On n'y voit rien : Descriptions de Daniel Arasse
Catégorie(s) : Arts, loisir, vie pratique => Arts (peinture, sculpture, etc...)
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De la vraie vulgarisation bien faite
Imaginez un livre sur l'histoire de l'art qui soit accessible, divertissant, drôle, perspicace, novateur et provocateur. Impossible, dites-vous? Alors attendez-vous à être surpris par "On n'y voit rien"!
Ce livre est un recueil de six fictions s'interrogeant chacune sur la signification d'un tableau ( "Mars et Vénus surpris par Vulcain" de Tintoret, "L'annonciation" de Cossa, "L'adoration des mages" de Bruegel, "La Vénus d'Urbin" de Titien et "Les ménines" de Velazquez). Je tiens à souligner le fait que je ne connaissais qu'un seul de ces tableaux avant d'entamer la lecture de "On y voit rien". Pourtant, ça ne m'a aucunement gêné. Les propos d'Arasse sont limpides, les œuvres dont il est question sont reproduites dans le livre et, surtout, l'humour est toujours vif et présent. Vous en connaissez beaucoup, vous, des historiens qui ont l'audace de se demander si la Vénus d'Urbin est une pin-up, ou d'écrire ceci: "rien n'interdit de se décolorer la toison [les poils pubiens], ou de se la colorer en bleu, en rose ou en vert, je ne sais pas moi, comme on voudra. Il y en a qui le font, j'en suis sûr."
En bref, ce livre est une vulgarisation ET un authentique ouvrage sur l'histoire de l'art que le novice et l'expert peuvent lire avec le même plaisir, rien à voir avec "Le monde de Sophie", qui est un roman assez condescendant, à mon sens. Arasse réussit le pari de rendre l'art accessible à tout le monde sans pour autant prendre qui que ce soit de haut, et ce avec simplicité. A lire, que vous connaissiez le sujet ou non!
Les éditions
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On n'y voit rien [Texte imprimé], descriptions Daniel Arasse
de Arasse, Daniel
Gallimard / Folio. Essais
ISBN : 9782070427642 ; 8,60 € ; 23/01/2003 ; 216 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (5)
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Le Renaissance sous un regard drôle et provocateur
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 23 février 2017
Quel conférencier!
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 3 août 2012
"ça leur montrait qu'on peut réfléchir quand on regarde un tableau, et que réfléchir n'est pas nécessairement triste".
Cela commence par une lettre à Cara Giulia à propos d'un tableau du Tintoret, Mars et Vénus surpris par Vulcain.
Puis c'est le rôle de l'escargot dans un tableau représentant « L'Annonciation » de Francesco Del Cossa qui est remis en question.
La troisième analyse concerne les rois mages venant voir « le sacré membricule » de Jésus dans le tableau de Brueghel (ou Bruegel)« L'Adoration des mages ».
Le débat suivant portera sur l'importance et la symbolique des longs cheveux que l'on voit et des poils qu'on ne voit pas dans les représentations de Marie-Madeleine, personnage inventé, « fruit d'une condensation » dans différents tableaux.
« D'où ça vient, pinceau? Ça vient du latin et ça veut dire petit pénis... quand vous y pensez, ça vous ouvre des horizons. »
Nous pouvons lire ensuite un dialogue savoureux entre deux interlocuteurs pour savoir si la Vénus d'Urbin est ou n'est pas une pin-up.
Pour terminer par une nouvelle interprétation anachronique du tableau de Vélasquez, les Ménines, où on se retrouve avec des extraits de Kant que je suis dans l'incapacité totale de comprendre: « ta description faisait du roi l'objet « transcendantal » du tableau-, c'est-à-dire, avec Kant, quelque chose qui, tout en étant indéterminé, peut être déterminé à travers le divers des phénomènes et constitue le corollaire de l'unité de l'aperception. C'est compliqué. Normal, c'est du Kant. »
Une lecture formidable d'érudition mais surtout dans cette façon de nous présenter quelque chose de hautement technique en complète contradiction avec la forme: des dialogues, des interpellations, une langue directe et simple et surtout beaucoup, beaucoup d'humour.
Il est certain que les étudiants de M. Arasse ne devaient pas s'ennuyer pendant ses conférences et on se prend à souhaiter que tous les professeurs d'histoire de l'art mais aussi dans tous les domaines soient aussi passionnés et passionnants!
Un autre regard sur l'oeuvre d'art
Critique de Shelton (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans) - 29 juillet 2012
Daniel Arasse reproche à certains critiques, historiens et amateurs d’art de se laisser obscurcir la vue par les discours et théories, par les modes et les clichés prétentieux. Il part du principe que je partage assez facilement que chacun peut voir une œuvre d’art avec ses yeux, sa culture, son cœur, son âme, mais voir signifie d’abord ouvrir les yeux, regarder tout simplement et pas systématiquement sur-interpréter, réécrire la biographie de l’artiste et passer trois plombes à vouloir tisser des liens avec le monde entier. L’œuvre est devant nous, elle vit, elle respire, entrons en contact avec elle sans chichis…
Même si nous sommes dans un livre de format poche, nous allons trouver quelques reproductions de tableaux qui vont permettre à Daniel Arasse de montrer concrètement ce qui peut être considéré comme une bonne façon de « voir »… Les tableaux sont « Mars et Vénus surpris par Vulcain » du Tintoret, « L’Annonciation » de Francesco del Cossa, « L’adoration des Mages » de Bruegel l’Ancien, « La Vénus d’Urbin » du Titien, « Les Ménines » de Vélasquez…
Sans vouloir tout vous révéler, je retiens juste quelques petits éléments. Dans une œuvre on voit un chien qui aboie et Daniel Arasse nous le montre car personne n’y fait attention. On a l’impression que les personnages du tableau l’ignorent alors qu’il est là en faisant du bruit, une présence qui a un sens car elle indique un personnage caché que, du coup, tout le monde devrait apercevoir, y compris, surtout, ceux qui sont dans la scène… Alors quel sens donner à cela ?
Mais il y a aussi un escargot qui se hâte lentement en traversant une scène biblique. S’est-il perdu ? Marie serait-elle allée aux escargots avant de rencontrer son ange ? Mais y avait-il des gastéropodes en Israël ? Est-ce un hommage à notre Bourgogne ?
Tout est montré dans ces exemples, qui à chaque fois nous démontrent si besoin était, qu’effectivement, l’art est bien fait pour tous dans la mesure où nous devons, avec nos sens entrer en contact avec un artiste. Il a peut-être des choses à nous dire, mais c’est lui qui entre en contact avec nous, ce n’est pas nous qui cherchons mille intermédiaires à glisser entre lui et nous, en nous et son travail…
Un excellent petit livre de vulgarisation qui devrait vous offrir d’autres visions sur les œuvres d’art et vous ouvrir à une multitude de plaisirs que vous n’imaginez pas…
Sympa et instructif
Critique de Soldatdeplomb4 (Nancy, Inscrit le 28 février 2008, 35 ans) - 13 janvier 2011
Daniel Arasse, en bon maître d'école, nous fait nous promener dans les décors des plus grands maîtres, extrapole certains points pour élargir notre champ de vision, (se mousse un peu au passage, mais c'est de bonne guerre), et fouille la symbolique. Le tout sans jamais ennuyer, avec un texte jamais alourdi de terminologie pompeuse (savante, dira-t-on, c'est plus lisse). Une vulgarisation efficace, ludique sans pour autant (loin s'en faut) être infertile.
Pas mal du tout (bien que la toison de Marie Madeleine me laisse sceptique) !
Le détail comme point d'entrée.
Critique de Senoufo (, Inscrit le 9 janvier 2009, 66 ans) - 19 avril 2010
Je n'ai pas aimé le chapitre sur "le toison de marie-madeleine" ( il ne correspond pas a une œuvre, mais plus a l'étude d'un symbole). Alors, bien sûr, de temps en temps, il fait de "l'histoire de l'art", mais ce n'est pas le plus passionnant.
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