Les mains rouges de Jens Christian Grøndahl

Les mains rouges de Jens Christian Grøndahl
( Røde hænder)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Jlc, le 8 septembre 2009 (Inscrit le 6 décembre 2004, 80 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 883ème position).
Visites : 7 117 

Identité floue

Tout d’abord un conseil : NE LISEZ SURTOUT PAS LA 4ème DE COUVERTURE, elle raconte tout. A croire qu’ils sont devenus fous, chez l’éditeur. Je sais bien que, dans un roman, l’histoire n’est pas tout, mais quand même pourquoi gâcher un plaisir de lecture ?

Ce roman est peut-être le plus ambitieux de Jens Christian Grondahl mais il n’en est pas le plus réussi. Ambitieux par le propos de mêler une femme sans conscience politique à un des drames de notre époque, décevant par une certaine confusion. Certes, dès les premières lignes, on retrouve le charme de « la petite musique » de cet écrivain : son style, sa façon de raconter, entre brumes et mélancolie. Comme toujours chez lui, le récit est très bien daté ; géographiquement parfaitement situé, entre paysages et nostalgie, et on pourrait presque retrouver les lieux décrits sur google map ; avec de multiples détails de la « vraie vie » qui donnent au récit une authenticité captivante « et le désir de se sentir réel ».
Fin des années 70. Il a vingt ans, finance ses études en travaillant au service de réservation d’hôtels à la gare centrale de Copenhague. « On est jeune, on se dit que tout est possible, même s’il n’arrive pas grand-chose pour autant. » Elle a presque le même age et arrive d’Allemagne avec une valise qu’elle dépose à la consigne avant d’en confier la clé à ce garçon qui lui a trouvé une chambre. Curieuse situation ? Pas tant que ça, tant Grondahl sait raconter comme personne et tout ceci se fait très naturellement. L’inconnue disparaît, revient, disparaît à nouveau avant qu’il la retrouve, quinze ans plus tard. Ils ont l’un et l’autre leur vie, banale, sans passion mais sans drame. Bien qu’au fond ils ne se connaissent pas, de cette nouvelle rencontre ressurgit la passé et pour lui le besoin de savoir, d’élucider cette énigme qui le taraude encore. Elle va se confier lors de « rencontres volées » qui « laissaient un sentiment d’infidélité » car en gardant pour eux seuls leur secret ils commettaient une trahison plus définitive qu’un adultère charnel.
En 1977, Sonja ( ?) jeune fille au pair en Allemagne aborde un garçon « qui a la liberté de n’avoir plus rien » dont elle découvre l’appartenance à un groupe ultra violent d’extrême gauche qui dans un « exorcisme idéologique » va assassiner, détourner un avion, terroriser le pays avant qu’on en retrouve ses principaux dirigeants morts dans leurs cellules. Ignorante de la réalité des actions de « la bande à Baader » mais pas de leur motivation et redoutant « une existence faite de mouvements répétés dans des circuits fermés », elle va rester avec eux parce qu’elle est aussi n’a plus rien, « parce qu’elle n’avait rien de mieux à faire et parce qu’ils le lui avaient permis ».
La suite de l’histoire est affaire de culpabilité ou plutôt de son sentiment, de recherche de refuge ou de pardon quand le remords se visualise, de trahisons et de déceptions par des êtres qu’elle ne peut plus comprendre. Et l’issue sera prévisible tant elle est inéluctable.
Jens Christian Grondahl sait parfaitement jouer avec le temps, celui du narrateur qui insensiblement va devenir celui de Sonja ou plus exactement le temps de son histoire et aussi celui qui effleure son visage : « L’âge.. adoucit ce qui jadis paraissait dur et permet à la personnalité de percer sous le masque impeccable de la jeunesse. Le temps avait fait ressortir une certaine douceur dans ses traits et le côté détaché de son regard avait laissé place à de la sympathie ».
Tout ceci est parfaitement écrit, construit, rempli de notations très justes. Grondahl est un très grand écrivain. Et pourtant il ne m’a pas, pour la première fois, totalement convaincu. Il se perd ou nous perd un peu en cours de route, trop tendre ou désorienté par son personnage qui lui échappe. L’anecdote n’aurait pas du l’emporter sur l’essentiel : la recherche d’identité d’une femme floue et flouée, fragile et désenchantée que les hasards du temps ont trop ballottée.
Si vous ne connaissez pas encore cet écrivain, je vous conseiller de le découvrir au travers de ses autres livres parus en poche ou du splendide « Silence en octobre » qui lui ne l’est pas. Et ensuite de lire ces « Mains rouges ».
Et bien sûr ce n’est qu’un avis. Quant à moi, j'attends avec impatience le prochain Grondahl.

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Poussif

5 étoiles

Critique de Faby de Caparica (, Inscrite le 30 décembre 2017, 62 ans) - 12 mai 2020

"Les mains rouges" de Jens Christian Grondahl (192P)
Ed. Folio

Bonjour les fous de lectures....

A la découverte d'un auteur Danois.

Copenhague, fin des années 1970
Le narrateur rencontre Sonja descendue d'un train venant d'Allemagne.
Rencontre furtive, très vite celle-ci disparait laissant à la consigne de la gare un sac rempli de billets de banque.
Quinze ans plus tard, Sonja réapparait dans la vie du narrateur et accepte de lui raconter son histoire.
Mais qui est véritablement Sonja ?
On découvre très vite qu'elle était à l'époque jeune fille au pair qui côtoyait un groupuscule d'extrême gauche ayant réalisé des actes terroristes.
Sonja était-elle manipulée ou complice ?

Comment continuer à vivre avec ce passé qui vous hante?
Comment réagir quand on s'aperçoit que l'on a fréquenté une telle personne ? Doit-on se sentir coupable ?
Voici le récit de deux vies tourmentées.

Telles sont les questions que se posent les protagonistes tout au long de cette lecture.

Roman sur le poids du passé et de la culpabilité, je dois cependant avouer m'être ennuyée.
J'ai trouvé l'ambiance pesante, peu d'empathie pour les personnages et, même si l'écriture est fluide, j'ai eu bien du mal à terminer ce livre plus d'une fois posé et plus d'une fois repris.

Dommage, Jens Christian Grondahl est un des écrivains les plus lus du Danemark.

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