Chien de Paul Nizon
( Hund, Beichte am Mittag)
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone
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Stupéfiant !
L’été c’est fait pour lire mais, souvent, nous hésitons entre des nouveautés dont on entend parler dans les médias et des livres plus anciens que tout le monde cite comme s’il était évident que tout bon lecteur devait les avoir lu depuis longtemps… Nous nous taisons, mais on sent comme un voile de honte nous tomber sur le visage, pire sur ce que nous croyions solide, à savoir notre culture…
Alors, sortons de la poussière un ouvrage étonnant de simplicité et de force, un roman de Paul Nizon, un écrivain suisse germanophone. Le Tour de France vient de faire escale en Confédération Helvétique et c’est le moment idéal pour rendre hommage à ce pays dont nous ne connaissons que fort peu de chose à part le chocolat, le fromage et les banques… Mais, sortons des clichés et ouvrons « Chien », livre publié en français en 1998 par les éditions Actes Sud avec une traduction de Pierre Deshusses.
Paul Nizon est né en 1929 à Berne. En fait, il vit à Paris depuis 1977, date à laquelle il hérite d’un petit appartement à Montmartre. Il devient un écrivain en exil, un exil heureux car il aime cette ville de Paris. C’est, en tout cas, dans cette mégapole qu’il recevra la consécration internationale et qu’il trouvera pour un troisième mariage le grand amour…
Ces thèmes sont souvent assez tristes et graves. Il est profondément touché par la question de la solitude, celle des relations entre les humains, le devoir de travailler pour faire vivre une famille, enfin, la réflexion sur cette société qui le désespère entièrement… c’est ce que l’on va retrouver dans ce Chien qui peut être considéré comme un livre du désespoir et du rejet…
C’est l’histoire, plus exactement le fil des pensées d’un homme qui n’a plus rien dans sa vie à part un chien qui l’accompagne dans la rue, c’est à dire dans son univers car il n’a plus rien d’autre que cette rue…
L’homme du roman, très probablement Paul Nizon ou une de ses facettes, a peur de se fixer. Aimer, travailler, avoir un ami, c’est devenir quelqu’un qui joue un rôle, qui est coincé dans des règles qu’il n’accepterait pas ou pas entièrement… Croiser des gens dans la rue c’est rester libre, les suivre ailleurs, à la maison comme à l’entreprise, c’est devenir esclave, enchainé… Le chien, c’est la liberté, c’est le refus de savoir de quoi sera fait demain, c’est être libre et victime potentielle de demain…
C’est un livre tragique, ne nous y trompons pas, car dans cette liberté, rouverte chaque jour, l’homme ne trouve pas un véritable bonheur… Mais comme vivre prisonnier serait encore plus difficile, il ne reste que deux solutions : vivre dans la rue ou se suicider dans un acte de lucidité ou courage… ce que ne fait pas l’homme, non plus…
On comprend pourquoi l’éditeur écrit : Chien est un roman anti-romanesque et superbement asocial, un éloge émouvant de l’absolue liberté, le capriccio d’une solitude intense, délibérée, conduite par la nécessité extrême de la littérature…
Alors, que vous connaissiez ou pas Paul Nizon, prenez le temps cet été de lire ce Chien, un roman dont on ne sort pas totalement indemne…
Les éditions
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Chien [Texte imprimé], confessions à midi Paul Nizon trad. de l'allemand par Pierre Deshusses
de Nizon, Paul Deshusses, Pierre (Traducteur)
Actes Sud / Lettres allemandes (Arles).
ISBN : 9782742718764 ; 13,20 € ; 17/12/1998 ; 116 p. p. ; Broché
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