Un livre noir

Hoch et Flex vivent dans une cité. Hoch a un travail, une mère divorcée qui s’occupe de lui. Flex ne travaille pas, mais rêve d’une vie ordinaire, loin de la cité, son père est au chômage et ne s’intéresse pas à lui. Hoch et Flex écrivent, Hoch des poèmes, Flex du rap.
Et alors ?
Et alors, le meilleur de ce livre à mon avis, c’est son style, prenant, vivant.

Quelques extraits pour vous tenter :

Hoch : "Le pire lorsqu’on écrit de la merde, c’est de se rendre compte immédiatement après coup à quel point ça peut être merdique. Ce que j’inflige à mes cahiers, t’imagines pas comme c’est puant. C’est si mauvais que si l’auteur était un autre que moi, ça deviendrait mon livre de référence pour me remonter le moral. En période de cafard, je sortirais les passages meilleur cru et les survolerais en répétant à haute voix Tu vois, ça c’est mauvais, irrémédiablement à chier, rien à en tirer. Mais voilà, ces croûtes, c’est moi qui les ponds. Dur pour le moral.
Rien à faire en plus. J’ai tout essayé. Je me suis forcé à écrire des trucs tristes, mais j’ai été lamentable d’apitoiement, pathétique et larmoyant. J’ai relu mes modèles, tout ça pour quoi ? Réécrire leurs mots, mais en moins bien. J’ai mis de la musique, je suis sorti voir le temps qu’il faisait dehors, j’ai repris des vieux papiers volants et j’ai détérioré les bonnes idées notées dessus. "

Flex: « j’ai écrit des paroles bancales qui expliquent pourquoi je fais ce que je fais. Des textes qui disent pourquoi je suis qui je suis. C’est rassurant d’essayer de convaincre des inconnus que t’es pas si pourri, ou de leur expliquer qu’ils captent que dalle de ta vie. Hein, tu ferais quoi à ma place ? »

« Si je trouvais […] une meuf sérieuse […] je me prendrais un travail pépère. On ferait les courses, je ramènerais des cadeaux à ma gamine, mais pas trop pour pas la pourrir non plus […] Je lui raconterais pas d’histoires sauf pour l’endormir et je l’inscrirais dans une école avec des putains de profs. Comme celle qu’on avait en français, tu te souviens ? »


Reste une question : pourquoi « Moi non » ? Pour moi, c’est le refus de Flex de continuer avec sa bande suite à un vol de sac qui a failli mal se terminer, mais …

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  Moi non [Texte imprimé], récit Patrick Goujon

  de Goujon, Patrick
  Gallimard
  ISBN : 9782070767717 ; 18,50 € ; 06/03/2003 ; 215 p. ; Broché

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