Les Onze de Pierre Michon
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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On parle peu de Robespierre… pour un arrageois !?
Une écriture richissime avec des phrases à tiroirs et des subjonctifs imparfaits à ne plus savoir qu’en faire pour, au-delà du moment stylistique, semer le doute et en tout cas nous interroger sur ce qui finalement prévalait quand le tableau des onze fut commandé.
En quelques 130 pages la question se pose et c’est la source de l’art historique qui est interrogée autant que le rôle des historiens ou des hagiographes qui longtemps ont pu être « évangélisés ».
Un excellent moment d’intelligence.
Les éditions
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Les Onze [Texte imprimé] Pierre Michon
de Michon, Pierre
Verdier
ISBN : 9782864325529 ; 14,20 € ; 24/04/2009 ; 136 p. ; Broché -
Les Onze [Texte imprimé] Pierre Michon
de Michon, Pierre
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070437528 ; 6,30 € ; 02/02/2011 ; 132 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (12)
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Magie d’une création artistique
Critique de Colen8 (, Inscrite le 9 décembre 2014, 83 ans) - 1 mai 2017
Un moment de grâce
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 4 septembre 2012
Plaisir musical apporté par la souplesse, l’harmonie de la prose raffinée de Michon qui se déploie comme une longue phrase musicale, avec ses crescendo, ses ralentissements, avec ses reprises que sont les apostrophes du narrateur-guide au lecteur censé déambuler dans les salles du Louvre : ces « Monsieur » qui ponctuent de manière incantatoire ce commentaire passionné, érudit qui ne m’est jamais apparu obscur . Un texte dont on peut encore mieux découvrir la saveur et le phrasé si on « se le met en bouche », si on le passe à ce que Flaubert appelait l’épreuve du « gueuloir ». On en percevra alors toutes les harmoniques.
Plaisir intellectuel en raison de l’habileté narrative de Michon , de l'intelligence de la construction du récit , de la vraisemblance et de la précision des propos historiques qui prennent le lecteur au piège du discours crédible . Quand la fiction fait concurrence à la réalité……….
Plaisir esthétique car nous « voyons » le tableau, sa composition, ses nuances , son éclairage .
Pierre Michon maîtrise ici avec finesse l’art et la magie du trompe-l’œil !
Un moment de plaisir, oui, mais plutôt de grâce .
Une définition de l’écrivain des Lumières donnée page 48 définit pour moi ce qu’a constitué ce récit « une puissante machine à augmenter le bonheur des hommes » . Un bonheur, bien sûr, qui n’a duré que le temps de la lecture : quelques heures ……mais qui resurgit à son souvenir.
Scène de crime en l'An II ...
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 24 août 2012
L'histoire d'un homme et d'un tableau. Une toile de grandes dimensions, qui trône au musée du Louvre.
"Le tableau le plus célèbre du monde, commandé par la lie de la terre. Le Grand comité de l'An II siégeant dans le Pavillon de l'Egalité. Une scène de crime... Voilà le pourquoi des Onze !"
"Vous les voyez,Monsieur ? Tous les onze, de gauche à droite...." Robespierre, Saint-Just, Couthon et leurs acolytes, le Comité de salut public au grand complet. Les onze parricides, comme on appelait alors les tueurs de roi !.
Un homme; François-Elie Corentin, né à Combleux en 1730. Un érudit élevé sans père. Il deviendra un peintre célèbre, sera sollicité pour décorer les demeures des maîtresses de Louis XV. Au crépuscule de sa vie, au cours de l'hiver 1793-1794, au plus fort de la Terreur, il accepte de réaliser sur commande le fameux tableau "Les Onze".
J'avoue avoir été bousculé par ce court roman.
Désarçonné dans un 1er temps par l'incroyable érudition de l'auteur et les connaissances historiques nécessaires à la bonne compréhension.
Je suis remonté en selle, après avoir parcouru quelques lignes des principaux évènements intervenus sur cette période sanglante de notre Histoire .
Et... le jeu en vaut la chandelle !
Cette oeuvre est un feu d'artifice pour l'oreille, du nectar pour les neurones.
L'Histoire de l'Art portée à son firmament !
Incroyable !
Monsieur, voyez ce tableau et écoutez-moi...
Critique de Stavroguine (Paris, Inscrit le 4 avril 2008, 40 ans) - 20 mars 2011
Vous êtes au Louvre et pénétrez dans la salle où sont exposés ces fameux Onze sur lesquels vous posez les yeux avec respect et admiration en vous apprêtant à céder à la contemplation de cette œuvre quelques minutes de votre temps devenu si précieux pour visiter ce musée fantastique à la visite duquel une vie ne suffirait pas, quand tout à coup et sans crier gare, un homme, à votre droite, vous chatouille les côtes de son coude et vous hèle : « Monsieur ! ». C’est un de ces érudits bavards et fiers de leur science, un de ces gens un peu horripilants dont on ne sait vraiment s’ils nous horripilent parce qu’ils le sont réellement ou si, plutôt, on ne les jalouserait pas un peu pour ce savoir immense qu’ils étalent sans la moindre retenue. Sans doute un peu des deux. En plus d’être docte, l’homme est un orateur : un avocat sans doute, ou un conférencier. Ce Cicéron, bizarrement, on ne se le serait pas représenté sous les traits un peu rabougris d’un Pierre Michon ; on le verrait plutôt comme un gros bonhomme à la voix sonore et aux gestes amples et qui pérorerait à grands renforts d’effets de manches brusques et patauds – personnellement, j’y vois mon père. Et de quoi nous parlerait cet homme ? Du tableau et de son peintre, un peu ; de la Terreur, beaucoup moins ; de lui et de ses visions surtout. Ce qu’il nous livre de sa voix sonore, c’est ce qu’il voit lorsqu’il confronte sa culture immense à la représentation qu’ont fait de son objet les témoins de son temps.
Sur une base historique sûre, il nous fait donc part de ses fantasmes, de l’enfance du peintre, de cette scène gothique lors de laquelle le tableau fut commandé à François-Elie Corentin dans la nef d’une église privée de ses cloches et de ses reliques et où trois figures inquiétantes éclairées par une lanterne chancelante auraient convoqué le peintre, d’autres choses encore que l’on ne retiendra pas forcément car cet homme nous fatigue parfois un peu à palabrer de la sorte et on l’entend plus qu’on ne l’écoute.
Ce point est important : ce livre, il faut l’entendre ! Il ne faut pas le lire, et l’écouter est superflu. Si on le lit, on se perdra dans cet amas de virgules et de phrases alambiquées. L’homme parle une langue magnifique, pas réellement compliquée – même si, de-ci de là, il ne manquera pas de placer un ou deux mots rares destinés surtout à marquer une certaine distance avec son auditeur, comme un maître le ferait vis-à-vis de son disciple – mais tout de même parfois confuse. C’est – encore une fois – qu’il parle plus qu’il n’écrit. Alors on le suivra et on l’abandonnera parfois dans ses apartés et dans les détours qu’il fera faire à ses phrases avant de les conclure, on cherchera parfois à le couper, mais il ne nous laissera pas interrompre son flot ; même lorsqu’à plusieurs reprises il nous interpellera pour s’assurer de notre attention, il ne nous laissera pas répondre. Mais surtout – surtout ! – il faudra se garder de prendre ce livre pour un écrit : quand on le lit, il faut l’entendre dire dans sa tête.
Quand enfin la voix se tait, on n’est pas mécontent de reprendre sa visite en espérant que l’homme ne décidera pas d’avancer avec nous jusqu’au prochain tableau. On prendra congé de lui un peu précipitamment pour ne pas lui donner d’occasion de reprendre son discours après son souffle, et on ne lui tendra pas la main de peur qu’il ne la retienne. De même, pas de coordonnées laissées ou de rendez-vous pris, juste un « aurevoir » interjeté alors qu’on est déjà parti. En se dirigeant vers le nouveau tableau, on est heureux d’être rendu à soi-même. Mais tout de même, quel riche moment on a passé avec cet hurluberlu ! Une rencontre avec un tel personnage, ça marque. Et après cela, ces onze-là ne sont plus qu’un tableau.
Un auteur qui « fracture »
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 5 septembre 2010
A la vérité, Pierre Michon écrit … puissamment. Il est clair que chaque mot est pesé, que sa place a été réfléchie et l’architecture préméditée. Quand, de surplus, l’auteur s’appuie sur une grande érudition … ça peut faire très mal. Soit on accepte de se laisser emmener, porter dans quelque chose qu’on ne maîtrise pas forcément et parfois même comprend à peine, soit on veut maîtriser, on veut contrôler et ça doit devenir infernal. D’où l’appréciation desdits contempteurs.
« Les onze » font référence à un tableau que je ne connais même pas. Le tableau dit « Des onze ». Vous le connaissez vous ? Et un peintre que je ne connais pas davantage ; François-Elie Corentin. Voici ce qu’en dit la quatrième de couverture :
« Les voilà, encore une fois : Billaud, Carnot, Prieur, Prieur, Couthon, Robespierre, Collot, Barère, Lindet, Saint-Just, Saint-André.
Nous connaissons tous le célèbre tableau des Onze où est représenté le Comité de salut public qui, en 1794, instaura le gouvernement révolutionnaire de l’an II et la politique dite de Terreur. »
Bon, pour moi, ça commençait mal, je ne le connaissais pas. Mais bien entendu, là n’est pas le problème, puisqu’en fait le propos de Pierre Michon est d’imaginer, retracer l’atmosphère, les faits qui ont conduit des membres du Comité de salut public à mandater François-Elie Corentin à réaliser cette fresque. Et là, Pierre Michon est très fort. Dans un style excessivement riche, une pensée rudement touffue, il remet tout en place, ou plutôt crée une place qui donne une possibilité d’interprétation à la naissance de l’œuvre. Un peu comme un qui s’appuierait sur « Le radeau de la Méduse » pour exposer sa thèse sur les courants maritimes.
Le procédé est d’autant plus intéressant que le fameux tableau, tout comme le célèbre peintre sont eux-mêmes des créations de Pierre Michon !
Je me souviens avoir « lu » (écouté en roman enregistré) au même moment « L’éducation d’une fée » de Didier Van Cauwelaert, et m’être fait la réflexion qu’il était difficile d’imaginer lectures plus dissemblables ! La seule volonté tendue, chez l’un, de faire progresser une histoire, de la raconter, quand l’autre s’attache à mille détails qui pourraient paraître insignifiants pour interroger l’Histoire, l’introspecter, et à travers l’Histoire interroger l’Homme.
Les Onze.
Critique de Borgeski (, Inscrit le 4 août 2010, 80 ans) - 4 août 2010
Tout cela m'est apparu finalement assez vain.
Fulgurance
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 21 février 2010
Il n'est pas le premier écrivain à rêver d'un tableau, inventer une biographie et revisiter l'Histoire. Il ne sera sans doute pas le dernier non plus. Mais peu importe finalement car ce qui compte avant tout, c'est le talent qu'il déploie pour nous faire revivre des pans entiers d'histoire intime ou universelle, des fragments de destins brisés et de vies à jamais éteintes. De l'infime détail, il fait une montagne d'informations. De l'être inconnu, il fait un héros à l'existence extraordinaire.
Pierre Michon embarque le lecteur, lui lançant des "Monsieur" solennels destinés à l'entraîner sur ses pas à la conquête de François-Elie Corentin, de Barberousse ou de Tiepolo. Lorsque Venise rencontre la Germanie, le mariage fait des étincelles. Artistiques et généreuses.
Vous ne savez rien de ce François-Élie Corentin ? Peu importe, laissez-vous guider par l'auteur et immergez-vous dans la vie de ce peintre dont on sait si peu. Tout commence à Combleux, sur les bords de la Loire; une région dans laquelle nous nous enfouissons avec plaisir, grâce aux rondeurs de la langue de Michon, à cette exubérance pour nous conter les paysages et les coutumes. Corentin, sorti de l'obscurité pour illustrer les Lumières, donnera naissance à un tableau, objet de toutes les rêveries de Michon, les Onze ou le Comité de salut public. Oeuvre commandée à l'artiste alors qu'il affiche désabusément 63 printemps et qu'il obéit à un mot d'ordre sans faille: représenter tous les membres du comité dans une apparence fraternelle, en assemblée de héros, peu importe qu'ils soient saints ou diaboliques.
Alors François-Elie Corentin a peint, a figé l'Histoire à travers son pinceau, a raconté la politique -la grande mais surtout la petite-, a engagé son âme dans la bataille des portraits. Un tableau presque beau, s'élevant au-delà des mêlées et des inepties de l'histoire, des crimes commis à l'époque au nom de la démocratie et de la liberté. L'art n'a parfois que faire de politique et la littérature se plaît à restituer ces destins menés par la beauté du geste et la grandeur d'âme.
Ce roman, il a fallu l'attendre sept ans mais ce délai en valait largement la peine. Entre ténèbres et lumières, Pierre Michon nous invite à une réflexion pertinente sur le pouvoir de l'art et sur l'art du pouvoir. Magistral (et merci à Palorel pour ce cadeau).
Une oeuvre rare ... et difficile
Critique de Senoufo (, Inscrit le 9 janvier 2009, 66 ans) - 28 décembre 2009
Genèse d'un tableau historique
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 28 décembre 2009
Avant d'en arriver là, il se perd en conjectures, ainsi qu'en réflexions et rêveries savantes, non moins importantes, du moins en nombre. Ces digressions n'en sont pas moins intéressantes, de même que son style, dont l'emphase est empruntée à celle de l'époque, péché qu'on ne saurait trop lui reprocher : c'est une sorte d'hommage. Racine aussi écrit un peu pompeux, et il commet l'outrecuidance fâcheuse d'écrire en vers, malgré la circonstance atténuante d'emprunter une phraséologie de son temps. Quant aux imparfaits du subjonctif, il ne doit y en avoir, au mieux, que toutes les trente pages, et ce n'est pas ce temps qui obstrue la compréhension de cet ouvrage pourtant court : on ne saisit pas bien où il va et on ne sait pas toujours très bien à quoi il fait référence. Certains passages méritent clarification, c'est assuré.
Pour ma part, je trouve que le fond et l'aspect relativement déstructuré de la rédaction déconcertent bien davantage que le style. Ses pensées à haute voix, comme prises au vol, ont un certain charme, je l'avoue, mais manquent fatalement de rigueur.
Quant aux qualités purement formelles, je préfère qu'un auteur pèche par raffinement que par une vacuité qui en affaiblit les meilleures histoires et affadit les développements les plus originaux, notamment chez certains auteurs à la mode, dont j'ai déjà trop parlé ici. Aussi suis-je favorable à l'étude, voire à l'emploi, certes raisonné, de tournures désuètes, voire en voie d'obsolescence, en vue de lutter contre l'appauvrissement de la langue, ce qui ne me semble pas un combat vain. Bien écrire n'est pas incompatible de la clarté et de l'esprit de synthèse.
Il est à noter que ce livre a obtenu le Grand prix du roman de l'Académie française pour 2009, ce qui pourrait corroborer, je le crains fort pour l'auteur comme pour l'institution, l'impression générale.
Un rêve de Pierre Michon.
Critique de Falgo (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 85 ans) - 8 septembre 2009
Cela ne vous rappelle rien?
Bien sûr le rêve court, galope, prend des chemins de traverse, revient sur lui-même, mélange les genres, les références et les mots.
Il suffit de se laisser aller pour goûter les délices d'une haute conception du métier d'écrivain.
C'est si rare.
Quasi illisible !
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 16 août 2009
C'est le troisième livre que je lis de cet auteur et c'est chaque fois la même chose !
On dirait vraiment que l'auteur fait un concours pour accumuler le plus de mots inconnus du lecteur et n'écrit vraiment que pour les "hyper cultivés" qui peut-être comprendront. Les autres feront merveilleusement semblant...
Et dire que certains disent que Yourcenar est difficile à lire ! Au moins, avec elle, on sait de quoi elle parle !... Elle écrit merveilleusement bien mais reste lisible...
Pour le cercle des érudits
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 12 août 2009
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S'instruire pour lire ? | 10 | Frunny | 20 juin 2018 @ 11:34 |