Le sagouin de François Mauriac

Le sagouin de François Mauriac

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Lolita, le 19 décembre 2001 (Bormes les mimosas, Inscrite le 11 décembre 2001, 38 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 24 avis)
Cote pondérée : 8 étoiles (329ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 22 830  (depuis Novembre 2007)

Un enfant malheureux...

L'enfance d'un pauvre petit garçon, Guillaume, appelé Guillou. Il vit avec sa mère, son père et sa grand-mère, famille bourgeoise. Dès les premières pages, on comprend très rapidement que sa mère le déteste et le méprise, son père n'intervient jamais.
Sa vie est dirigée par cette femme horrible qu'il a épousé mais il sait qu'elle ne l'a fait que par intérêt et non par amour. Sa grand-mère est encore la seule qui lui permet de s'évader de ce monde cruel que lui inflige sa mère. Mais peu à peu, les tendances s'inversent. Même si on conserve une grande pitié pour ce pauvre petit être répugnant, on comprend que la mère Paule a, elle aussi, beaucoup souffert du rejet, de rumeurs, d'un amour qu'elle a toujours cherché et qu'on ne lui a jamais donné... Cette souffrance qu'elle a endurée, elle la fait vivre à son fils... Quand à la grand-mère, on apprend vite qu'elle aussi rejette peu à peu ce petit être. Et alors qu'on espère que l'instituteur peut encore sauver le petit Guillou par la lecture, par le plaisir d'apprendre, une nouvelle déception surgira... Autant pour le lecteur que pour le petit Guillou et ce n'est qu'à la fin que le petit Guillou et son père trouveront délivrance de cette vie atroce qui leur est infligée, de la manière la plus triste qu'il soit... La mort.
Un livre très triste, très psychologique qui fait beaucoup réfléchir sur le suicide et le rejet de certaines personnes.

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Intéressant mais manquant d'un je-ne-sais-quoi de subtilité

7 étoiles

Critique de Dervla3012 (, Inscrite le 7 décembre 2019, 18 ans) - 5 novembre 2022

De quoi ça parle ?

Guillou, décrit par tous comme sale, bête et laid, ce qui lui vaut de sa mère le surnom de « Sagouin ». Guillou, méprisé par une génitrice qui rêvait de noblesse en épousant l'héritier d'une ancienne famille aristocratique maintenant en déliquescence. Guillou enfin, malaimé par un père aussi méprisé que lui, qui ne sait comment lui témoigner son amour ; et traité avec condescendance par une grand-mère qui, bien que lui manifestant quelques tendresses, est persuadée au fond d'elle-même de son imbécilité.

C'est dans ce climat de décrépitude et de splendeur passée que grandit l'enfant ingrat et renfermé, rejeté par tous… À l'exception peut-être de l'instituteur du village qui semble témoigner un peu de gentillesse à son égard et permet à Guillou d'espérer.

Mais quand, bien vite, le rêve se brise, sans plus personne vers qui se tourner, il rend les armes. Après tout, qui se souciera de sa disparition ? Là encore, il se peut que le petit garçon ait oublié de considérer la présence d'un père, aussi silencieux et mis à l'écart que son fils…

Mon avis : … Mitigé.

Pour commencer, les personnages sont trop monolithiques et manquent par conséquent de subtilité. Une affreuse mégère de mère, une grand-mère sévère et intraitable, un instituteur au bon fond mais obsédé par une quête de gloire, et un duo père/fils soumis et maltraités par la nature qui, pourtant ne demandent qu'un peu d'affection pour s'épanouir. Certes, c'est un panel relativement intéressant (quoique manquant légèrement d'originalité), mais les traits de chacun sont tellement accentués que c'en devient grotesque.

Et ni les péripéties, ni les choix des uns et des autres ne font évoluer les personnalités. Entendez-moi bien, je ne déplore pas ici une soudaine effusion d'amour, mais au moins des caractères quelque peu nuancés quand arrive la dernière page, afin d'échapper à la malédiction des éternels personnages plats.

Cela étant, les péripéties ne sont pas sans intérêt et la fin aurait pu donner quelque chose de vraiment beau. Mais de même que leurs agents, les actions paraissent grossières et maladroites : un petit garçon inoffensif détesté par un village entier, cela me semble un procédé bien facile pour jouer avec les émotions du lecteur. Beaucoup de critiques ont qualifié ce roman de satire poignante, ou autres louanges du même acabit. Toutefois, conformément au dicton, trop de satire tue la satire…

Enfin, le style est raffiné et élégant, recourant au XXème siècle à un langage caractéristique d'un écrit du XIXème .Ce n'est pas déplaisant, j'en conviens, camouflant même parfois certaines balourdises narratives, mais cela renforce tout de même l'impression de décalé, de pas-tout-à-fait qui prédomine dans le livre.

En conclusion, une oeuvre non dépourvue de matière, mais trop pataude dans sa conception, et manquant au fond de subtilité. À confirmer ou infirmer par la lecture de quelques autres romans de Mauriac.

Un enfant malade des adultes

9 étoiles

Critique de Thorpedo (, Inscrit le 22 octobre 2009, 45 ans) - 16 mai 2020

L'enfance malade des conflits entre "grandes personnes", mélange de rancoeurs personnelles et de lutte des classes, le tout dans une France cicatrisant à peine la Première Guerre mondiale. Mauriac signe une oeuvre totalement aboutie.
En 140 pages, il parvient à planter le décor, décrire ses personnages et installer l'intrigue dans une langue superbe. Quel génie. Certains ont besoin de 600 pages pour en raconter trois fois moins; un livre à mettre en certaines mains...
Un très beau moment de littérature, à partager et à relire !

Bon à relire

9 étoiles

Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 17 février 2016

« C’est ce que sa mère lui répète chaque jour : tu es vilain, sale et bête, un sagouin. Et qu’était-il encore ? qu’avait dit sa mère tout à l’heure ; ce mot qui avait été comme une pierre que papa eût reçue dans la poitrine. Il chercha et ne trouva que : régénéré . C’était un mot qui ressemblait à : régénéré.»

Le jeune Guillaume a déjà été renvoyé de deux institutions. Maintenant, même l’instituteur du village, un ancien de Verdun, pressé par son épouse il faut le dire, ne veut ou ne peut plus s’en occuper . Paule, sa mère, le déteste, le houspille à longueur de journée. Heureusement, pour le sagouin, il est tout de même un peu aimé et défendu par sa grand-mère, son père et la domestique. Mais cette histoire se terminera mal.
Un classique, comme dit, qu’il est bon de relire loin des contraintes scolaires.


Extraits :


- Comme on dit « faire l’amour », il faudrait pouvoir dire » faire la haine ».

- Tu m’as expliqué ce qui distinguait les hommes : il y a ceux qui peuvent toujours et ceux qui ne peuvent pas toujours.

- Elle avait cette tête horrible des vieux quand ils se réveillent, et qu’ils ne sont pas encore lavés, et que leurs dents grises enchâssées dans du rose emplissent un verre à leur chevet.

Un petit bijou !

10 étoiles

Critique de JEANLEBLEU (Orange, Inscrit le 6 mars 2005, 56 ans) - 10 août 2013

Dans ce roman, qui tient plutôt de la longue nouvelle, François Mauriac démontre une fois de plus tout son talent de dramaturge, de psychologue et de poète. L'intrigue est très ramassée, condensée. Le style est épuré mais puissant. François Mauriac parvient également à glisser de l'humour au milieu de scènes pleines de tension dramatique. A cet égard, la joute verbale du début du roman entre la belle-mère et la belle-fille à table un soir est un monument digne de Proust (et quelle conclusion : quand la belle-fille se retrouve seule dans sa chambre, après cette scène, pour boire et que Mauriac évoque sa relation avec sa belle-mère en disant qu'elles "faisaient la haine comme d'autres faisaient l'amour"...).
Oui cette histoire est très triste et "le sagouin" et son père en sont les victimes les plus évidentes, mais Mauriac parvient l'exploit de rendre un peu humains les "bourreaux" aussi (au premier rang la mère de Guillaume mais aussi la grand-mère de Guillaume). Sans les excuser en rien, Mauriac montre qu'elles sont quelque part un peu des victimes aussi.
Quant au héros, Guillaume ("le sagouin), Mauriac restitue admirablement ce qu'est la conscience d'un enfant qui est dans son monde imaginaire et les rencontres entre ce monde et celui des adultes.
Un vrai bijou ce roman, tant au niveau du fond que de la forme.

Le souffre-douleur

7 étoiles

Critique de Antinea (anefera@laposte.net, Inscrite le 27 août 2005, 45 ans) - 18 juin 2011

Paule a épousé un homme sans envergure et même pas physiquement tolérable parce qu’elle croyait qu’il avait un titre de noblesse. Mais même de particule il est dépourvu. Par contre il a une mère autoritaire qui arbore, elle, un joli titre et qui en plus ne peut pas voir sa belle-fille en peinture. Et pour couronner le tout, le fils qu’elle a eu avec ce raté est un attardé maigrichon qui ressemble à un jeune poulet déplumé ! Franchement, la vie est bien cruelle avec Paule qui doit supporter de vivre dans ce milieu de médiocres alors qu’elle aurait mérité d’évoluer dans des sphères plus aristocratiques.

Son gamin l’énerve. Elle lui crie dessus sans arrêt. Il faut dire qu’avec son air de benêt et sa lèvre pendante, il ne donne pas envie d’autre chose que de lui mettre des gifles. De toute façon il ne comprend pas, c’est un idiot surprotégé par sa grand-mère qui se sert de lui pour défier sa belle-fille… Oui mais voilà, sous le gamin à l’air débile et élevé aux calottes, il y a un enfant à qui on n’a pas donné la chance de s’épanouir paisiblement.

C’est un court roman sur la maltraitance des enfants et le matraquage psychologique d’une famille qui éclate. Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre, sauf le petit garçon tout sale qui ne connait pas autre chose que la méchanceté abrutissante des adultes. Un livre qui se lit rapidement et qui fait mal au cœur.

...Mauriaquissime...

9 étoiles

Critique de Le Cerveau-Lent (, Inscrit le 4 avril 2010, 31 ans) - 7 avril 2010

Comme à chaque fois que je ferme un livre de Mauriac, c'est la même joie qui apparait, le même sourire qui me pend aux lèvres : Cet écrivain a vraiment une plume unique.
Le Sagouin est le quatrième livre que je lis de lui, et je ne pense pas que ce sera le dernier...
Il a amplement mérité sa place à l'Académie française...

A propos de sagouin

10 étoiles

Critique de Valentini (, Inscrit le 10 janvier 2010, 75 ans) - 17 février 2010

Il y a des gens à qui tout sourit
leur vie est réussite réussie
mais à un certain moment
ils se veulent différents,
bizarre!
Etre sagouin devient alors un art

Otorhino...,logie,
je ne m'en lasse pas.

Les mains pleines

Pique à Picasso
femme à barbe à pot
contre maître abuse
corps serre à l'assaut,
fais-en un drapeau
blanc noir triple buse!
La raison sous les mots fuse
zoo, arraisonne les os,
s'use, sous la banquise ruse,
scalpe squale à Waterloo,
en tandem avec Méduse.

pas trop aimé

4 étoiles

Critique de Nico/NR (, Inscrit le 13 octobre 2009, 30 ans) - 13 octobre 2009

ce livre est bien écrit mais je n'ai pas trop accroché, je trouve qu'il manque quelque chose à cette histoire mais enfin je ne suis qu'un adolescent de 15 ans.

Déprimant

2 étoiles

Critique de Aline&& (, Inscrite le 8 juin 2007, 35 ans) - 21 août 2007

Pour ma part j'ai trouvé ce livre horriblement déprimant.
En fait j'ai même carrément l'habitude de le nommer comme le pire livre que j'ai lu (désolé aux fans)^^.
Personnellement je vois pas l'intérêt de lire autant de malheur et de tristesse à part à la limite dans une autobiographie!

...

4 étoiles

Critique de Babsid (La Varenne St Hilaire, Inscrite le 8 mai 2006, 37 ans) - 9 juin 2006

C'est bien écrit, l'histoire est belle.

Mais je n'ai pas accroché, la magie n'a pas opéré

le sagouin

10 étoiles

Critique de Pohjola (, Inscrite le 30 novembre 2004, 41 ans) - 9 septembre 2005

La vie, la désillusion, et toujours la solitude. On est seul seul seul et on meurt seul. Les regrets, le désespoir. Une infinie souffrance, tellement profonde, tellement injuste qui finira par tout détruire entre des êtres qui ont abandonné, détruire même l’innocence d’un enfant.

Version filmée...

8 étoiles

Critique de FranBlan (Montréal, Québec, Inscrite le 28 août 2004, 82 ans) - 17 juin 2005

Par un pur hasard j'ai vu hier soir à TV5 la version filmée de cette oeuvre, que je ne connaissais pas, fort bien réalisée en 1972, en France, par Serge Moati. Une réalisation très sobre et peu longue, quate-vingt-dix minutes.
Je n'ai pas du tout eu l'impression de regarder un "vieux film", au contraire!
J'ai été touchée, émue par la souffrance de ce petit garçon mal-aimé et troublée par le comportement cruel de ceux qui l'entourent...
À la fin du film, j'avais bien l'intention de lire le livre, après la lecture de tous les commentaires qui précèdent cette intervention, j'en suis d'autant plus déterminée!
Mon appréciation s'adresse naturellement à la qualité du film.

Réponse à Justine F et à Fanfan1236

9 étoiles

Critique de Layla (, Inscrite le 15 juin 2005, 38 ans) - 15 juin 2005

à Justine
on imagine que l'histoire se déroule en 1923, la baronne parle d'une lettre qu'elle a reçue de son mari qui s'en est allé à la guerre et on apprend qu'il est mort à la fin de la 1 ère guerre mondiale (14-18) à la page 51 la baronne dit:
- voilà 5 ans que mon Georges est mort en héros...
1918+5ans= 1923.

Fanfan1236
focalisation interne externe ou zéro?
je dirais interne, la balade en forêt de Paule nous le prouve... tout le passage est rempli de monologues internes... elle se pose des questions... sur les raisons de son mariage.... et parle de la frustration qu'elle a nourri durant son enfance par rapport aux titres de noblesse de ses camarades de classe...

Les égoïstes

10 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 12 avril 2005

Livre cruel autour d’un jeune garçon, différent et non voulu, qui assiste impuissant au cirque des adultes jonglant avec son sort. De prime abord, on déteste cette mère monstrueuse, stoïque et sans amour pour son enfant. Mais pour moi, ils sont tous coupables dans cette famille, coupables d’indifférence, coupables de n’avoir rien fait. Et que dire de Léone - la femme de l’instituteur - qui lui refuse une éducation par vanité. Vraiment, une belle galerie de salauds!

Dans un revirement de situation incroyable, c’est le personnage le plus mou, le père, une lavette, une savate, toujours écrasé par les autres qui prendra la décision finale et sans appel.

Un très grand texte, déchirant et inoubliable.

Une leçon de roman.

10 étoiles

Critique de Miriandel (Paris, Inscrit le 4 juillet 2004, 63 ans) - 17 août 2004

Peu importe le thème et son dénouement (détestables et vainement cathartiques pour certains, extraordinaires de justesse et de vérité pour d'autres), ce roman est la perfection. La langue, le style, la forme, la conduite de la narration, la préparation de la chute, tout y est modèle.
Stupéfiant.
Je n'aime pas Mauriac parce que je n'aime pas être pris à partie dans les règlements de compte d'un auteur avec lui-même, mais il faut rendre à César ce qui appartient à César. Et ce livre est un chef d'oeuvre.

Tragique humanité

10 étoiles

Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 2 juin 2004

Ce que je retiendrai de ce livre, c’est une souffrance généralisée, insoutenable par moment, une disgrâce qui fait tache d’huile, une solitude bousculée. Comme l’a indiqué Lucien, il n’est pas un personnage heureux dans « Le sagouin ». Une mère n’aime pas son fils, le repousse, le torture mentalement. Mais cette mère est aussi une femme, ou voudrait l’être, mais comment voulez-vous, avec un mari simplet et lourdaud. Un enfant, heurté par les paroles d’une mère frustrée, quand elle le traite de « dégénéré », par les gestes d’une mère, quand elle s’essuie la joue après qu’il l’ait embrassée. Un instituteur, timide annonciateur d’un espoir, qui en fin de compte ferme sa porte et ne se le pardonne pas.

De la même manière que le destin peut nous marquer, nous pouvons aussi nous moquer de lui, lui tirer la langue dans la fulgurance de l’instant. Le père et le fils, unis dans leur calvaire, le seront également dans la seule issue qu’ils entrevoient. Mauriac, dès la première page, nous prend à la gorge, puis serre, serre encore et lorsque, le livre terminé, nous pouvons à nouveau respirer, nous regardant dans le miroir, nous voyons une empreinte rouge et indélébile autour de notre cou…

Un modèle de littérature

10 étoiles

Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 29 mai 2004

J'ai relu ce merveilleux Mauriac comme on ré-écoute la neuvième de Beethoven, dans le noir les yeux fermés. Ca c'est pour la neuvième. Le Sagouin je l'ai relu, enfermé le soir dans mon minuscule bureau, un rond de lumière sur mon livre. Enfermé, parce que de temps en temps l'envie me prend de relire tout haut un passage, pour écouter l'harmonie des mots ; et les co-habitants de la maison qui m'entendraient me prendraient pour un toqué.
Le Sagouin raconte le calvaire d'un être "différent", accablé par un monde qui le rejette. Mais c'est aussi le roman de plusieurs personnages enfermés chacun dans sa solitude et condamnés par le destin à vivre ensemble.
C'est du Mauriac : c'est parfois trop dur, trop méchant, trop exagéré. Pourtant on ne trouve aucune délectation dans ce récit de tant de malheur. Il y a plutôt une acceptation de la fatalité qui rend les êtres irresponsables de leur destinée. Et il y a aussi cette compassion à peine voilée pour ce petit enfant renié par ceux qui auraient dû l'aimer.
Et puis il y a le style : Mauriac est à la littérature ce que Beethoven est à la musique ! Mauriac a l'art de construire un roman, de créer des personnages, qui sont bien réels et que l'on va suivre jusqu'à l'accomplissement de leur destin. Il y a toujours chez lui, cette nature omniprésente qui vient dramatiser le récit et puis, ces envolées poétiques qui élèvent le récit jusqu'au sublime :
- "Son regard cherche au-delà des choses, au-delà des murs et des meubles et des tuiles du toit, et de la nuit lactée, et des constellations de l'hiver, cherche, cherche ce royaume des esprits d'où peut-être l'enfant éternellement vivant voit sur sa joue cette larme qu'il oublie d'essuyer".
Ca chante comme du Verlaine !
A chaque re-lecture de Mauriac je me dis que ce romancier, avec Le Sagouin, Le Mystère Frontenac, Thérèse Desqueyroux et Le Nœud de vipères, a écrit les plus belles pages de la littérature française.

Laissez les morts enterrer les morts

9 étoiles

Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 18 juillet 2003

Tous les protagonistes de ce roman sont morts : pas la moindre étincelle d'amour en eux. Et souvent les gens malheureux rendent les autres responsables de leur malheur, du coup la vie devient un enfer pour tous.
C'est un très beau livre, qui se lit d'une traite. Une belle analyse de personnages, victimes ou bourreau involontaire dans le cas de l'instituteur. La fin, suggérée, est d'une grande beauté.

Oh oui, Mauriac!

9 étoiles

Critique de Sorcius (Bruxelles, Inscrite le 16 novembre 2000, 54 ans) - 9 mai 2003

Depuis le début du site, je me dis qu'il faudrait mettre quelques Mauriac. C'est mon auteur classique favori et Thérèse Desqueroux a beaucoup marqué mon adolescence. Pourtant, je devrais relire Mauriac pour critiquer ses livres, car si les émotions sont toujours là, je ne me souviens pas assez pour écrire correctement. Mais avec toutes les lectures qui encombrent ma table de chevet et comme je n'arrive déjà pas à écrire sur les livres que j'ai lu ces derniers mois, cela me semble difficile pour le moment. Mais merci d'avoir rappelé à tous ce très grand auteur, je le mets sur ma longue - très longue liste - de livres à croquer dans un avenir plus ou moins proche

Mauriac... un catho coincé?

8 étoiles

Critique de Leura (--, Inscrit le 29 janvier 2001, 73 ans) - 9 mai 2003

Comme Jules, j'ai lu Mauriac pendant l'adolescence, et le souvenir que je garde de ce livre ainsi que de Thérèse Desqueyroux est celui d'une vision assez désespérante de la vie. Du catho, bien sûr, mais assez coincé. Une vision déprimante de l'homme, à la fois coupable et victime, attendant sa rédemption par un Dieu indifférent. Moi aussi, je préfère de loin Camus et Sartre, parce qu'eux au moins présentent une vision plus positive de l'humanité, celle de l'homme qui se bat pour transcender son destin, et qui y arrive parfois à la force du poignet. Positivons, que diable. Oups... pardon, Mauriac!

Réponse à Lucien à propos de Mauriac

7 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 8 mai 2003

Tu as raison, Lucien, Mauriac ce n'est pas rien. Mais je suis gêné pour plusieurs raisons. Tout d'abord, je dois avouer que je n'ai plus un seul Mauriac dans ma bibliothèque. Adolescent j'ai lu "Thérèse Desqueyroux" et "Le mystère Frontenac". J'avais ces livres en collection de Poche et la plupart de ceux-ci, que j'avais entreposés dans le grenier de ma mère n'ayant pas de place pour les garder près de moi, ont été vendus en vrac par elle à un brocanteur qui lui avait proposé de vider son grenier en vrac !... Et zou !... environ 600 "Livres de poche" qui me quittaient d'un coup sec et traître ! J'ai racheté plus tard, mais pas Mauriac ! Je suis aussi gêné parce que je dois avouer, qu'à l'époque, son côté auteur catholique me dérangeait (on est plus sectaire jeune) et il n'allait pas très bien dans mon paquet de Camus, Malraux, Sartre, Gide, Martin du Gard etc. Pour faire une critique de Mauriac il me faudrait donc racheter ses livres et les relire... J'avoue qu'il y en a d'autres qui me tentent beaucoup plus, même si j'admets qu'il en vaudrait probablement la peine. Désolé, mais je crois que je vais donc me porter pâle sur ce coup là ! On ne peut être au four et au moulin... C'est un peu comme toi pour les auteurs étrangers et la traduction...

Mauriac l'oublié

9 étoiles

Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 7 mai 2003

Parcourant la liste des auteurs, je constate que seuls deux titres de Mauriac sont critiqués : le célèbre "sagouin" et le plus confidentiel "destins".
S'agit-il du signe de l'entrée au Purgatoire du père de Thérèse Desqueyroux (embêtant pour un auteur chrétien...) ou d'un simple oubli de ses cyber-lecteurs ? Je me propose de combler cette lacune dès que j'aurai quelques secondes à moi. Et toi, Jules ? Et vous, Bolcho, Bluewitch, Pendragon ? Et vous encore, catholiques "critiqueurs" (Dieu, quel horrible mot!) : "Genitrix", "Le baiser au lépreux", "Le désert de l'amour", ce sont tout de même de belles machines, non?

Pas la fin!

10 étoiles

Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 21 décembre 2001

Bravo pour ta lecture de ce petit chef-d'oeuvre,Lolita. Mais rappelle-toi... certains lecteurs détestent que la fin de l'histoire leur soit dévoilée. Ceci dit, Mauriac atteint ici le sommet de son art. C'est vrai que tout le monde est malheureux dans cet univers glacial. Tout le monde y compris la mère, que le lecteur a pourtant ressentie d'abord comme le bourreau du petit Guillou, du petit "sagouin". Il n'y a, chez Mauriac, ni victimes ni bourreaux. Rien que des victimes. Rien que des malheureux. Tu l'as bien vu, Lolita : tout le monde est malheureux - et c'est la principale leçon de Mauriac - parce que chacun vit ce que l'auteur appelait dans un autre roman célèbre "le désert de l'amour". On peut difficilement trouver plus de densité, en à peine plus d'une heure de lecture, que dans ce terrible petit roman.

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  les mères... 1 Sednonsatiata 30 décembre 2004 @ 21:27

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