La Bar-Mitsva de Samuel de David Fitoussi

La Bar-Mitsva de Samuel de David Fitoussi

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Aaro-Benjamin G., le 12 mai 2009 (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 54 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 345ème position).
Visites : 3 866 

Ange ou démon

L’auteur de ce récit autobiographique pose un regard singulier sur son enfance. Je ne sais pas quelle est la part de fiction et en quelle mesure la vision de Samuel a été contaminée par la lucidité de l’écrivain devenu adulte, mais une chose est certaine, l’irrévérence du jeune protagoniste ne peut laisser personne indifférent…

L’histoire se déroule pendant les quelques années avant la bar-mitsva (rituel juif du passage au monde adulte) d’un garçon transplanté du nord de Paris au cœur de Montréal. Si l’acclimatation à un nouvel environnement est en soi une chose difficile, le petit Samuel ne s’aide pas, puisqu’il n’aime rien ou disons qu’il a tendance à voir le mauvais côté des choses.

Tout y passe, incluant son nouveau pays « Finalement, je me dis que c’était une chance qu’il y ait de grandes misères dans le monde, sinon personne ne viendrait vivre ici. » et sa famille « de vieilles souches un peu pourries. »

Le ton est direct. L’humour est grinçant, particulièrement dans les descriptions des gens qui l’entoure, comme sa mère par exemple : « …elle ressemblait plutôt à une chanteuse d’opérette déguisée en ménagère boursouflée. » Même les détails anodins parfaitement saupoudrés ici et là pour camper le récit, prennent une tournure sarcastique, « J’avais heureusement deux chaussettes identiques pour une fois, c’était moins mauvais pour mon image érotique. »

On voudrait détester ce petit obsédé sexuel aux pensées cyniques, mais c’est trop rigolo. Du pur bonheur du début à la fin. J’ai dévoré.

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Un petit juif désespéré

7 étoiles

Critique de Libris québécis (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans) - 7 août 2012

Pour ne plus revoir le mari qu’elle vient de quitter, une mère juive de la banlieue de Paris, plie bagages pour s’emmener à Montréal, sans considérer que ça caille dans un pays boréal. Mauvais choix quand on peste contre le frette (froid). Samuel, le fils aîné âgé de dix ans, ne supporte pas nos cinq mois d’automne et nos six mois d’hiver, coupés par quelques jours de canicule.

Le jeune héros est échaudé par la séparation d’un père macho et violent qu’il idéalise, échaudé par l’obligation de laisser ses amis d’une banlieue chaude, échaudé par une mère qui porte la culotte en jouant à la goya délurée, échaudé par sa famille reconstituée avec un beau-père gougnafier et désargenté. Que va-t-il devenir ? Dilemme qu’il résout en adhérant avec enthousiasme à l’idéal de la religion juive pour contrarier sa mère hystérique et iconoclaste, qui a délaissé le couscous pour la viande chevaline. Avec un plaisir sadique, il la menace de porter sa kippa en public, sans compter qu’il exige de s’alimenter de produits cashers. Relations tendues, qui surviennent, de surcroît, à l’heure de l’éveil de sa sexualité.

Précoce, il se procure des condoms pour vivre sa première expérience avec Alphonsine, une camarade de classe, qui l’invite chez elle pour l’aider à faire ses devoirs. Quelle déception quand l’objet de sa convoitise ameute toute la famille avec ses cris effarouchés quand il glisse la main dans sa culotte ! Il ne lui reste plus qu’à se masturber assidument tout en se préparant pour sa bar-mitsva avec un rabbin que, heureusement, il apprécie. C’est le seul homme auquel il peut s’identifier même s’il ne manifeste aucun intérêt pour la célébration soulignant son passage de l’enfance à la nubilité. Il moque même la tradition parce qu’il se refuse à devenir un homme à l’instar du héros du Tambour de Grass Günter, Seule sa mère est exaltée par sa bar-mitsva pour se revaloriser aux yeux de sa famille qu’elle a invitée dans un grand hôtel.

Bref, l’auteur trace avec brio le portrait d’un enfant scandalisé par la conduite d’adultes dépourvus d’amour. L’accusation, diluée par un ton ironique, comme La Lamentation du prépuce de Shalom Auslander, risque de ne faire retenir que le cynisme de ce môme désespéré.

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