L'enfant multiple de Andrée Chedid

L'enfant multiple de Andrée Chedid

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Lolita, le 18 décembre 2001 (Bormes les mimosas, Inscrite le 11 décembre 2001, 38 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (3 093ème position).
Visites : 9 291  (depuis Novembre 2007)

Une belle leçon de courage pour cet enfant

Entre un père musulman, et une mère chrétienne libanaise, Omar-Jo est un enfant heureux! Aussi souvent qu'il le veut, il grimpe dans les montagnes retrouver son grand-père Joseph. Il a 12 ans, il est jeune, gai, plein de vie...
Mais il habite à Beirouth. En 1987, les hommes se font la guerre et par un beau dimanche ensoleillé, devant son immeuble, il voit ses parents tués par une forte explosion. L'explosion meutrière lui enlève non seulement ses parents mais son bras aussi. Son grand-père l'envoie alors à Paris, dans l'espoir de le protéger de cette guerre dévastatrice. Omar-Jo va se retrouver chez des cousins et fait la connaissance par la même occasion d'un jeune forain Maxime. Omar-Jo, va l'aider alors, à animer son manège, à lui redonner un coup de neuf. Il se transforme, fait le clown, se déguise, il chante, il danse... Il est la joie de vivre...
Une très belle histoire qui vous donne un coup de punch, si vous avez le blues. Une belle leçon de courage qui nous montre l'exemple à suivre. Ce pauvre petit enfant qui a tout perdu ou presque est pourtant si souriant, si heureux, si ouvert à la vie... Le livre réserve des tas de surprises à ce petit être que l'on a envie de consoler et de garder près de nous...
Extrait :
"Celle-ci accourut en hurlant. Le son de sa voix avait suffi ; l'animal s'ancra sur place, ses quatre pattes raidies. Une tornade surgit bientôt au bout du sentier : des babouches vertes battaient les talons de la gardienne, ses robes noires bouillonnaient, gonflés de fureur ; sa tête était couronnée d'une tignasse éparse, rougeâtre, teinte au henné. Saisi par cette soudaine apparition, par cette chevelure frémissante qui paraissait grouillante de serpentaux, l'enfant demeura interloqué. Asma s'était précipitée dans l'espoir de trouver, au bout de sa course, un propriétaire repenti. Pris de remords, ce dernier dès son retour au pays, venait certainement la récompenser d'avoir prodigué tant de soins à ses chers disparus. La vue du gamin la stupéfia et la déçut. En s'approchant, elle remarqua sa joue rafistolée, son amputation. Il venait sans doute mendier. Lui fallait-il , elle, déjà si misérable, venir en aide à plus misérable encore?
-Je n'ai rien? Ce n'est pas la peine de me demander l'aumône. -L'aumône?... Je ne suis pas un mendiant! Je suis le petit-fils de Joseph H. C'est mon grand-père qui m'envoie. Il y a un mois, il a enterré mon père et ma mère dans ce cimetière. Elle s'en souvenait. En échande d'un bout de terre, le vieil homme l'avait grassement rémunérée. Se disant que la gamin avait chargé par le vieux Joseph de renouveler le versement, elle gratifia celui-ci d'un éclatant sourire.
-Ton grand-père est un prince. Un vrai prince. Le descendant du prince est le bienvenu!
Elle se courba... "

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Le manège de l'espoir

10 étoiles

Critique de Pieronnelle (Dans le nord et le sud...Belgique/France, Inscrite le 7 mai 2010, 76 ans) - 29 mars 2012

Si « L’enfant multiple » était un conte, il serait bien cruel même vêtu de poésie et de merveilleux tel ce manège qui tourne emportant enfants et adultes au-delà de la douleur de la mort.
Si « l’enfant multiple » était un roman il raconterait l’histoire d’un vieil homme et de son petit-fils frappés dans leur chair et leur âme par la guerre dans un pays où la mort s’explose en mille morceaux parce des hommes n’en peuvent plus de se déchirer et se haïr.
Mais si « L’enfant multiple » est un conte et un roman, il est avant tout un message.
Un message tel que sait le porter Andrée Chédid avec toute sa poésie, son sens du merveilleux et surtout de l’espoir.
Pas question de laisser l’horreur, l’injustice tuer une deuxième fois ceux qui les ont connues. Pas question de laisser la mort emporter avec elle l’amour possible des hommes entre eux. Car s’ils se haïssent il y a toujours une possibilité de réparer ; pas oublier mais faire en sorte que le manège puisse continuer à tourner pour ne pas laisser gagner la haine, la cruauté. Manège sauveur, qui laisse une chance pour peu qu’on veuille bien accepter d’y monter et surtout qu’on vous laisse y monter.
Cet enfant, meurtri, le bras arraché, reconnaissant dans les décombres d’une voiture explosée ses parents transformés en des lambeaux de chair, de vêtements, va pouvoir devenir multiple grâce à un grand-père extraordinaire (on reconnaît le personnage de « l’Autre » toujours roman-message de Andrée Chédid), et des rencontres de bonne volonté, gens ordinaires plein de failles qui vont se transformer les uns les autres en rencontrant tout simplement l’humanité.

« Enfant de nos guerres
Enfant multiple
Enfant à l’œil lucide
Qui porte le fardeau
D’un corps toujours trop neuf
Ainsi tourne le monde
Manège, que domine le temps et que module l’Histoire.
Pourtant, des rênes fragiles, celles de la liberté,
Demeurent entre nos mains ;
Guidant hors des pistes nos provisoires montures
Vers notre propre destin »

Un livre pour nous faire, tant que possible, croire en l’homme…


Encore une belle histoire d’Andrée CHEDID !

9 étoiles

Critique de Ichampas (Saint-Gille, Inscrite le 4 mars 2005, 60 ans) - 28 janvier 2007

Toujours cette écriture poétique, douceur et dureté s’y mêlent pour laisser conter une très belle histoire.

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