Fatale de Jean-Patrick Manchette

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Tistou, le 8 septembre 2009 (Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (51 261ème position).
Visites : 4 069 

Obscur polar mal identifié

Jean-Patrick Manchette, on le sait, a sa spécificité. Dans le ton, dans cette façon peu orthodoxe d’envisager caractères et situations, où le « gothique », le surréel ne sont jamais vraiment loin. « Fatale » ne déroge pas à la règle. C’est à la fois criant de vérité dans la mise en place du décor ; « Bléville » bourg de province (qui m’évoque irrésistiblement la côte normande ?), ses notables, son ennui, et totalement hors réalité avec Aimée, cette femme à la beauté glaciale qui s’est donné pour mission de … de quoi en fait ( ?) – jouer le grain de sable dans la bonne bourgeoisie ( ?), éliminer du notable ( ?), gagner de l’argent sur les turpitudes des riches ( ?) – on ne sait trop mais toujours est-il qu’elle tue, de manière préméditée. Et d’ailleurs le roman sera le récit de son arrivée à Bléville, de son « entrisme » dans la bourgeoisie locale jusqu’à la mise en œuvre de sa solution finale ; tuer et faire en sorte de récupérer de l’argent, beaucoup d’argent.
Bon, évidemment ça ne va pas exactement se passer ainsi. D’abord parce qu’on est chez Manchette et que Manchette n’hésite pas à tuer, y compris ses héros. Et puis aussi peut-être parce que, comme dans la vraie vie, même les grains de sable rencontrent leurs propres grains de sable (le mouvement perpétuel ?) ?

« Après l’expulsion du baron Jules ,le cocktail chez Lorque se termina assez vite. Après être rentrée dans son studio, s’être fait du thé et avoir pris un bain, Aimée se tint devant le lavabo de la salle de bains et, se regardant dans le miroir, elle se parla à elle-même.
- Eh bien, dit-elle, c’est comme d’habitude, non ? Ca parait lent, mais c’est assez rapide en vérité. Ce sont toujours les histoires de cul qui apparaissent les premières. Puis viennent les questions d’intérêt. Et enfin, les vieux crimes. Tu as vu d’autres villes, ma douce, et tu en verras d’autres ; touchons du bois. (Elle se toucha la tête. Dans le miroir, son visage blanc, illuminé médiocrement par l’éclairage fluorescent incorporé à l’armoire de toilette, de même se toucha la tête sans sourire.) Allons, ma douce, répéta-t-elle, les crimes viennent en dernier et tu dois être patiente.
Elle but son thé et se coucha et dormit bien. »

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"C'est à vous que je m'adresse."

7 étoiles

Critique de Antihuman (Paris, Inscrit le 5 octobre 2011, 41 ans) - 18 août 2014

Cette fois pas de Tarpon pas de Madame Ducon* mais une jeune femme de Bléville bien dans sa vie dans son esprit, à ceci près qu'elle révèle une personnalité borderline: en effet c'est une tueuse...

Et ce qui aurait pu passer pour quelque chose de commercial par untel (ou un autre auteur plus connu) est en fait très bien rédigé et original en dépit d'un court récit. Normal c'est du Manchette, on suit donc ses pérégrinations avec suspense jusqu'au dernier chapitre ou elle prend là conscience de son erreur et s'occupe désormais vers une quelconque rédemption.

Amusant aussi tous ces gros notables et ploutocrates d'une ville qui ont peur, très peur d'une seule nemesis pourtant sérieusement damnée quant à elle.

Se lit sans faim ou presque.


*pardon mais ceci est un clin d'oeil à ceux qui ont lu Manchette; en fait je n'ai pas pu m'en empêcher

très étonnant

3 étoiles

Critique de Clubber14 (Paris, Inscrit le 1 janvier 2010, 44 ans) - 3 juin 2010

Fatale est le second roman de Manchette que je lis après "Le petit bleu de la côte Ouest" et j'ai vraiment trouvé que les styles étaient très différents. Dans "Fatale", tout va vite, nous avons l'impression que la tueuse ne s'arrête pas une minute, les dialogues sont très saugrenus, loufoques, parfois sans queue ni tête, la fin accélère encore plus les choses.

Il faut dire que ce roman est très court (150 pages, 2 heures grand max de lecture) mais au moins Manchette va droit au but, pas d'enrobage, première scène, premier meurtre...

Autant j'avais adoré "Le petit bleu..." autant là j'ai moins aimé car des dialogues trop bizarres, une ambiance étonnante. Les mobiles des meurtres sont tirés par les cheveux....

Je dois impérativement en lire un 3ème pour me faire une idée plus précise de l'auteur.

Pour ce roman-ci ça sera un petit 1.5 étoile.

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