Tarmac de Nicolas Dickner
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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La fin du monde
Le deuxième roman de cet auteur québécois était fort attendu en raison du succès du premier. On retrouve avec plaisir cette écriture fluide, succincte et colorée. De même, encore une fois, Dickner nous fait visiter la planète via le périple de ses personnages de mère et fille possédant le don de connaître la date précise de l’apocalypse.
Tarmac s’inscrit dans la lignée des ‘road novels’. Le voyage inusité nous mène de Rivière du Loup à Seattle, jusqu’au Japon. L’intérêt provient de l’atteinte d’une potentielle destination, de l’idée que nous aboutirons quelque part. Or, ce n’est pas nécessairement le cas. En fait, il s’agit plutôt d’un prétexte pour explorer la décennie des années 90s, ses lubies, ses événements culturels et politiques avec un œil sarcastique bon genre.
En choisissant de mettre l’accent sur l’hétéroclite, Dickner sacrifie l’émotion. C’est un divertissement certain, frais et rigolo, mais en quelque part trop caricatural pour que l’on puisse s’y investir ou en être impressionné.
Les éditions
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Tarmac de Nicolas Dickner
de Dickner, Nicolas
Alto
ISBN : 9782923550237 ; 3,68 € ; 13/04/2009 ; 269 p. ; broch.
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Roman millénariste
Critique de Libris québécis (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans) - 22 décembre 2013
Ce roman à saveur millénariste brosse le tableau d’une adolescence au tournant des années 90. Le désœuvrement de Michel s’envole comme par magie quand il se lie d’amitié avec cette fille idéale, qui correspond aux mesures de sa curiosité intellectuelle. Les deux nerds squattent le sous-sol du bungalow des parents du jeune Louperivois, où ils se repaissent d’informations, avachis devant l’écran cathodique. Hope ne perd pas de vue pour autant l’apocalypse, qui obnubile toute sa famille. En attendant le jour fatidique, toit et bouffe représentent des enjeux majeurs. Hope compte sur le sous-sol des Bauermann, un vrai bunker pour se protéger de l’éventuel cataclysme. Ce genre d’habitation offre l’avantage d’une cave habitable, où on peut emmagasiner les sachets de ramen noodles, une préparation pratique si jamais on est confiné à un refuge que l’on ne peut quitter. La crainte de Hope persiste même si le père de Michel l’assure d’un emploi dans son entreprise pendant les vacances d’été. C’est avec son salaire d’ailleurs qu’elle s’envole inopinément vers le Japon pour rencontrer Hayao Kamajii, qui a corroboré sa prévision de la date de la fin du monde.
Le canevas sert à décrire les soubresauts d’une décennie marquée par la fin de la guerre froide, la démolition du mur de Berlin, l’attaque de l’Irak par Bush père, l’échec de la perestroïka, le départ de Ronald Reagan… Au-delà des enjeux politiques se dresse le désarroi du changement. Partout, le décor ambiant ressemble à un paysage de fin du monde de par ses démolitions ou ses constructions en cours. Le vieux stade municipal est démoli, des tours surgissent des terrains vagues, comme l’illustre la page couverture. En somme, on vit toujours sur un tarmac à destination de nouvelles orientations sociales.
Que reste-t-il de l’adolescence de Michel ? Une petite ville, un vieux stade et, dans un nuage, le cher visage d’une fille de la Nouvelle-Écosse, aurait écrit Jacques Prévert. Nicolas Dickner s’applique à suspendre le cours d’une décennie pour que l’on voie le temps passer. Les personnages sont emportés par la marée d’un quotidien aléatoire, qui file sans laisser de traces. Que ressentent-ils ? Ils n’ont pas des cœurs de ciment, mais ce ne sont pas « des gens de causerie ». Le silence est d’or et la parole est d’argent. L’auteur a fait sien cet aphorisme. Pourquoi Hope s’intéresse-t-elle à l’apocalypse ? Qu’éprouve-t-elle pour Michel ? Est-elle une profiteuse, qui veut assurer sa sécurité ? Silence du roman à ces questions. Hope est une énigme attachée aux craintes familiales. Pourtant l’amour, qui siffle à ses oreilles, aurait pu la guérir de son atavisme.
Le roman tourne le dos à ces avenues au profit de renseignements fournis par Wikipédia. Son précédent roman, Nikolski, était mieux intériorisé, mais il reste que l’écriture est séduisante, et l’armature bien ficelée, sans compter que la narration, découpée comme une BD, faciliterait le bédéiste en quête de sujet.
Dickner file à toute vitesse sur son Tarmac
Critique de Cf_director (, Inscrit le 29 septembre 2009, 33 ans) - 29 septembre 2009
Avec son deuxième roman, Dickner raconte l'histoire d'un jeune homme de Rivière-du-loup faisant la connaissance de Hope Randall, nouvellement installée dans la ville, et tout droit sortie d'une famille où la fin du monde est une obsession. Chaque Randall a la fâcheuse manie de rêver, à un moment ou à un autre, de la fin du monde, d'y voir la date et l'année, d'y croire fermement et de finir à l'asile. Michel Bauermann, le jeune homme, sera témoin du «mauvais-quart-d'heure» (terme utilisé par la famille Randall pour représenter le moment fatidique de leur vie) de Hope.
Tarmac aborde la fin du monde d'une manière très légère comparativement à d'autres oeuvres telles que La route de Cormac McCarthy. Dickner n'a pas écrit un autre de ces livres pessimistes sur l'avant, le pendant ou l'après apocalypse, mais plutôt une histoire crédible où la fin du monde joue un rôle de questionnement.
Ce roman est presque une encyclopédie en soi. Dickner utilise une foule de chiffres, de statistiques et d'informations scientifiques pour agrémenter son histoire déjà passionnante. « La puissance des bombes modernes dépasse l'imagination. Prends un missile balistique banal, environ 500 kilotonnes. L'explosion pourrait catapulter un bout de plaque tectonique en orbite. Le cerveau humain ne peut pas comprendre ça » peut-on lire dès les premières lignes.
Tapissant les 269 pages de ce roman, le texte de Nicholas Dickner se lit facilement, malgré les idées scientifiques et les formules mathématiques parfois incompréhensibles. Les 97 courts chapitres de son récit nous transportent à toute vitesse sur le tarmac de son histoire. Son vocabulaire, majoritairement simple et efficace, est accessible à tous. Son style d'écriture facilite la lecture. Son registre neutre convient aux adolescents et aux moins jeunes, malgré quelques montées vers le registre soutenu qui passent comme du beurre dans la poêle à travers le roman si bien narré.
Quelques failles, sans pour autant détruire le roman, bien au contraire, sont présentes à travers ce nouveau livre de Dickner. Ces éléments, totalement inhabituels, font en sorte que le lecteur s'interroge, à quelques moments, sur la nature et la structure du roman. À travers ces pages, nous sommes confrontés à différents genres en un seul roman. S'agit-il d'un roman de science-fiction? Un roman d'amour? Un polar? Une oeuvre historique? La question reste sans réponse, peut-être parce qu'il s'agit là d'une oeuvre unique, sans genre, ou alors avec tous ces genres réunis. En effet, la science-fiction fait son apparition à travers les visions de la famille Randall. L'amour a son moment de gloire lors de quelques rapprochements entre Michel (dit Mickey) et Hope. Le suspense peut se faire sentir vers la fin du roman, où Hope est à la recherche d'un homme bien précis qui pourrait lui donner de nombreuses informations sur le 17 juillet 2001 (date à laquelle Hope croit que ce sera la fin du monde). On peut même se demander si ce roman n'est pas une liste d'ingrédients. «Sucre, sirop de glucose, beurre de cacao, poudre de lait entier, matière grasse végétale hydrogénée, pâte de cacao, lactose, poudre de lait écrémé, lactosérum en poudre, cacao maigre, matière grasse du lait, extrait de malt, sel [...]»1. Il en va ainsi pour une page complète.
Il y a également un mystère entourant le narrateur. Le véritable narrateur est présent (ou acteur). Il s'agit de Mickey. Cependant, à un moment du roman, où Hope est à plusieurs fuseaux horaires plus loin, le narrateur (Mickey) connait en détail les faits et gestes de Hope Randall, alors que celui-ci ne lui tient pas compagnie.
L'histoire, qui est totalement hors du commun, transporte son lecteur dans un univers de Ramens, de crises quasi-psychotiques et de voyage au Japon. En effet, Hope se retrouvera au pays du soleil levant afin de retrouver un homme, Charles Smith, lui aussi ayant choisi le 17 juillet 2001 comme date ultime. Bref, il faut lire pour le croire.
Enfin, les personnages attachants ne sont que la cerise sur le sunday. Leur complicité, grandissante au fil du temps, démontre que les deux personnages principaux sont liés par un lien très fort. Une forte amitié ou un amour non-dévoilé ?
Pour les soucieux de l'environnement, prenez note que le roman de Dickner, publié aux éditions Alto, est imprimé sur du papier recyclé, ce qui a permis de sauver près de 50 arbres, de ménager des centaines de milliers de litres d'eau et d'empêcher un nombre considérable de pollution matérielle et atmosphérique.
Tarmac doit faire partie de vos prochaines lectures. Un roman passionnant du début à la fin. À lire et à conseiller.
(DICKNER, Nicolas. Tarmac, Québec, Alto, 2009, 273 p.)
Bibliographie :
CAYOUETTE, Pierre. «À livre ouvert», L'actualité, [En ligne], no. 8 (15 mai 2005), p.2-3, dans Eureka (Page consultée le 2 septembre 2009)
GAUDREAU, Valérie. «Un phénomène nommé Nikolski», Le Soleil, [En ligne], 11 avril 2009, p.2, dans Eureka (Page consultée le 2 septembre 2009)
GAUDREAU, Valérie. «L'amour sur fond d'Apocalypse», Le Droit, [En ligne], 25 avril 2009, p. 2-3 dans Eureka (Page consultée le 2 septembre 2009)
LAURIN, Danielle. « Le big-bang Dickner», Le Devoir, [En ligne], 11 Avril 2009, p.2-3, dans Eureka (Page consultée le 2 septembre 2009)
MONPETIT, Caroline. «L'Apocalypse n'est pas pour demain '' Mais je ne dois pas être si pessimiste que ça si j'ai décidé de me reproduire''», Le Devoir, [En ligne], 18 avril 2009, p. 2-3, dans Eureka (Page consultée le 2 septembre 2009)
VIGNEAULT, Alexandre. «Un petit vent de panique», La Presse, [En ligne], 12 avril 2009, p. 2-3, dans Eureka (Page consultée le 2 septembre 2009)
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