La cantatrice de Christophe Mercier

La cantatrice de Christophe Mercier

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Tistou, le 20 juin 2009 (Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans)
La note : 8 étoiles
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Eléphant dans un jeu de quilles

« C’était une femme énorme, qui boitait légèrement. Son visage était ravagé, bouffi d’alcool. Sa voix était sensuelle, gouailleuse, avec une pointe d’accent parisien, débordante d’intelligence. Surtout, elle avait des yeux admirables, on ne voyait que ça. Leur bleu lavande dévorait son visage. C’étaient des yeux brûlants, et humides de tendresse, des yeux faits pour trier les âmes. Seuls les médiocres pouvaient les ignorer. »

Pour un peu, on verrait la Castafiore ! Moi j’y vois une italienne, connue en son temps, avec le même type de carrure et de charisme (mais là ça ne regarde que moi !).
Saint-Pont, dans le Bourbonnais, bled d’entre les bleds où le simple passage d’un touriste serait un évènement … alors pensez … une cantatrice qui a connu son heure de gloire vient s’y installer !
Christophe Mercier nous installe d’abord le décor ; Saint-Pont, ses autochtones, ses notables, les misères des uns, les manies des autres … Décor installé, il convoque Gisèle, l’ex-cantatrice, à la manière d’un entomologiste qui viendrait déposer du bout de sa pince à épiler, dans un vivarium empli d’insectes, une mante religieuse. La mante déposée, il s’asseoit devant le vivarium, appuie la tête sur les mains et observe. Et nous avec. Notre vivarium, c’est « La cantatrice », la mante religieuse, c’est Gisèle. Gisèle qui est venue se perdre à Saint-Pont pour tenter de retrouver un relatif anonymat, une vie « normale ». C’est sans compter avec la nature humaine prête à toutes les folies lorsqu’un individu hors-norme se manifeste ; le plombier, l’ingénieur Michelin retraité, le pharmacien assassin, la tenancière de bistrot, … tous, à des degrés divers vont croire leur destin sublimé au contact de Gisèle, et Christophe Mercier s’y entend pour nous croquer cela.
C’est court, imparable, et a le goût du véridique. Ca finit très mal, comme les histoires d’amour en général, ne dit-on pas ?

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