La vérité sur Bébé Donge de Georges Simenon

La vérité sur Bébé Donge de Georges Simenon

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Killeur.extreme, le 22 avril 2009 (Genève, Inscrit le 17 février 2003, 42 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 422ème position).
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"Quelque chose s'est cassé" un excellent Simenon

C'est un dimanche après-midi comme les autres, François Donge, industriel et chimiste, son frère Félix, sa femme Eugénie dite Bébé, la sœur de celle-ci et épouse de Félix Jeanne, la mère de celles-ci, sans oublier les enfants de chaque couple. Un dimanche après-midi comme les autres???? Oui jusqu'à ce que François Donge se sente mal, chimiste il reconnait rapidement les effets de l'arsenic. François Donge est transporté en urgence à l'hôpital, pendant que Bébé est arrêtée pour avoir tenté d'empoisonner son mari....

Comme beaucoup de romans de Simenon, ce n'est pas vraiment un roman policier, bien que les avocats, les juges et les inspecteurs, ici il s'appelle Janvier le même que chez Maigret???, soient présent, mais ici Simenon s'intéresse au point de vue de la victime et on assiste à son "enquête" pour savoir ce qui a amené sa femme, heureuse malgré les différentes maîtresses de son mari qu'elle semblait tolérer, à l'empoisonner. Durant son enquête, il s'apercevra qu'il ne connaissait pas sa femme et il s'aperçoit qu'il l'aime réellement et passionnément, malgré son physique quelconque.

Au début du roman Bébé Donge est traitée par Simenon comme une criminelle et François comme la victime plus le roman avance plus le point de vue s'inverse, c'est le mari, indifférent à l'amour de sa femme, qui n'a pas réussi à la comprendre qui est présenté comme coupable et Bébé, malgré la tentative d'empoisonnement, est petit à petit présentée comme une victime, d'abord de ses parents, ensuite de l'indifférence de son mari qui a changé son amour en haine, d'ailleurs la conclusion du roman est assez ambiguë, si François reconnait ses torts, mais Bébé condamnée à 5 ans de travaux forcés ne semble pas prête à pardonner "Quelque chose s'est cassé", mais qui sait en 5 ans la haine peut s'estomper.

Comme souvent chez Simenon, l'intrigue n'est qu'un prétexte pour présenter des personnages et une atmosphère. Comme toutes les fois que j'ai abordé un roman de cet auteur, j'en suis ressorti enchanté.


En 1951, Henri Decoin réalise une adaptation du roman de Simenon, avec Danielle Darrieux et Jean Gabin, différence notable, outre l'ajout d'autres personnages, François Donge n'est pas sauvé par les médecins et il meurt à l'hôpital après avoir compris le geste de sa femme, pendant que celle-ci est arrêtée pour avoir empoisonné son mari.
Je n'ai pas vraiment aimé le film, bien qu'il soit fidèle, mais je me suis vraiment ennuyé lors de la vision, malgré Danielle Darrieux et un Gabin différent des rôles qui lui vaudront 3 ans plus tard de revenir en tête des acteurs "Bankable" avec "Touchez pas au grisbi" tous deux excellents, contrairement au roman, l'écriture de Simenon y étant certainement pour beaucoup.

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Les éditions

  • La vérité sur Bébé Donge [Texte imprimé] Georges Simenon
    de Simenon, Georges
    Gallimard / Folio. Policier
    ISBN : 9782070408382 ; 6,90 € ; 18/11/1999 ; 246 p. ; Poche
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Cette femme est un poison.

8 étoiles

Critique de Hexagone (, Inscrit le 22 juillet 2006, 53 ans) - 28 juillet 2015

Comme toujours excellent roman de Simenon.
Tous les ingrédients sont présents, ambiance, psychologie, trame romanesque.
Un grand savoir faire pour planter avec peu de mots un climat pesant qui colle au lecteur.

Amer café

9 étoiles

Critique de Millepages (Bruxelles, Inscrit le 26 mai 2010, 65 ans) - 27 novembre 2011

Les affaires de François et Felix Donge sont florissantes. Les deux frères qui s'entendent comme larrons en foire, ont épousé les deux soeurs d' Onneville.
Si Felix semble filer le bonheur parfait avec Jeanne, l'harmonie du couple François-Bébé Donge, pour autant qu'elle ait jamais existé, a été rompue il y a bien longtemps. Pour tout dire, elle n'a pas survécu à la nuit de noce.
Ce que sa femme ne peut lui apporter, François va le chercher ailleurs, tout en subvenant plus ou moins largement aux besoins pécuniaires de Bébé. Il la croit heureuse ainsi. D'autant qu'il lui avait fait l'enfant qu'elle désirait.
Mais voilà, un matin de réunion familiale à la Châtaigneraie, la vie du couple bascule. Sans qu'il n'ait rien vu venir, sa femme a développé une telle phobie envers cette situation qu'elle en vient à la conclusion qu'un des deux membres du couple doit disparaître.
Peut-être parce qu'elle sent que son enfant a besoin de sa maman, elle se résout à supprimer son mari; et de "compléter" le café de celui-ci d'une dose en principe mortelle d'arsenic.
Sur son lit d'hôpital, François commence petit à petit à analyser et à comprendre bien des choses et il oeuvrera finalement pour éviter la condamnation de sa femme.
Simenon ne fait pas mystère de de la tentative de meurtre; dès les premières pages, on sait que Bébé Donge sera emmenée en prison.
Le mystère réside dans le cheminement qui a poussé la femme de François à cette extrémité.
Une fine étude psychologique et l'art tout simenonien des non-dits...

Lui ou moi

8 étoiles

Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 12 mai 2011

Après dix ans de mariage, Bébé Donge verse de l’arsenic dans le café de son mari. François Donge en réchappe. Arrêtée, Bébé plaide coupable. Quand on l’interroge sur les motifs de son acte, elle répond qu’elle en ignore les raisons. François ne porte pas plainte mais le procès aura lieu tout de même. Lors de l’interrogatoire, l’inculpée parle de la haine qu’elle portait, qu’elle porte pour son mari. « Il fallait que ce soit lui ou moi qui meure « . Chacun s’interroge, surtout la victime …
Chez Simenon, rien n’est jamais tout à fait blanc ou noir. Plutôt gris. Gris clair, gris foncé. Et puis il y a de la pluie, beaucoup de pluie , du brouillard aussi. De drôles de couleurs , en demi-teintes ; des zones d’ombres, des non-dits, … et l’abîme, une certaine désespérance, un gouffre ?
Et puis, Simenon sait l'art de nous rendre mal à l'aise.

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