Le rêve du village des Ding de Yan Lianke
( Ding zhuang meng)
Catégorie(s) : Littérature => Asiatique
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Poignant
Ce roman - comme le précédent de l’auteur d’ailleurs - est interdit en Chine. Ce simple fait vaut que l’on s’y intéresse et que l’on lise largement cet homme privé de parole dans son pays pour oser relater des faits dont il a été le témoin.
Le village des Ding est une petite bourgade dont tous les habitants ou presque ont vendu leur sang durant des années. Ce commerce certes fructueux leur a surtout apporté le malheur, car ces hommes et ces femmes sont tombés malades les uns après les autres. Une épidémie d’abord appelée « fièvre » en raison de ce premier symptôme. Jusqu’à l’identification du virus du Sida.
Un homme a organisé la récolte du sang auprès des villageois, et toute sa famille va se retrouver montrée du doigt et être l’objet de la vindicte des malades, du moins de la part de ceux qui en ont encore la force. Son fils de douze ans est la première malheureuse victime de cette histoire tragique. Un enfant dont le père a agi sans morale aucune, préoccupé seulement par sa richesse et sa position sociale grandissantes. Un enfant dont l’auteur a choisi de faire le narrateur de son roman, ce qui le rend poignant. C’est lui qui nous relate les faits depuis leur origine, jusqu’à une conclusion qui bien sûr ne peut être heureuse.
Le rêve du village des Ding est un roman bouleversant. Un livre à lire et à faire lire.
Les éditions
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Le rêve du village des Ding [Texte imprimé], roman Yan Lianke traduit du chinois par Claude Payen
de Lianke, Yan Payen, Claude (Traducteur)
Editions Philippe Picquier
ISBN : 9782877309165 ; 20,00 € ; 26/01/2007 ; 328 p. ; Broché -
Le rêve du village des Ding [Texte imprimé], roman Yan Lianke traduit du chinois par Claude Payen
de Lianke, Yan Payen, Claude (Traducteur)
Editions Philippe Picquier / Picquier poche (Arles)
ISBN : 9782809700855 ; 9,70 € ; 19/02/2009 ; 390 p. ; Poche -
Le rêve du village des Ding
de Lianke, Yan Payen, Claude (Traducteur)
Editions Philippe Picquier / Picquier Poche
ISBN : 9782809708264 ; EUR 9,49 ; 25/01/2012 ; 390 p. ; Format Kindle
Les livres liés
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Les critiques éclairs (13)
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sidinaction
Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 17 juin 2017
Une horreur
Critique de Yotoga (, Inscrite le 14 mai 2012, - ans) - 1 octobre 2012
De plus, les fondations de la culture chinoise sont démontrées par petits exemples tels que la relation adultère entre deux personnes mariées ainsi que le thème du divorce, ou le conflit des générations entre le grand-père qui veut sauver l'honneur familial avec la demande de pardon de son fils, et ce dernier qui se fout complètement de l'honneur.
Et l'auteur montre aussi pourquoi un système de ce genre a pu fonctionner, c'est là tout le rêve du village des Ding : les villageois voient dans un autre village l'abondance apportée grâce aux dons de sang. Ces "voisins" ont assez à manger, chacun des animaux et une maison construite. (Oui, en Chine à l'époque, pas si évident que ça...) Dix ans plus tard, ce rêve s'est transformé en cauchemar.
"les plus désespérés sont les chants les plus beaux..."
Critique de Myrco (village de l'Orne, Inscrite le 11 juin 2011, 75 ans) - 1 octobre 2011
La surprise du livre réside dans le fait qu'il ne s'agit pas seulement de la dénonciation d'une effroyable tragédie dérivée de la cupidité sans bornes de certains , y compris et surtout celle de tout un réseau de responsables administratifs et politiques corrompus initiateurs de cette collecte de sang. On s'attendait à être révolté par le cynisme terrifiant de ces vampires. Mais on pouvait s'attendre aussi à éprouver une infinie compassion pour les victimes.
Or , dans le monde que Yan nous décrit les victimes ne valent souvent guère mieux que les bourreaux et même aux portes de la mort ne brillent guère par leur belle âme: malhonnêteté, mesquinerie, égoïsme au dernier degré, manque de la plus élémentaire compassion, intolérance et j'en passe... tout cela nous laisse un goût bien amer. On peut se demander si cela ne nuit pas à la force de la dénonciation, mais on ne peut reprocher à l'auteur de refuser tout manichéisme en portant ce regard hélas réaliste sur la nature humaine.
Finalement, ces paysans, même s'ils n'ont pas mérité ce qui leur arrive, n'ont pas vendu leur sang parce qu'ils n'avaient pas de quoi se nourrir. Ils l'ont vendu parce qu'eux aussi, à un échelon moindre ont été pris par cette frénésie d'enrichissement, de possession de biens matériels, d'éléments de confort parfois illusoires, un souci de paraître au moins autant que son voisin voire plus. Et c'est bien aussi ce que dénonce Yan Lianke: ce basculement de la Chine contemporaine vers des "valeurs" qui ne peuvent mener qu'au désastre.
Rares et timides sont les rayons de lumière qui traversent cette noirceur comme des lueurs d'espoir auxquelles se raccrocher encore: l'amour qui réunit Lingling et Liang osant braver les tabous d'une société mesquine, la figure digne et humaine du grand-père qui doit porter la faute du fils aîné, qui enterre avec amour le "petit corps"du narrateur et ne supportera pas qu'on lui arrache ; quelques figures fugaces à peine entrevues, un vieillard, un jeune homme serviables...
L'auteur,dans sa postface nous confie ne pas être sorti indemne de ce roman; il ne devrait pas être le seul.
Inégal
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 30 septembre 2010
Pas un mal en soi, certes, mais c'est suffisant pour que je n'accroche pas totalement au récit, que certaines parties m'intéressent moins parce que la morale s'en mêle bien trop à mon goût. Sans parler de certaines insistances qui me paraissent trop présentes par rapport à d'autres parties, plus évocatrices.
Ceci dit, cette dénonciation opérée du début à la fin est salutaire dans la mesure où elle ouvre les yeux, si besoin en était, sur un régime décidément bien corrompu. Pas ma tasse de thé donc mais un intérêt certain.
Vivre avec la mort
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 9 septembre 2010
Trois générations
Critique de Dudule (Orléans, Inscrite le 11 mars 2005, - ans) - 23 août 2010
Le grand-père Ding Shuiyang fait ce qu'il peut pour aider et soulager ses concitoyens qui sont atteints de la fièvre qui n'est autre que le SIDA, alors que son fils aîné Ding Hui, est l'un des protagonistes de la récolte du sang, il s'enrichira avec la vente des cercueils et en organisant des "mariages dans l'au-delà", et toute l'histoire nous est racontée par le petit-fils mort à 12 ans empoisonné.
Le sujet est intéressant, des longueurs mais comme le dit si bien Ulrich il faut aller jusqu'à la fin du livre car "Elle donne une vraie force au livre, effrayante et vertigineuse".
Grand-père, père et petit-fils
Critique de Koudoux (SART, Inscrite le 3 septembre 2009, 60 ans) - 15 juin 2010
Le narrateur, le petit-fils mort à l'âge de 12 ans par empoisonnement, nous décrit son grand-père comme un homme respectable et son père comme un opportuniste qui va bâtir sa fortune sur la collecte de sang, la vente de cercueils et encore l'organisation de mariage dans l'au-delà.
Le grand-père ne pourra pas supporter le comportement de son fils.
L'histoire est très intéressante mais un peu trop longue.
Ce livre mérite d'être lu.
«La plaine du Henan était rouge, rouge comme le sang.»
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 8 mai 2010
Le livre est interdit en Chine, il est vrai qu'il est assez critique sur le régime, la corruption et l'incurie des dirigeants. Un récit intéressant mais trop long et sur un sujet assez démoralisant, qui me laisse une impression mitigée.
« … comme le vent emporte les feuilles mortes »
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 3 avril 2010
En se fondant sur l’histoire réelle du sang contaminé qui a ravagé certains villages de la plaine du Henan ayant vu jusqu’à quatre-vingt pour cent de leur population infectés, Yan Lianke dresse un réquisitoire sans concession contre l’incurie de l’administration chinoise, la corruption généralisée des cadres locaux du parti et la cupidité des marchands de sang.
Il raconte comment le village, vidé de ses forces vives, essaie de faire face à la maladie et aux difficultés qui en découlent en rassemblant les personnes contaminées dans l’école sous la direction du grand-père qui se démène pour faire face à toutes les difficultés qui s’abattent sur cette communauté. L’espérance de vie étant devenue très mince pour la plupart des habitants, les conditions de vie changent énormément. L’urgence de vivre impose de nouveaux comportements. « De toute façon, nous allons bientôt mourir. Le qu’en-dira-t-on, on s’en fout. » Et, même si ces gens vont mourir bientôt leurs petits travers ne disparaissent pas, au contraire, ils s’exacerbent de plus en plus et prennent des proportions si importantes que la vie en communauté devient très difficile. Le vol devient une pratique courante, la chasse aux voleurs une activité habituelle.
Mais, le souci principal de ces pauvres gens, frappés injustement par cette terrible maladie, est de s’assurer qu’ils auront un vrai cercueil en bois pour leurs obsèques et qu’ils ne seront pas laissés comme des chiens sur le bord d’une route. Ils espèrent tous en une autre vie, dans l’au-delà, qui sera plus agréable et moins douloureuse que celle qu’ils vont quitter. C’est une aubaine pour les marchands cyniques qui vont leur vendre les cercueils offerts par le pouvoir et organiser des mariages avec des morts pour que les mourants aient la vie qu’ils souhaitent dans cet autre monde qui les fait plus rêver que les promesses du « Grand Soir ». « Pour avoir une belle tombe, je serais prêt à attraper cent fois la maladie ! »
Ce roman pamphlet, s’il est une charge sévère contre l’incapacité du régime, est aussi une dénonciation de la société de consommation sauvage que les apparatchiks, enrichis par des sinécures juteuses, et des affairistes cupides et avides, instaurent pour leur plus grand profit au détriment d’une population très amoindrie par l’épidémie. C’est aussi la mise en exergue de toutes les faiblesses de l’humanité qui, dès que les conditions deviennent plus difficiles, se réfugie dans un individualisme égoïste au détriment de l’intérêt général. Malgré, l’échéance fatale et proche, les individus pensent plus à la qualité de leurs obsèques qu’à la survie des leurs. Le paraître et toujours plus important que l’être comme dans de nombreuses situations sous bien d’autres cieux. Il semblerait que Yan ait aussi voulu, à l’occasion de cette épidémie, montré que l’individu, dans ce type de régime, perd vite son sens critique et devient une proie facile pour les apparatchiks ambitieux et les marchands dénués de scrupules.
Sida et corruption
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 5 février 2010
Partant de cet état de fait, ce roman, et sa lecture, prennent en quelque sorte une dimension politique. On tâchera d’en faire abstraction pour ne considérer que l’intérêt et la qualité littéraires de l’œuvre.
Plaine du Henan, Chine profonde, celle dont on ne parle pas ni même peut-être en Chine même, époque contemporaine, nous sommes au village des Ding. Synonyme de « trou-du-cul du monde », enfin au moins de Chine !
L’organisation des autorités au niveau du village, et au-delà de la région proche, relève d’un à peu-près qui autorise toutes les corruptions et tous les actes de prévarication. (C’est bien probablement sur cet état de fait exposé que le roman est interdit.) Le grand-père Ding n’est pas de cette cohorte de profiteurs, et son statut d’ancien instituteur en fait un personnage respecté et important du village. Hélas, un de ses fils n’a pas eu ces scrupules, et a honteusement fait fortune lorsqu’une campagne de prélèvement de sang a été institué, dans des conditions d’hygiène … absentes. Au beau milieu du début de l’épidémie de Sida. Il a donc fait fortune et tous ceux qui ont cru devenir riches en vendant leur sang deviennent sujets à fièvres, de terribles fièvres qui s’avèrent mortelles. En fait de fièvre, c’est bien entendu de Sida dont il s’agit. Le village est décimé. Le grand-père fait ce qu’il peut pour soulager ses concitoyens. Le fils enrichi s’en fout tant et plus. La colère gronde à telle enseigne que son tout jeune fils – et petit fils du grand-père – est littéralement lynché. Mort, c’est lui qui va nous raconter ce « rêve du village des Ding » depuis l’au-delà probablement ! C’est le départ de ce roman. La suite va permettre de visualiser les possibilités les plus sordides d’enrichissement sur le malheur du peuple de base, sur l’absence d’intervention du pouvoir officiel, sur la détresse et l’extrême misère auxquelles sont soumis, n’en doutons pas, l’énorme majorité - silencieuse dans la mesure où étouffée – du peuple chinois, et qui fait froid dans le dos dans ce contexte actuel d’importance de plus en plus grande de la Chine aux niveaux économique et politique. (Bon sang, j’avais dit qu’on laisserait la politique de côté !)
Le style adopté, s’agissant de faits relatés par un jeune garçon mort, est évidemment limite onirique, un peu évanescent. Alternativement très concret et allusif. Allié à la méconnaissance que, nous autres occidentaux avons du sort du peuple rural chinois, cela donne une narration qui n’est pas toujours aisée à suivre.
Il faut pouvoir faire la part des choses entre les parties concrètes et les parties oniriques, moyennant quoi ce « rêve du village des Ding » devient alors un curieux OVNI littéraire. Qui vaut à son auteur d’être privé de parole.
Scandaleux...
Critique de Shan_Ze (Lyon, Inscrite le 23 juillet 2004, 41 ans) - 12 janvier 2010
Trois personnages se détachent de ce récit : le grand-père, le père et le fils. Le grand-père qui essaye d’aider les villageois à mieux vivre leurs derniers instants, le père coupable de l’arrivée de la maladie au village des Ding et le fils, victime de la vengeance des malades.
Ce récit m’a rappelé La ferme des animaux par sa forme : organisation d’une société qui révèle la véritable nature des hommes. Une immense corruption prend forme autour de la mort des malades, c’est amoral et ça le devient de plus en plus.
Il est dur d’y croire tellement l’histoire parait scandaleuse et même si l’histoire est teintée d’onirisme, la cupidité des hommes est vraiment présente. Heureusement que l’amour est là pour garder un peu d’espoir…
Parfois quelques longueurs...
Critique de Ulrich (avignon, Inscrit le 29 septembre 2004, 50 ans) - 4 août 2009
Si le sujet est intéressant, il y a des longueurs parfois insupportables, franchement énervantes, presque à vous faire détester le livre. Mais il faut continuer, faire abstraction, pour ceux qui savent le faire, sauter même peut-être des passages car la fin mérite d’être lue. Elle donne une vraie force au livre, effrayante et vertigineuse.
Triste vérité?
Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 10 mai 2009
Pour revenir au contenu du livre, je l'ai trouvé très agréable. L'écriture est simple, crue parfois. Quelques longueurs ennuient un peu, mais finalement le récit évolue bien et ne peut que toucher le lecteur.
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