Les Pas Perdus de René Fallet
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
Unique. Livre à ne pas perdre.
Prenez une base commune à tous les personnages : la recherche de l'amour, une gousse de rêve ouvrière, rajoutez-y un soupçon de tristesse, soyez généreux en tendresse et en rire, arrosez généreusement de vinaigre bien acide. Laissez reposer en évitant à tout prix de laisser coller à cause de l'ennui des vies ordinaires, convenues et banales et servez accompagné d'une dose incommensurable d'amitié et de chaleur humaine. A savourer avec lenteur.
René Fallet, c'était avant tout un style reconnaissable entre mille, une écriture qui ne se réinventera pas, des dialogues à la Audiard mais avec les phrases en plus pour faire des romans, de la poésie populaire en veux-tu en voilà. Fallet, c'était l'émotion de la vraie vie de ces gens là, des populos, des pas riches mais pas pauvres en tout.
Le personnage central des Pas Perdus est Georges, ouvrier qui rêve à la fois d'une douce à se coller dans les bras et d'une liberté chérie. C'est Yolande qui va lui faire briller les yeux, lui faire battre le cœur plus vite. Yolande, la bourgeoise qui a une grande et belle maison en province. Yolande qui est mariée, qui a deux enfants.Yolande qu'il rencontre à la gare Saint-Lazare, aux Pas Perdus, là où tant de passants, tant de passantes trimbalent leurs doutes, leurs soucis, leurs espoirs. Je n'en dis pas plus..
Quelques phrases, pour le plaisir (mais un tout petit plaisir,alors)
« Georges but l'apéritif au zinc d'un bistrot. Avec de la componction et des lenteurs de caresse. A ce prix-là, on ne pouvait en laisser une goutte. » Fallet populo avec une classe poétique,
« Georges poussa des gloussements de folie douce, s'arracha du lit, sauta à pieds joints par-dessus les chaises, expédia un « boulet » du gauche dans son chapeau, hurla « But ! » quand s'aplatit le couvre-chef contre un mur » Devinez...
« La morale de la non-convention peut être aussi rigide que les principes bourgeois » Fallet lucide.
« Il est des jours où la pluie manque », « Un monde où le soleil lave les carreaux, où le ciel bleuit les gouttières » Fallet poète,
J'ai du plaisir à imaginer Fallet et Brassens, l'un venant d'écrire « Les Pas Perdus » et l'autre « Les Passantes », l'un allumant une cigarette et l'autre rallumant sa bouffarde, se dire que vraiment, les copains...
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René Fallet | 4 | Garance62 | 25 juin 2010 @ 13:16 |