mort "vive" elle-même, et dans laquelle il est question d'une disparition qui entraînera la recherche d'un meurtrier.
Divertissement de clerc, un peu vain, mais il ne s'agit que du deuxième (ou troisième?) livre de Philippe Annocque, et l'on peut espérer, compte tenu de cet effort (ce que je ressens, moi, comme un effort) de stylisation, mieux de sa part.
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