Ethnocentrisme à rude épreuve

Voici un livre drôle et féroce, qui donne matière à réflexion également, tant l'auteur portraiture notre société sans concessions.

Le récit commence par l'organisation d'un voyage, évoqué par plusieurs protagonistes différents, vers la Papouasie. Chaque voyageur y va pour des raisons différentes, pas toujours nobles. Une constante toutefois: cet ethnocentrisme typique de l'Europe qui va poser de nombeux problèmes une fois sur place. Passées les interrogations premières du genre "Ça coupe encore des têtes et ça mange des hommes, les Papous?", notre petit groupe doit affronter une troupe de nationalistes belliqueux qui les prend en otage lors d'une excursion en territoire Asmat. Les réactions sont variables, parfois étonnantes. Débute alors un long récit grinçant sur notre rapport à l'autre, en particulier lorsqu'il est issu d'une civilisation que notre regard colonialiste qualifie de sauvage. Qui est réellement le plus sauvage dans l'histoire? Les comportements des uns et des autres finissent par apporter des réponses dont il n'y a pas vraiment de quoi être fier, quand on se situe du côté de celui qui pense avoir la science infuse, les Occidentaux bien entendu.
Le rapport à la nature est également abordé, avec ces plantes envahissantes, ces animaux qu'on ne peut manger parce que tabous et cette humidité qui finit par mettre à vif les nerfs des plus solides.
Toutes ces conditions difficiles rendent la situation délicate et tendue. L'occasion pour chacun de montrer son vrai visage et c'est franchement intéressant.

Stéphane Dovert connaît bien la partie du monde dans laquelle se déroule le récit, pour lui avoir consacré de nombreux livres et pas mal d'années. Son regard, incisif, sur notre travers n'en est que plus succulent car il pointe le doigt là où ça fait mal. Le tout dans la bonne humeur, appréciable qualité d'un ouvrage qui en possède de multiples, telles par exemple la plume alerte de l'auteur et son talent pour croquer des personnages détestables et attachants à la fois.

Une belle et bonne lecture qui donne à réfléchir. Ludivine, prof idéaliste du récit, résume assez bien ce parcours mental en évoquant la différence entre le Musée de l'Homme et celui du Quai Branly. Tout est là, dans notre perception de l'autre, dans cette façon que nous avons encore trop souvent de sortir les éléments (peuples et civilisations inclus) de leur contexte pour les observer tels des objets d'étude et d'exposition.


Pour lire le premier chapitre:
http://editions-metailie.com/indoc/…

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  Le cannibale et les termites [Texte imprimé] Stéphane Dovert

  de Dovert, Stéphane
  Métailié
  ISBN : 9782864246909 ; 13,55 € ; 20/08/2009 ; 225 p. Broché

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