La fille que j'ai abandonnée de Shūsaku Endō

La fille que j'ai abandonnée de Shūsaku Endō
( Watashi ga suteta onna)

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique

Critiqué par Saule, le 9 décembre 2001 (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 58 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 984ème position).
Visites : 6 517  (depuis Novembre 2007)

Une histoire bouleversante

Shioka profite de son statut d'étudiant à l'université pour séduire Mitsu, une jeune fille crédule d'origine campagnarde. Après deux sorties il parvient à l'emmener à l'hotel, puis, son désir assouvi, abandonne la jeune fille qui elle, est tombée profondément amoureuse.
Ses études terminées, il veut se consacrer à sa réussite sociale et dans ce but se fiance à la nièce de son patron. Malgré cela il essaye de revoir Mitsu, la fille qu'il avait abandonnée, afin d'assouvir le désir physique, que suscite sa belle fiancée qui veut rester pure jusqu'au mariage. On découvre alors le destin particulier de la jeune fille.
Je n'en révelerai pas plus pour ne pas diminuer l'intérêt de l'histoire mais ce livre, très court et qui se lit d'une traite, est vraiment magnifique. Dans la postface, l'auteur nous apprend que Mitsu, l'héroine, est inspirée d'un personnage réel. Il termine la postface par ces phrases; "Dans La fille que j'ai abandonnée, j'ai tenté d'esquisser un parallèle entre Mitsu et Jésus, abandonné lui aussi, par ses disciples d'abord et par nous tous ensuite, dans notre vie quotidienne. Mitsu n'a pas cessé, depuis, de revivre en moi".
Comme pour l'auteur, Mitsu et ce livre restera longtemps dans mes pensées. Je le compare un peu à La symphonie pastorale, de A. Gides, qui a été critiqué récemment sur le site.

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Très beau roman.

9 étoiles

Critique de -lilas- (Aix-en-Provence, Inscrite le 15 mai 2007, 40 ans) - 16 mai 2007

Shûsaku Endô évoque à nouveau la cruauté et l'égoïsme de ses concitoyens, et leur remords, leur nostalgie en fin de vie.
Ce roman est plein de tristesse et très fort en émotions, par le réalisme des descriptions des sentiments et de la psychologie des personnages.

L'abnégation et la naïveté de l'héroïne sont déconcertantes, voire énervantes face à l'ambition et l'initérêt du héros.

Alors roman de deux vies gâchées, pleines de remords. Ou roman d'amour? En tous cas roman de deux destins particuliers.

Boulversant

9 étoiles

Critique de Duncan (Liège, Inscrit le 21 février 2004, 42 ans) - 12 novembre 2004

Un roman magnifique et boulversant... dans une langue merveilleusement maîtrisée...

Le destin croisé de Yoshioka, "sans coeur" mais à qui l'avenir souri et de Mitsu, la bonté incarnée mais d'une naïveté proche de la bêtise... Ou comment les "âmes pures" sont appelées à souffrir plus que les autres des maladies et des aléas du destin...

Quand on connaît la profonde influence de la religion catholique sur Endô, on ne s'étonne guère du "scénario"...

Superbe !

Le sort des humbles

9 étoiles

Critique de Vigno (, Inscrit le 30 mai 2001, - ans) - 14 juillet 2002

Dans le Japon d'après-guerre, Yoshioka, un étudiant plutôt paumé décide de séduire une jeune fille. La malheureuse élue, une naïve travailleuse d'usine, se nomme Mitsu. Elle, qui puise ses rêves dans les potins sur les acteurs, est séduite par Yoshioka. Dès leur deuxième rencontre, elle se donne à lui. Yoshioka, ayant obtenu ce qu’il voulait et peu intéressé à la jeune fille, décide froidement de ne plus la revoir, désirant plutôt se consacrer à sa carrière. «Sans même lui dire au revoir, ni lui faire un signe de la main, je montai dans le wagon. J'entendis sa voix crier quelque chose dans mon dos - "quand se revoit-on ?" - mais les portes se refermèrent avant qu'elle ait pu terminer sa phrase. Alors que le train s'ébranlait lentement, j'éprouvai une joie cruelle en me retournant vers la fenêtre : Mitsu, la bouche ouverte, incrédule, trottait le long du quai, une main à moitié levée en l'air... ». Après bien des années, comme cette fille n'a jamais vraiment quitté son esprit, il décide de la retrouver, voulant savoir ce qu,elle est devenue. Il la cherche dans tout Tokyo et finit par retrouver sa trace dans …
La trame du récit n'est guère originale : un homme sans âme séduit et trompe une jeune fille généreuse et naïve. Cette dernière se donne entièrement à lui et toute sa vie future en est affectée.
Pourtant, Shûsaku Endô ajoute certains éléments intéressants. D'abord, l’histoire est vue à travers les yeux du séducteur : même s’il s'efforce longtemps de se convaincre du contraire, il doit admettre que cette fille, qui ne fut qu’un court épisode dans sa vie, a compté : « La leçon tirée de cette aventure était que tous les êtres rencontrés pendant notre existence, à un moment ou à un autre, laissent une trace indélébile en nous. » Une autre question, très existentialiste (le roman, publié en 1964), est soulevé par ce roman : comment se fait-il que le mauvais sort s’abatte sur les « humbles » ? Endo , dans la postface, écrit : « J’ai tenté d'esquisser un parallèle entre Mitsu et Jésus. » Un dernier aspect intéressant tient au personnage de la fille elle-même, qui n'est pas sans rappeler Pomme dans La dentellière. Il existe des êtres qui ne donnent leur amour qu'une seule fois, mais entièrement.
Ce roman est très facile à lire. Il nous touche et c’est ce qui explique qu'on le lit d'une traite.

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