Les matins de Jénine de Susan J. Abulhawa
( The scar of David)
Catégorie(s) : Littérature => Romans historiques , Littérature => Arabe
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Le mirage de la vie
Ein Hod est un petit village de Palestine où l’on vit depuis des générations de l’agriculture et de la récolte des olives. Mais en 1948, l’armée israélienne, en pleine conquête de cette “terre promise”, s’empare du village au prix de meurtres et d’exactions, et ce sont les milliers de familles de ce pays envahi qui n’ont d’autre choix que de partir pour aller s’entasser dans des camps de fortune sous la protection bien dérisoire de la nouvelle ONU et l’indifférence mondiale.
La famille Abulheja fait partie de ces déracinées. Elle se retrouve dans ce camp qui sera baptisé Jénine après avoir laissé derrière elle tout ce qu’elle possédait. Hassan et Dalia y ont perdu leur fils cadet, Ismaël, enlevé par un soldat israélien; Darwich Abulheja, le frère d’Hassan, blessé par un tir israélien ne pourra plus marcher. Youseff, le fils aîné d’Hassan et Dalia a cinq ans. Il gardera de son enfance, passée dans les installations précaires du camp de Jénine et les rancœurs des siens dont le sort est laissé à l’oubli, un besoin farouche de justice, la haine que son peuple ait payé pour les horreurs commises par un autre. Amal, la petite sœur de Youssef, naît dans le camp et y grandit, familière de la misère et de la peur. Mais les évènements de 1967 font prendre à sa vie une tournure particulière qui la conduira bien loin de son pays fantôme et des racines qu’elle chérit.
J’ai commencé ce livre avec réticence car je m’attendais à un plaidoyer partisan sur ces conflits interminables et dont les gens de ma génération, je pense, n’ont pas une idée claire. Mais j’ai été bien surprise. Ce livre est un rapport, sans parti pris, des tristes évènements du conflit israélo-palestinien, un album d’instantanés des époques douloureuses qui se sont succédées depuis 1948 dans cette partie du globe. Le message est clair : des milliers de palestiniens ont été chassés de chez eux. Mais l’espoir de la paix est là, la tolérance entre religions, l’entraide entre familles juives et palestiniennes, le respect, et la foi en l’avenir qui rassemble les peuples. En effet, si la succession des malheurs peut parfois paraître désespérante, si l’inhumanité fait froid dans le dos et révolte, il n’est pas moins visible que des solutions peuvent être trouvées pour que cesse cette guerre.
Pour ne rien gâcher, ce livre, premier ouvrage de l’auteur, est très bien écrit, très riche en description des coutumes de ces peuples, coutumes parfois rapportées sans concession. Les repas donnent l’eau à la bouche, les senteurs et les paysages sont envoûtants. Et l’histoire de cette famille, et plus particulièrement de leur trois enfants, Youssef, Ismaël et Amal, que la guerre sépare et réunit, est poignante. Un témoignage pour que ne se répètent plus les erreurs de l’Histoire.
Les éditions
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Les matins de Jénine [Texte imprimé], roman Susan Abulhawa traduit de l'américain par Michèle Valencia
de Abulhawa, Susan J. Valencia, Michèle (Traducteur)
Pocket / Presses pocket (Paris)
ISBN : 9782266190046 ; 7,60 € ; 05/02/2009 ; 423 p. ; Poche
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1948 : La catastrophe qui n’en finit pas
Critique de Millepages (Bruxelles, Inscrit le 26 mai 2010, 65 ans) - 14 septembre 2024
En avril 1948, les habitants sont chassés. Le village est colonisé et s’appellera désormais Ein Hod. Persécutés à travers les âges et particulièrement lors de la Shoah ayant marqué la récente deuxième guerre mondiale, les Juifs se cherchent une patrie et entendent s’établir sur les terres qu’ils considèrent comme leur berceau.
Les villageois dépossédés de leurs maisons, désormais occupées par les colons, n’ont d’autre choix que de tenter de reconstruire une existence dans le camp de réfugiés de Jénine. C’est cette survie que nous raconte l’autrice à travers la famille Abulheja. S’étant vu voler son bébé par un soldat israélien, Dalia, autrefois pleine de vie et de fantaisie s’éteint à petit feu et ne parvient plus à exprimer l’attention et l’amour qu’elle porte toujours à ses autres enfants. L’une de ceux-ci, Amal, épate sa famille par ses bons résultats dans la petite école du camp. Tout le monde la supplie d’accepter une bourse pour aller poursuivre des études à l’étranger et d’échapper ainsi à cette réalité sans espoir, sans perspective. Son frère Youssef tente d’oublier les frustrations et drames quotidiens dans les bras de l’épouse qu’il aime et qui l’aime à la folie. Mais un drame de trop le fera basculer dans le versant opposé de l’amour. Entretemps Amal fait de régulières crises de culpabilité d’avoir abandonné les siens. Elle ne résiste plus au besoin vital de retrouver Houda, l’amie d’enfance avec laquelle elle avait autrefois partagé toutes les peines, toutes les peurs, toutes les joies de petites filles puis d’adolescentes, toujours en lui tenant la main dans les moments les plus cruciaux.
Ce roman met une identité et des noms sur ces femmes, hommes, enfants dont les libertés, les espoirs, les droits universels sont entravés depuis bientôt 80 ans par une stratégie dont personne ne sortira totalement gagnant au bout du compte. Et les nouvelles insupportables que l’on entend quotidiennement en provenance de cette région n’en sont que plus révoltantes….
Génial
Critique de Mag34 (, Inscrite le 10 décembre 2011, 45 ans) - 10 décembre 2011
A lire absolument
énorme coup de coeur
Critique de Scout (, Inscrite le 16 mars 2011, 44 ans) - 16 mars 2011
chronique d'une famille palestinienne
Critique de Burger (, Inscrit le 5 décembre 2010, 36 ans) - 10 décembre 2010
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