Ma mère de Richard Ford

Ma mère de Richard Ford
( My mother)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Septularisen, le 20 mai 2009 (Luxembourg, Inscrit le 7 août 2004, 56 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (22 898ème position).
Visites : 4 754 

BOULEVERSANT!

Non durant sa vie la mère de Richard FORD n’a rien fait d’exceptionnel, sa vie ne recèle aucun éclat particulier, rien de notoire, aucun acte héroïque, aucune prouesse qui enflamme le cœur…
Juste elle était aimée par son fils et il se trouve que celui-ci est aujourd’hui un des auteurs cultes américains et qu’il a un jour décidé de rendre un vibrant hommage écrit à sa mère…

Que dire de plus sur ce livre, véritable «cri d’amour» d’un fils pour sa mère aujourd’hui disparue… Sur Edna AKIN, Richard FORD ne nous livre que quelques anecdotes, quelques histoires, quelques détails, le plus souvent par ordre chronologique, sur ce que fut la vie de sa mère, née en 1910.
Sur son enfance banale dans l’Arkansas et ses jeunes années très turbulentes, l’auteur nous en dit très peu d’ailleurs puisque lui-même ne sait pas grand-chose, sa mère ayant toujours refusé de lui raconter cette période… L’auteur nous dit lui-même que c’est un peu comme assembler un puzzle.
Suivent le mariage, la maternité, les années de solitude, le cancer… Il nous dévoile la figure courageuse et indépendante d’une mère aimée et aimante…
L’auteur nous parle aussi et de façon très réaliste, et très lucide des relations fils-mère, une fois le fils devenu adolescent, puis adulte, puis homme marié…

La vie de cette mère donc, une vie simple, une «vie de tous les jours» qui fut littéralement brisée par la disparition de son mari en 1960…Ce père, massif et joyeux, dont Richard FORD nous parle très peu, car trop tôt disparu (l’auteur avait 16 ans à la mort de son père), mais dont la disparition prématurée marquera à tout jamais les relations entre la mère et le fils, solitaires et endeuillés, il n’y aura jamais de larmes, seulement un amour profond et pudique dans un monde vicieux et superficiel.

Le reste n’est… qu’écriture. Très belle, faut-il le dire, dans un style très simple et très épuré quasi minimaliste, par un auteur de talent, le tout au service d’un livre bouleversant, qui pourtant se lit en quelques heures, sans aucune difficulté, comme la contemplation d'un tableau à peine ébauché du monde d'aujourd'hui...

Un livre comme j’aurais aimé en écrire un sur ma mère, et sans aucun doute un livre comme tous ceux qui aiment leur mère auraient aimé en écrire un… un livre pour tous ceux qui un jour ont dit, ou auraient aimé avoir dit à leur mère : «Tu est ma mère, je t’aime»!

Enfin, encore une fois, je tiens à remercier M. Gérard COLLARD de la librairie La Griffe Noire à Saint-Maur qui dans l’émission «Coups de cœur des libraires» sur LCI m’a fait découvrir ce livre…

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Les éditions

  • Ma mère [Texte imprimé], récit Richard Ford traduit de l'anglais (États-Unis) par Béatrice [i.e. Brice] Matthieussent
    de Ford, Richard Matthieussent, Brice (Traducteur)
    Points / Points (Paris)
    ISBN : 9782757813096 ; 4,60 € ; 16/04/2009 ; 73 p. ; Poche
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Un acte d'amour

8 étoiles

Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 80 ans) - 6 février 2011

C’est ainsi que Richard Ford qualifie ce récit où il évoque la relation d’amour qu’il continue d’entretenir avec sa mère, même après sa disparition. Une relation « sans la moindre arrière pensée ni le moindre doute », dénuée de toute ambiguïté, de tout aspect fusionnel tant ces deux êtres se veulent et sont adultes.

Cette femme est difficile à saisir tant elle dit peu de choses sur son passé et c’est avec quelques bribes de vie que Ford essaye de reconstituer ce « puzzle » d’une vie en dehors de lui. Le passé de ses parents lui est un lieu inconnu dont il est exclu par le silence de sa mère. Peut-être cela est-il du au fait que ses parents ont longtemps vécu sans enfant puisqu’il ne vint au monde qu’après 17 ans de mariage. Elle n’est pas bavarde, il n’est pas curieux. C’est la mort du père qui change tout : elle se désintéresse de la vie, il part à l’université où « son enfance s’est achevée. » « Le temps de l’un ne sera plus le temps de l’autre » et elle ne veut dépendre de personne, plus par délicatesse et pudeur que par nécessité. La mort, « commencée bien avant de s’achever », ne va ni rapprocher ni éloigner ces deux êtres qui maintenant, même ensemble sont seuls. La mort ne va pas changer leur relation. La dignité et le courage de l’une n’empêcheront pas « la pitié, l’impuissance et la peur de l’autre ».

Ce récit est un très bel hommage à une femme qui n’était « pas faite pour lutter contre le destin », et pour qui « les choses sont ainsi ». L’écrivain ne prend jamais le pas sur le fils même si bien sûr on retrouve à chaque page le talent du romancier. Mais ici nous ne sommes pas dans le domaine de la fiction, les effets de style ne sont pas de mise, nous sommes au plus près de la vie. Plus qu’un exercice littéraire, « Ma mère » est une très belle preuve d’amour, « un acte d’amour » pour refouler l’oubli.

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