Port-Royal de Henry de Montherlant

Port-Royal de Henry de Montherlant

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Théâtre

Critiqué par Jules, le 19 décembre 2001 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 79 ans)
La note : 6 étoiles
Visites : 5 325  (depuis Novembre 2007)

Pas aussi réussie que les autres, à mon avis.

« Port-Royal » fait partie de ce que Montherlant appelle « ses oeuvres religieuses ». Cette pièce a été écrite en 1953 et suit donc « Le Maître de Santiago » classé dans la même catégorie.
Pour la petite histoire, Montherlant s'était découvert des ancêtres jansénistes.
En deux mots, le jansénisme est un courant, au sein du mouvement catholique, qui voulait davantage revenir vers un catholicisme plus prêt de ses origines. Il était notamment basé sur la notion de « grâce efficace » plutôt que sur la « grâce suffisante » prônée par les jésuites. Pour les jansénistes seule la grâce efficace suffisait pour éloigner l’homme du mal, une sorte de véritable assistance de Dieu, mais qui laisserait quand même la liberté. Jansénius (1585-1638) était un Hollandais, évêque d’Ypres, qui prônait des idées nouvelles. Parmi celles-ci, cinq de ses propositions étaient rejetées par l ‘église dont la « grâce efficace ». Pascal, entre autres, était janséniste.
Dans la pièce, comme dans la réalité de l’époque, les sœurs de Port-Royal se voient obligées, comme tout le clergé et les enseignants, de signer un formulaire par lequel elles renoncent à ces cinq points et admettent l'autorité toute puissante du Pape. Elles s'y refusent… Certaines ne comprennent pas bien pourquoi, mais la solidarité joue malgré la tentation de certaines pour la tranquillité. Ce sont les sœurs Agnès et Angélique de saint Jean qui mènent le combat contre l'autorité du pape et de l’archevêque.
Une bonne partie de cette pièce nous raconte les hésitations de certaines des sœurs, quant à signer le formulaire ou non, et les arguments que soeur Angélique de saint Jean leur oppose. Personnellement, j’ai trouvé cette partie un peu longue.
Devant leur obstination de ne pas signer, l'archevêque les déclare toutes rebelles et tous les sacrements leurs seront dorénavant refusés. Cette punition est terrible. En outre, il en désigne un certain nombre, celles qu’il estime être les meneuses, pour être emmenée en prison. A la soeur Angélique qui lui dit que l'église est plus attachée au nombre de chrétiens qu’à leur pureté, l'archevêque répond : « Nous ne voulons pas le nombre. Nous voulons seulement continuer d'exister. » Angélique lui dit : « Les puissants veulent continuer d’exister, et au prix de n'importe quelle compromission ; périssent les principes plutôt que leur puissance. »
La vérité sera celle des puissants : les soeurs qui refuseraient de signer verraient leur cadavre pourrir dans les rues, conclu l'archevêque !
En vérité, Port-Royal sera rasé !
Ce conflit n'était pas que religieux. Il se passait à un moment où Louis XIV poursuivait la politique de Richelieu : il voulait l’absolutisme royal. A laisser certains créer le trouble dans la religion, son pouvoir absolu aurait aussi pu s’en trouver contesté. Le pouvoir en France sera plus dur envers les jansénistes que le pouvoir religieux…

Cette pièce a d’excellents moments, mais l'ensemble ne m'a pas autant plu que « La Reine Morte », « Le Cardinal d’Espagne » ou « Le Maître de Santiago ».

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