Portés par un fleuve violent de Bruce Murkoff
( Waterborne)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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« …C’est le commencement d’un espoir incommensurable. »
-« Vous allez vers l’Ouest ?
- Oui.
- Question stupide …. Toutes les voitures filent dans la même direction. Californie ? …
- Nevada.
- Ah, le barrage. »
En 1932, Filius, Lena et Lew entreprennent chacun sa « road movie » vers le Boulder Dam qui sera le plus grand barrage du monde quand il sera érigé, comme le font quantité d’Américains qui fuient les villes et le chômage, les campagnes et la famine pour trouver un job et de quoi vivre sur les grandes réalisations mises en chantier par le « New Deal » après la grande crise de 1929. Comme les fermiers de Steinbeck dans « Les raisins de la colère », ils ont tout abandonné pour essayer de reconstruire une vie là ou un nouveau pays est en train de naître. Car, nos trois héros ont eux aussi des bosses et des plaies à panser pour redonner un sens et un espoir à leur vie bien malmenée jusque là.
Et pendant cet interminable voyage, ils pensent à ce que fut leur vie avant la crise « ce furent de bonnes années », pendant la crise et à ce qu’elle est devenue aujourd’hui, reconstituant à coup de souvenirs, de rêves et de petites scènes une sorte de patchwork qui figurerait leur histoire et l’histoire de tout un peuple, l’histoire de l’Amérique des pionniers qui est arrivée à son apogée et qui doit disparaître pour que naisse une nouvelle nation plus forte et plus conquérante encore.
Ainsi, sur cet énorme chantier et dans les villes champignons qui l’environnent, se retrouve une bonne partie de cette Amérique des pionniers travailleuse, dure au mal, un peu frustre, violente et sans pitié pour les faibles, intolérante et sans concession pour ceux qui sortent de la norme européenne et qui n’appartiennent pas à ces « petites communautés où les mêmes familles remplissaient les églises et les cimetières depuis plus de deux siècles… » Cette Amérique qui essaie de dompter toutes ces forces mises en route comme elle essaie de canaliser la puissance de ce grand fleuve pour la mettre au service de l’énergie de ce peuple en reconstruction. Comme nos héros essaient de se maintenir sur ce flot impétueux pour construire une nouvelle vie et entrevoir un nouvel avenir.
Ce roman est une grande fresque de l’Amérique minée par la grande crise mais qui renait, tel un phénix de ces cendres, sur les grands chantiers dans le gigantisme de l’entreprise, à coup d’efforts titanesques et dans la violence la plus sommaire. Et les hommes, comme le fleuve, comme le chantier, laissent exploser leur énergie et leurs ambitions sans contrainte aucune car « dans cette version de la justice des pionniers, personne n’était jamais condamné et seule demeurait la compétition. » Un portrait manichéen de l’Amérique du « New Deal », épique, violent, réaliste, toujours optimiste et jamais larmoyant, un roman qu’on pourrait situer au centre d’un triangle balisé par Steinbeck pour la peinture sociale, Harrison pour les grands espaces et McCann pour les grands chantiers. L’histoire d’hommes et de femmes qui veulent une revanche sur la vie comme l’Amérique veut un nouvel avenir « mais ce qui est ici en jeu, c’est davantage qu’un simple sauvetage, c’est le commencement d’un espoir incommensurable. » Juste un bémol, la fin est un peu longuette et fait perdre de l’impulsivité aux flots et la chute n’est pas digne de ce qui précède, trop grandiloquente à mon avis.
Les éditions
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Portés par un fleuve violent [Texte imprimé], roman Bruce Murkoff trad. de l'américain par Michel Lederer
de Murkoff, Bruce Lederer, Michel (Traducteur)
Albin Michel / Terres d'Amérique.
ISBN : 9782226159588 ; 19,30 € ; 01/04/2005 ; 472 p. ; Broché
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Un barrage contre la dépression
Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 57 ans) - 2 avril 2013
Chacun des personnages porte en lui ses propres blessures, ses incertitudes et ses espoirs. Tel de petits ruisseaux, leurs parcours convergent petit à petit vers cet immense chantier de barrage sur le fleuve Colorado mis en œuvre par la politique du New Deal.
Si c'est loin d'être un grand roman, il n'en reste pas moins que c'est un bon roman (l'ombre de Steinbeck plane sur celui-ci). Les personnages sont très bien campés sans être caricaturaux et l'histoire est solide. L'écriture fluide de l'auteur, nous permet de suivre les personnages dans leur confrontation finale sans qu'à aucun moment l'ennui ne s'installe.
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