Un véritable page turner.
Comme bien souvent dans un bon polar, peu importe l'identification de l'assassin, c'est le déroulement de l'enquête qui importe.
Ici, la situation est originale. On a tout à la fois une vue de l'intérieur de par le rôle de personne infiltrée tenue par l'inspecteur Cassie ainsi que de l'extérieur car elle reste toujours en contact avec ses collègues qui continuent de mener l'enquête.
Le récit nous narre subtilement l'évolution de la situation en interne, de la mise en confiance à la provocation finale pour que le responsable se dévoile.
On n'est pas dans un polar psychologique et pourtant cette dernière y tient sa place.
Le suspense se tient jusqu'au bout. Même lorsque l'infiltration arrive à son terme, on suit avec intérêt la suite des événements car le groupe dans lequel Cassie s'est introduite fait tellement corps qu'il est difficile de faire ressortir les individualités.
Un roman qui m'a captivé de bout en bout comme cela ne m'était pas arrivé depuis quelque temps.
De l'originalité dans la situation, dans le déroulement.
La fin peut paraître un peu confuse mais, au risque de me répéter, ce n'est pas la connaissance de la réponse à la question 'QUI ?" qui m'apparaît le plus intéressant dans ce type de roman.

L'écriture est fluide, respectueuse de la grammaire. Elle remplit totalement son rôle de narration en se faisant oublier, ce qui, à mes yeux, est un grand compliment.

Comme vous pouvez le voir j'écris ce commentaire le jour de mon adhésion, c'est parce que ce livre est simplement génial.
Je le lis à chaque Noël, les pieds au coin du feu, les voix des cinq amis résonnant dans la pièces.
C'est un roman policier d'abord, et comme les deux autres Tana French, avec un fin explosive, et tragique, mais c'est aussi en second plan le meilleur roman sur l'amitié que je n'ai jamais lu. ceux qui trouvent ça stupide, apprenez moi, je cherche encore!
Se retrouver comme ça plongé au sein de ce groupe silencieux et fermé, vibrant pour la littérature, à la recherche, derrière ces visages rieurs et passionnés, de meurtriers d'une autre elle même, est à la fois douloureux et exaltant. Je veux vivre avec des amis comme eux dans cette maison, qui vit avec eux : la maison des aubépines, dans une reculée campagne irlandaise. Imaginez cette maison couverte de lierre, perdue, froide, réchauffée par la présence de Daniel, Rafe, Abby Justin et Lexie. On chante:

" Je pourrais dire bella, bella,
Wunderbar ou merveilleux,
Mais aucune langue n'exprimera
L'amour que je vois dans tes yeux.

Justin me prit par la taille, me souleva et, hilare son visage cramoisi et couvert de sueur tout proche du mien me fit tourbillonner, m'entraînant dans un dernier tour de piste. La pièce vide nous renvoyait en écho la voix d'Abby. Son rythme s'harmonisait avec celui de nos pas qui retentissaient aux quatre coins du salon, comme s'il s'était soudain rempli de danseurs, comme si la maison appelait tous ceux qui jadis, avaient valsé ici, fières jeunes filles enlaçant de farouches jeunes gens s'apprêtant à partir pour la guerre sous le regard nostalgique de vieillards dont l'univers se désintégrait tandis que le monde nouveau tambourinait à leur porte. En dépit de leur souffrance, ils riaient. Et tous nous ouvraient les bras, nous accueillant dans leur longue lignée."