Les Pigeons de Notre-Dame de Patrick Virelles
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Audiard et Charlebois rencontrent Pietje Schramouille.
Fred est Parisien, un vrai de vrai, parlant l'argot d'Paname comme dans les chansons de Renaud, pickpocket de son état, le meilleur de Paris même.
Aimable Latendresse, dit « Sirop d'érable », puis "Sugar", est Québecois pur jus, amoureux de sa langue et grand pourfendeur du « franglais », échoué un peu par hasard à Paris. Marie, alias « Pouchenelle », est Bruxelloise, marollienne même, une vraie de la place du Jeu de Balle, danseuse du ventre réduite au chômage par la destruction du night-club où elle travaillait.
Un beau soir de juin, ces trois personnages se rencontrent place Saint-Michel à Paris, ce sera le début d’une fructueuse collaboration. Mais chut ! Je n'en dis pas plus, la suite de l’histoire, découvrez là dans ce très cocasse roman de Patrick Virelles. Ce qui séduit le plus dans ce livre, outre l’humour omniprésent (sauf sur la fin), c’est le choc de ces trois "langues", si proches et si différentes. L’auteur s'amuse (et nous amuse) comme un petit fou en sautant de l’argot parisien au québécois ou au marollien. Les répliques succulentes fusent pages après pages, on dirait du Michel Audiard ou du Frédéric Dard ! Les descriptions de certains quartiers de Bruxelles et de Paris sont très réussies également, elles permettent d’ailleurs à Virelles de nous montrer qu'il peut écrire autrement qu'en argot et qu’il manie fort bien notre belle langue française. Quelques succulents portraits de personnages secondaires viennent encore ajouter une touche de fantaisie loufoque au récit, au risque de s’y perdre un peu peut être. Finalement, ce livre est plus attrayant par son style que par l'histoire elle même... mais c'est un régal pour ceux qui aiment les beaux mots.
Les éditions
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Les Pigeons de Notre-Dame de Patrick Virelles
de Virelles, Patrick
la Renaissance du livre
ISBN : 9782804605872 ; 5,96 € ; 31/08/2001 ; 285 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (7)
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Notre Dame veille
Critique de Deashelle (Tervuren, Inscrite le 22 décembre 2009, 15 ans) - 1 juillet 2010
Patrick Virelles s'en est allé aujourd’hui, à 70 ans. Je regrette qu'il ne soit plus là pour partager avec nous son amour des mots. Leur rondeur, leur 'fumet' comme il disait. Les mots doivent avoir du 'noyau', de la texture. La vérité est dans le vin capiteux des mots. Encore faut-il savoir vendanger et vinifier. il y a tant de mots qui n'ont pas d'odeur, des mots aseptisés, des mots - les plus terribles - ceux de la langue de bois qui nous donnent froid dans le dos et ne disent que leur contraire. Que de scories sur notre chemin et dans nos oreilles rabattues, les mots politically correct, si énervants d'hypocrisie. Les mots qui tuent et nous assourdissent. Les mots, cela doit être la fête, la vibration, la lumière, même s'ils font dans le sombre. Ils sont rares ces écrivains qui fabriquent des perles qui parlent et luisent dans leur robe de nacre au fil des phrases, des MOTS QUI FONT NAîTRE LE PLAISIR ET LES CONVERGENCES, des mots sculptés, des mots d'humour qui réveillent l'amour.
J'avais enfoui dans mon jardin ce petit bijou:' Les pigeons de Notre-Dame' comme un vrai trésor de gaieté et d’humanité, je vais me précipiter pour lire ses autres écrits, à la recherche des pains perdus.
Comme épitaphe, je souhaite partager une très belle phrase, la dernière du livre 'Helena Vannek' d'un autre écrivain belge, Armel Job. "L'éclair de Guido t'aveugla, chère maman. J'espère que la lumière ardente de cet autre Fils de l'homme, tellement plus mystérieux, a rendu la clarté à tes yeux qu'une lueur trompeuse consuma." Envoi dans l'illumination.
Que la terre lui soit légère et le souvenir vif et tendre.
Du Virelles en plein
Critique de Mallollo (, Inscrite le 16 janvier 2006, 42 ans) - 31 décembre 2007
C'est vrai, on l'a déjà dit aussi, Virelles frise dans ce roman le trop-plein. D'argot que plus personne ne parle à ce point. De leçons de vocabulaire. Il faut aimer les langues pour y accrocher vraiment. Mais le fameux 4e personnage de ce roman, le narrateur qui se fait tout petit dans un coin, est décidément celui que je préfère. Celui dont toute l'expressivité passe dans une "sobriété" plus marquée.
J'avais envie de faire découvrir un passage que j'aime beaucoup - un passage sur mai 68...
"C'est le 3 mai qu'un long cri: "Ils ont violé la Sorbonne!" allait dresser les étudiant de Paris.
Dans l'heure, la ville est prise d'émotion, la rive gauche de fièvre, la Préfecture d'effervescence.
Ce long cri: "Ils ont violé la Sorbonne!" allait être relayé comme un vocero tout au fil du mois, reprenant du poumon à chaque fois qu'on prédisait son extinction.
(...)
Désormais, c'est la rue en colère; ce sont les chaussées dépavées, les grillages de protection des platanes arrachés, les panneaux de signalisation déchaussés; ce sont les barricades, dix aujourd'hui, vingt demain, soixante au matin du 13 mai, montées comme des bûchers aux quatre coins du Quartier latin, plantées de drapeaux rouges et noirs, sur lesquelles on chante l'Internationale à plein poitrail; ce sont les lycéens qui en ont claque des moutons que leur dessinent leurs pères, et qui rejoignent leurs aînés; c'est la Sorbonne qui bout comme une urne trop pleine.
(...)
C'est Sartre, pérorant sur un tonneau, Aragon conspué par les gauchistes, le poète Pierre Béarn qui barre sa façade d'un calicot sur lequel il a calligraphié une formule "métro-boulot-dodo" promise à florès; c'est Marcello, un Napolitain finaud comme une belette, qui a planté son éventaire au carrefour de l'Odéon pour y détailler sa "Pizza della rivoluzione", chaque portion garnie d'une oriflamme de piment rouge cloutée d'olives noires; c'est Mouna, le bouffon du Boule'Mich', la barbe en serpillière, son haut-de-forme de guingois, qui, du haut de la statue d'Auguste Comte qu'il a prise pour chaire, prêche la foule qui flue et reflue au rythme des charges de CRS: "Au nom du Pèze, du Fric et des saints d'esprit, donnez du caviar aux ouvriers..."; c'est la Guerre Civile besognée par Monsieur Carnaval."
Rébarbatif
Critique de Miriandel (Paris, Inscrit le 4 juillet 2004, 63 ans) - 5 août 2004
L'amour du verbe est à ce point présent que le verbe finit par occulter ce qu'il devrait révéler. Le style est lourd, long, ampoulé, pédant et truffé de références qui n'ajoutent pas grand chose à une narration qui s'essouffle bien vite à se frayer un chemin dans le jardin secret de Virelles où les mots s'entassent, se chevauchent et finalement se bousculent.
Un roman expressif
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 25 juin 2004
On se balade dans le Paris des cuisines, des bars, de la débrouille et des repas improvisés.
Patrick Virelles fait chanter la langue française et colorie les expressions. Ce roman a du corps, du piquant… bref, de la gueule.